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lundi 13 mai 2019
par  LieuxCommuns

Les lieux communs de l’immigration (2/3)

Voir la partie précédente (.../...) 3 – « L’immigration construit et enrichit économiquement le pays d’accueil » C’est un des mantras de l’oligarchie médiatico-politique depuis trente ans : l’immi­gration a toujours été et ne saurait être qu’un enrichissement, à tous égards, pour le pays (…)

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vendredi 19 juillet 2019 à 11h11 - par  LieuxCommuns

Bonjour,

Quelques éléments de réponses à vos trois remarques.

1 — Sur le « populisme » des immigrés. Tout d’abord il ne semble pas qu’il s’agisse de « phénomènes individuels » : il nous semble au contraire que les comportements se grégarisent à toute vitesse, le plus commun étant l’opportunisme : on saisit l’occasion là où elle se trouve, quelle qu’elle soit et où qu’elle nous mène, pourvu qu’elle promette une ascension. Ensuite les « choix individuels » exigent, en amont, de s’être extrait de la mentalité traditionnelle d’origine, notamment religieuse — la « névrose collective » de Freud — donc de la communauté « de rattachement », de plus en plus nombreuse et oppressante. Autrement dit : il y a de moins en moins de possibilité d’individuation dans les populations immigrées. Ensuite assimiler l’islamisme au populisme, c’est ignorer la nature de l’un et de l’autre : le premier est une extrême-droite colonisatrice, un totalitarisme expansionniste, qui plus est si on parle de celui pratiqué par les immigrés / migrants, alors le second est pour l’instant un conservatisme polymorphe qui reste (ou veut revenir) dans un cadre résolument moderne. Le « succès » du Rassemblement National est structuré par cette demande populaire croissante, au grand dam de ses franges historiques les plus radicales.

2 — Sur l’émigration / immigration comme « crise globale de la modernité ». Il y a beaucoup de chose dans ce que vous écrivez. L’immigration telle qu’elle s’est déroulée depuis deux siècle est un phénomène proprement moderne d’auto-entretien des mécanismes à la fois capitalistes, nationaux et émancipateurs et de leur contagion. Mais il est clair que le processus auquel nous assistons aujourd’hui appartient en plein à la disparition de ces cadres donc à la fois cause et conséquences d’une foule d’autres dynamiques apparemment étrangères : techniques de transports et de communication, immense difficulté anthropologique à accéder au « développement » pour nombre de pays et sentiment de revanche post-colonial subséquent, déculturation de tous les côtés et réveil des cultures « indigènes », durcissement oligarchique, etc. Chacun, à partir de là, peut mettre en avant sa « cause » ultime (la Technique, le Capital, etc.) Là-dessus, notre approche est récapitulée dans notre texte L’horizon impérial

3 — Sur la spécificité française. Il est clair qu’il y a, de ce point de vue, des particularités en France qui ont induit la formation d’un « modèle » original : non seulement auto-contrôle populaire de la natalité dès le XIXe, mais aussi retard industriel très important jusqu’en 1945, centralisme poussé, gestion « moderne » des colonies (contrairement à l’empire des Indes britanniques), formation précoce d’un fort sentiment national, importance du mouvement ouvrier, etc. Tout cela a forgé un rapport singulier à l’immigration et un processus d’assimilation étonnamment efficace, dont la disparition au profit d’un multiculturalisme agressif est d’autant plus mal vécue.

LC

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