Les lieux communs de l’immigration (1/3)

De la bonne conscience de « gauche » aux nouveaux phénomènes d’immigration
lundi 6 mai 2019
par  LieuxCommuns

Ce texte fait partie de la brochure n°25 « La fin de l’immigration »
Réalités troublantes et mensonges déconcertants

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Sommaire :

  • Les lieux communs de l’immigration (Argumentaire) — ci-dessous...

« Yes, you are our brothers and we will do our duty by you.
But we wish you had not come. »
 [1]

Sommaire
Introduction

Contradictions logiques

1 – « La défense de l’immigration est un marqueur de la gauche »
2 – « La France a toujours été un pays d’immigration  »
3 – « L’immigration construit et enrichit économiquement le pays d’accueil »
4 – « L’immigration est une conséquence des colonisations occidentales »
5 – « L’immigré a été forcé d’immigrer »
6 – « L’immigré (et sa descendance) est une victime dans le pays d’accueil »
7 – « L’immigration est source d’un enrichissement culturel mutuel  »
8 – « L’immigration est un facteur d’émancipation »
9 – « L’immigration est bénéfique pour le pays de départ »
10 – « L’immigration n’a pas été, n’est pas et ne sera jamais source de problèmes »

Éléments d’idéologie immigrationniste

Quelques pistes

Le discours de la « Gauche » sur l’immigration se présente comme une évidence absolue depuis quarante ans. Presque deux générations ont grandi dans cet allant-de-soi, formant leur vision du monde, structurant les identités politiques, les découpages idéologiques, et orientant les trajectoires militantes. Cette doctrine pro-immigration s’est cristallisée dans les années 80 et fournissait une consistance commode à un « socialisme » totalement exsangue qui trouvait facilement dans le Front National un repoussoir efficace et une providentielle consistance. Il s’est ainsi constitué une véritable idéologie, l’immigrationnisme, et la question s’est forclose. Dans la grande tradition du pseudo-« antifascisme » fondé juste avant le pacte germano-soviétique, celui qui s’interroge sur le bien-fondé des positions « officielles » devient très rapide­ment un dissident, un suspect s’il persévère, un ennemi déclaré s’il assume ses doutes.

Cet univers molletonné s’ébrèche, se fissure, se délabre ou s’effondre aujourd’hui, selon ses degrés d’affinité avec une notion qu’on aurait voulu congédier à jamais : la réalité. La réalité  ?! – nous rétorque-t-on – vous ne savez donc pas, vous, que c’est une construction sociale ? Qu’elle dépend de la position de l’énonciateur (position sociale, culturelle, politique), et bien autant de ses visées, désirs et actes que de ses a priori idéologiques ? Et que c’est notamment cela, la praxis dont vous vous réclamez  ? Certes. Et, très précisément, il s’agirait dans ce texte de questionner, enfin, l’idéologie pro-immigration de la « gauche », qui empêche, obstrue, encombre toute réflexion sur la question, interdit de comprendre, d’admettre, de discerner, de percevoir – donc de voir ce que nous avons sous les yeux. Et d’abord la multiplicité des faits d’immigration contemporains et leurs multiples transformations dans l’histoire proche ou ancienne, qui constituent le point de départ de ce texte, interdisant a priori tout clivage binaire « pro » ou « anti ». Tout le monde sait qu’il n’y a qu’une catégorie administrative de commun entre un chirurgien algérien souhaitant pratiquer « à l’international », un athée palesti­nien fuyant les persécutions, un Turc venu poursuivre ses études, un Malien mandaté par son village, un Anglais passant sa retraite outre-manche, un Ivoirien cherchant le paradis occidental, une cousine tunisienne rejoignant sa future belle-famille, un islamiste s’infiltrant chez les kouffars, un Portugais ou un Albanais venant tenter sa chance…

Loin de toute cette complexité, le discours pro-immigration, omniprésent et de plus en plus insistant, se soutient, en définitive, de quelques assertions qui passent pour des lieux communs, des axiomes fondamentaux qui aimantent tous les raisonnements, les études, les argumentaires. Ce sont eux qu’il faut examiner et c’est à ce travail que ce texte invite, en concluant sur quelques remarques positives qui prétendent permettre d’aborder, à nouveau, rationnellement la question – car c’en est une, et grande ouverte – des mouvements de populations qu’il est toujours convenu de nommer immigration alors que leur nature change sous nos yeux.

