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En guise d’éditorial : « Des théories cyniques »

Dans la critique de la raison pure, Kant esquissait l’image d’un pur chaos phénoménal que l’on pourrait reformuler ainsi (j’utilise en partie mes mots) :
Si le marbre était tantôt solide, tantôt liquide, tantôt lourd et tantôt léger ; si un homme se transformait tantôt en un animal et tantôt en un autre, si les pommes avaient un jour le goût de miel, un autre jour le goût d’essence, le jour suivant un goût d’écorce ; si en dix minutes de temps la terre était couverte tantôt de fruits, tantôt de glace, tantôt de boue, nous n’aurions aucune idée de ce qu’est un homme, une plaque de marbre, une pomme, ou tout simplement la terre.
Il poursuit en expliquant que « si un certain mot était attribué tantôt à une chose et tantôt à une autre, ou encore si la même chose était appelée tantôt d’un nom et tantôt d’un autre, sans qu’il y eût aucune règle à laquelle les phénomènes fussent déjà soumis par eux-mêmes », nous ne percevrions absolument rien de ce qui nous entoure et nous n’existerions certainement pas en tant qu’individus constitués [1].
Jamais pourtant Kant n’aurait imaginé que la destruction des conditions de possibilité de l’expérience pouvait être causée, non pas des perturbations physiques ou une défaillance mentale, mais par l’activité consciente de certains individus décidés à miner les catégories de pensée élémentaires en vue de défendre le Bien.
C’est à cette activité de sape de plus en plus répandue dans le monde anglo-saxon (et qui s’importe progressivement en Europe) qu’est consacré l’ouvrage d’Helen Pluckrose et James Lindsay. Le mouvement qui s’en réclame se nomme aux États-Unis mouvement de Justice Sociale (Social Justice), de plus en plus désigné par le terme d’argot « woke » (éveillé), mouvement qui s’oppose à de nombreuses idées héritées de la tradition occidentale, notamment celles qui ont trait à la production du savoir, à l’égalité juridique des citoyens et à la possibilité d’une démocratie.
Le mérite de Pluckrose et Lindsay est de considérer l’ensemble des courants qui sont issus du mouvement de Justice Sociale et d’en dresser un panorama général : études postcoloniales, études de genres (et théorie queer), études de critique raciale, intersectionnalité, néo-féminisme, études sur le handicap et études sur l’obésité (respectivement disabilities studies et fat studies, dont il n’existe pas encore d’équivalent « officiel » en français). L’aspect transversal de l’ouvrage peut prêter le flanc aux critiques, pour ceux qui jugeraient que certains auteurs ou courants seraient traités de manière cavalière. Je trouve personnellement que l’aspect synthétique du livre, malgré ses limites, permet de soulever des questions originales et pertinentes (et également, n’oublions pas ce détail, de répondre à un vrai malaise outre-atlantique). Les deux auteurs prennent en effet très au sérieux le contenu des théories discutées et en développent le contenu méthodiquement, à travers leurs représentants phares, pour pouvoir en extraire les contradictions ou les points d’achoppements. (...) --------Lire la suite...

Quelques références d’ouvrages qui nous semblent poser des repères importants pour la réflexion politique contemporaine. Elles s’adressent à tous ceux qui, comme nous, s’efforcent lucidement de comprendre les dynamiques historiques en cours, et qui visent l’autonomie pour l’individu et la collectivité.
« Ceux qui manquent de bonne volonté ou restent puérils ne sont jamais libres dans aucun état de la société. Quand les possibilités de choix sont larges au point de nuire à l’utilité commune, les hommes n’ont pas la jouissance de la liberté. Car il leur faut, soit avoir recours au refuge de l’irresponsabilité, de la puérilité, de l’indifférence, refuge où ils ne peuvent trouver que l’ennui, soit se sentir accablés de responsabilité en toute circonstance par la crainte de nuire à autrui. En pareil cas les hommes, croyant à tort qu’ils possèdent la liberté et sentant qu’ils n’en jouissent pas, en arrivent à penser que la liberté n’est pas un bien. »
S. Weil, 1949 ; L’enracinement, Première partie ; les besoins de l’âme ; La liberté

Quelques références de documentaires et de films qui nous semblent dignes d’intérêt — et dont la liste pourrait varier au fil du temps, des événements, des goûts et des découvertes.
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