Poster un commentaire à la suite de l’article...

samedi 19 mai 2018
par  LieuxCommuns

La démocratie directe et ses lieux communs (3/3)

Voir la partie précédente (.../...) 5 – Le consumérisme C : Alors le point suivant, c’est la question du niveau de vie. Alors effectivement, là le « bon peuple », bon, c’est pas vraiment ce que nous, écolos libertaire, lui proposons. Ça pose un vrai problème... Q : Eh oui. Pour faire le (…)

En réponse à...

Logo de LieuxCommuns
mardi 5 juin 2018 à 17h57 - par  LieuxCommuns

Bonjour,

Il est clair que l’émergence de la société de consommation a permis une dilution spectaculaire des revendications sociales du mouvement ouvrier. Cela a été une « réussite », certes funeste pour nous, et la confusion est aujourd’hui totale puisque toute critique du consumérisme est comprise comme un appel à un retour au dénuement — y compris et surtout chez les anciennes générations — et fait surgir pléthore d’arguments culpabilisés plus ou moins fantaisistes mais toujours pénibles (tout organisme « consommerait » de l’air, de l’eau..). Il faut sans cesse redéfinir ce qui était pourtant évident il y a quelques décennies ; qu’il s’agit bien d’un système social qui crée en permanence de nouveaux besoins, que la production est sciemment sabotée (l’obsolescence programmée — à ce sujet voir le bon documentaire « Prêt à jeter »), que tout est progressivement assimilé à une marchandise consommable et divertissante, une chose vendable et jetable (les idées, les lieux, les gens...), etc. Et qu’à l’opposé, il n’est pas difficile de concevoir (cela a été la règle pendant longtemps) une production de qualité, robuste, réparable, recyclable, etc. Mais cette confusion ne semble pas conjoncturelle et renvoie à l’origine même de la grande « bifurcation » que vous évoquez entre les revendications de liberté et d’opulence matérielle. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur cet antagonisme : qu’il est incontestable et peut-être bien plus profond qu’on ne l’imagine mais aussi qu’il n’est pas si simple, ni absolu et qu’il ne s’est jamais réellement présentée de la sorte, ni historiquement une fois pour toute. Mais, surtout, il est possible que la société de consommation réponde à un très vieux fantasme humain, présent dans beaucoup de mythologies (« corne d’abondance »). Le succès, quelque peu irrationnel, de la société de consommation et la fascination qu’elle exerce sur toutes les cultures semble trouver là une explication satisfaisante, que les décroissants ne veulent pas entendre, pour la plupart : elle aurait réalisé une approximation du paradis terrestre, autrefois exclusivement réservée aux élites dirigeantes de toutes les grandes civilisations, et à l’au-delà. Cette hypothèse, qu’il n’est pas difficile d’étayer ethnologiquement, nous semble très explicative de beaucoup d’aspects de la situation contemporaine (l’apathie politique, les multiples dénis, l’infantilisme galopant, l’effondrement anthropologique, ...) et permet de comprendre l’un des plus puissant moteur de l’adhésion profonde aux sociétés occidentales. Il paraît difficile de sortir d’un tel rêve éveillé, collectif qui plus est, et ce sont sans doute les limites « externes » — i.e. les ressources naturelles — qui risquent de nous renvoyer tous à une réalité un peu amère... L’antagonisme entre liberté et confort pourrait reparaître, en des termes nouveaux et sans doute de façon plus aiguë. La nostalgie de « l’âge d’or » dont nous vivons les dernières années risque de hanter l’humanité pendant longtemps...

Quelques textes du site abordent ces question mais, a noter sur le même sujet, la mise en ligne prochaine du texte consacré à la société de consommation, publié dans la brochure « Idéologies contemporaines ». Il sera disponible à ce lien Je vous propose de reprendre la discussion à cette occasion.

Dans tous les cas, encore félicitations pour votre site.

LC

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Soutenir par un don