Contradictions logiques

Mais, avant même de s’atteler au contenu de ces énoncés passés dans l’air du temps, surgissent d’abord des problèmes de logique quant à leur compatibilité entre eux. Limitons-nous à quelques exemples.

  • Prenons la description, en creux, de l’immigré en « victime » (du colonialisme, du patronat, du « racisme », etc.), relégué au bas de l’échelle sociale sans beaucoup d’espoir d’ascension ni d’épanouissement personnel. Comment conjuguer un tel postulat avec le refus obstiné et si commun de considérer les populations immigrées, prises globalement, comme destinataires importantes des aides sociales, ou versant particuliè­rement dans la délinquance, voire la criminalité, ou encore sujettes au ressentiment, à la haine ou aux troubles mentaux ? La contradiction saute aux yeux. (On peut l’interpréter comme une illustration idoine d’une double pensée identifiée par Orwell [2] mais elle débouche en réalité sur l’idée d’une nature fondamentalement bonne de tout immigré, sur laquelle nous reviendrons.)
  • De même, affirmer que l’immigré a été déraciné par les menées économiques des puissances étrangères ou a été recruté sur place par de grandes entreprises sans scrupules ou même, sentiment répandu, qu’il a été quasiment déporté, questionne sur la défense de l’immigration comme une position spécifiquement « de gauche ». Soit l’im­migration est un élément de l’exploitation « capitaliste » qu’il faut combattre, soit elle est partie prenante d’un projet d’émancipation sociale et politique qu’il faut faire valoir – soit les choses sont bien plus complexes et ces deux propositions sont aussi fausses l’une que l’autre.
  • De façon identique, le postulat d’une immigration enrichissante à tous points de vue pour le pays d’accueil, l’étranger apportant, tout à la fois ou au choix, main-d’œuvre indispensable, culture raffinée et salutaire progéniture, est contradictoire avec le rai­sonnement qui voudrait que l’exil soit une conséquence directe, logique, inévitable et délétère d’un (néo)colonialisme passé et présent, criminel voire génocidaire : à cette aune, on verrait mal quoi reprocher aux puissances occidentales…
  • Un exemple, encore : la légende qui voudrait que la France ait été, de tout temps, un pays d’immigration, presque intégralement construit, générations après générations, par ces exilés est difficilement compatible avec le discours ressassé et culpabilisant d’un peuple français renfermé sur lui-même, « ranci », « moisi » fondamentalement xéno­phobe, voire ontologiquement – génétiquement ? – raciste. Les deux phénomènes sont incompatibles. À moins que nous ne soyons tous, pour reprendre le slogan, « des enfants d’immigrés », eux-mêmes refusant les nouveaux arrivants, qui eux-mêmes, plus tard, etc. Le tout malgré les bienfaits innombrables mais invisibles de ce flux incessant et travailleur…
  • Dernière contradiction, plus spectaculaire : tout le monde semble d’accord pour n’accorder aucun crédit à la « théorie du Grand Remplacement » et la ranger en clignant de l’œil dans le rayon des lubies paranoïaques, du complotisme délirant et de l’halluci­nation fascistoïde et, en même temps, se féliciter qu’un quart de la population française soit aujourd’hui constitué d’immigrés et de descendants d’immigrés, que cette propor­tion soit en train de passer à un tiers, que le seuil de 50 % sera atteint d’ici quelques décennies et que ce phénomène se retrouve dans les grands pays occidentaux– et accessoirement que cela se fait en catimini des oligarchies. Soit celui qui craint l’orage est un fou puisque le soleil brille, soit la pluie qui tombe devant nous est salvatrice, mais pas les deux.

On pourrait multiplier ces paralogismes. Notons qu’on ne s’en extirpe que par des contorsions plus ou moins conscientes, sous-tendues par des postulats quasi métaphy­siques dessinant un monde étrange, mouvant, compliqué, où, en définitive, les repères changent en permanence et les règles élémentaires de la pensée et du langage sont mises en déroute. Plus simplement : il est interdit de penser – crimpensée. Se dégage tout de même cette impression trouble que certains appartiennent à une catégorie à part, qu’il vaut mieux ne pas trop questionner (« Touche pas à mon pote ! »), tandis que les autres obéissent à des mécanismes archi-connus menant invariablement à l’inégalité, la discrimination, la xénophobie, le racisme, la haine, le génocide, bref : Le Mal – qu’ils incarneraient ontologiquement.

