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En guise d’éditorial : « Le délabrement de l’Occident »

Esprit - L’actualité immédiate, avec la guerre du Golfe et la fin du communisme, nous semble poser la question de la valeur du modèle démocratique. Ne doit-on pas dire qu’il y a somme toute une forme de relativisme dans l’ordre international ? Y a-t-il d’autre part une nouvelle bipolarité, ou bien une suprématie renouvelée des États-Unis ?
Cornelius Castoriadis - Avec l’effondrement de l’empire russo-communiste, l’impuissance de la Chine, le cantonnement, peut-être provisoire, du Japon et de l’Allemagne dans le champ de l’expansion économique, la nullité manifeste de l’Europe des Douze comme entité politique, les États-Unis occupent seuls la scène de la politique mondiale, réaffirment leur hégémonie, prétendent imposer un « nouvel ordre mondial ». La guerre du Golfe en a été une manifestation. Je ne pense pas, cependant, que l’on puisse parler d’une suprématie absolue ou d’un ordre unipolaire. Les États-Unis ont à faire face à un nombre extraordinaire de pays, de problèmes, de crises, devant lesquels leurs avions et leurs missiles ne peuvent rien. Ni l’ « anarchie » croissante dans les pays pauvres, ni la question du sous-développement, ni celle de l’environnement ne peuvent être réglées par des bombardements. Et même du point de vue militaire, la guerre du Golfe a probablement montré la limite de ce que les États-Unis peuvent faire – en deçà de l’utilisation des armes nucléaires.
En même temps, les États-Unis subissent un affaissement, un délabrement interne dont je crois que l’on ne se rend pas compte en France – à tort, car ils sont le miroir où les autres pays riches peuvent regarder leur avenir. L’érosion du tissu social, les ghettos, l’apathie et le cynisme sans précédent de la population, la corruption à tous les niveaux, la crise fantastique de l’éducation (la plupart des étudiants « gradués » sont maintenant d’origine étrangère), la mise en cause de l’anglais comme langue nationale, la dégradation continue de l’appareil productif et économique ; tout cela mine, à terme, les possibilités d’hégémonie mondiale des États-Unis.
La crise du Golfe ne représente-t-elle pas l’échec de la prétendue portée universelle des valeurs occidentales ?
La crise du Golfe a agi comme un formidable révélateur de facteurs que l’on connaissait, ou que l’on devait connaître déjà. On a pu voir les Arabes, et les musulmans en général, s’identifier massivement à ce gangster et bourreau de son propre peuple qu’est Saddam Hussein. Du moment que Saddam s’opposait à l’ « Occident », ils étaient prêts à gommer la nature de son régime et la tragédie de son peuple. Les manifestations se sont tassées après la défaite de Saddam, mais le courant de fond est toujours là : l’intégrisme ou « fondamentalisme » islamique est plus fort que jamais, et s’étend sur des régions que l’on croyait sur une autre voie (Afrique du Nord, Pakistan, pays au sud du Sahara). Il s’accompagne d’une haine viscérale de l’Occident, ce qui se comprend : un ingrédient essentiel de l’Occident est la séparation de la religion et de la société politique. Or l’islam, comme du reste presque toutes les religions, prétend être une institution totale, il refuse la distinction du religieux et du politique. (...) --------Lire la suite...

Quelques références d’ouvrages qui nous semblent poser des repères importants pour la réflexion politique contemporaine. Elles s’adressent à tous ceux qui, comme nous, s’efforcent lucidement de comprendre les dynamiques historiques en cours, et qui visent l’autonomie pour l’individu et la collectivité.
« Ceux qui manquent de bonne volonté ou restent puérils ne sont jamais libres dans aucun état de la société. Quand les possibilités de choix sont larges au point de nuire à l’utilité commune, les hommes n’ont pas la jouissance de la liberté. Car il leur faut, soit avoir recours au refuge de l’irresponsabilité, de la puérilité, de l’indifférence, refuge où ils ne peuvent trouver que l’ennui, soit se sentir accablés de responsabilité en toute circonstance par la crainte de nuire à autrui. En pareil cas les hommes, croyant à tort qu’ils possèdent la liberté et sentant qu’ils n’en jouissent pas, en arrivent à penser que la liberté n’est pas un bien. »
S. Weil, 1949 ; L’enracinement, Première partie ; les besoins de l’âme ; La liberté

Quelques références de documentaires et de films qui nous semblent dignes d’intérêt — et dont la liste pourrait varier au fil du temps, des événements, des goûts et des découvertes.
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