Ces assertions, ces lieux communs, méritent donc d’être analysés chacun indépen­damment des autres. Dix ont été ici dégagés, qui nous semblent condenser la globalité du paradigme immigrationniste de « gauche », et chacun fait l’objet d’une courte discussion. Il s’agit de prendre au sérieux l’argumentaire pro-immigration diffus sous-jacent à toutes les positions politiquement correctes.

Dans cet esprit, deux références principales ont été utilisées, qui constituent les « bibles » des pro-immigration : le livre de Gérard Noiriel, Le creuset français, Histoire de l’immigration XIXe-XXe siècle, paru en 1988 [3] et celui d’Abdelmalek Sayad, La double absence, Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré, édité en 1999 [4]. Ils sont très fortement empreints d’idéologie ; le premier tente de forger un « modèle français » intemporel d’assimilation qui lui permet de rassurer son lecteur sur l’immi­gration actuelle et future ; le second semble simplement ne pas avoir été prévenu de l’indépendance algérienne [5]. Mais leur respect pour leur matériel (archives historiques pour l’un, entretiens sociologiques pour l’autre), et sans doute leur confiance aveugle dans le bien-fondé de la cause défendue, leur fait mettre involontairement en évidence des faits totalement contraires à leur propos, ce qui ne semble jamais avoir été relevé.

Nous abordons donc ces lieux communs dans un ordre qui devrait faire progres­sivement ressortir la nature profondément biaisée des arguments pro-immigration : d’abord l’affirmation selon laquelle la cause immigrationniste est intrinsèquement « de gauche » (1) ; puis que la France (ou l’Europe) a toujours été un pays d’immigration (2) ; que celle-ci est totalement bénéfique au pays d’accueil (3) et est une conséquence des menées coloniales (4) ; que, logiquement, l’immigré n’a pas choisi son destin (5) et est donc une victime (6) ; que l’immigration signifie l’enrichissement mutuel (7) autant qu’elle est source d’émancipation (8) ; qu’elle est bénéfique pour le pays de départ (9) et enfin qu’elle ne saurait, de toute façon, être source de quelconques problèmes passés, présents ou à venir (10).

***

1 – « La défense de l’immigration est un marqueur de la gauche  »

Ainsi l’idée s’est imposée, au fil des décennies, que la défense de l’immigration constituait le critère absolu, et en fait le seul, véritablement, de l’appartenance authentique à la famille de la « Gauche ». C’est le roc inaltérable de l’engagement prétendument humaniste permettant de distinguer à coup sûr le bon grain de l’ivraie.

Cette situation est d’autant plus surprenante que la posture pro-immigration est également celle de personnalités ayant bien peu à voir avec l’histoire, les réalisations ou le projet politique de la gauche historique. C’est par exemple le conseiller inamovible de toute l’oligarchie française Jacques Attali, dont le parti pris immigrationniste n’a jamais été démenti, au diapason de la politique réelle de tous les gouvernements français ou européens depuis un demi-siècle. C’est également le cas de l’ex-présidente du Medef, Laurence Parisot, cosignataire d’un livre parmi les plus argumentés contre Marine Le Pen [6]. La situation est similaire concernant tous les grands médias [7], d’ailleurs aux mains de grands groupes industriels, qui encouragent la « diversité » malgré de timides réserves émises périodiquement. Il en va de même d’un Georges Soros, milliardaire et grand financier spéculant sur la faillite des États, ou de toutes les instances internationales, Union européenne, ONU [8] ou FMI, exigeant régulièrement que des centaines de millions d’habitants d’Afrique ou d’Asie s’arrachent à leurs terres pour venir alimenter la mégamachine occidentale. De même une grande partie du Vatican et surtout son dernier Pape en exercice, véritable militant de l’ingénierie migratoire intercontinentale. Idem concernant de multiples dictateurs para-européens comme Abdelaziz Bouteflika ou Recep Tayyip Erdogan, ou encore des milieux de l’extrême droite musulmane visant la soumission mondiale à Allah… Bref, le parti pris pro-immigration est celui de l’écrasante majorité des dominants, ou aspirants dominants, à travers la planète ; il n’est donc en rien une prérogative de la « Gauche » telle qu’on l’entend habituellement.

Un rapide regard historique montre même que la position de cette dernière a été exactement à l’opposé durant les derniers siècles. Sans remonter au-delà du XIXe, ni aborder la genèse de la Nation contre les familles royales européennes, on constate que les mouvements ouvriers internationalistes se sont beaucoup construits contre l’im­migration, perçue comme une stratégie patronale visant à baisser le coût du travail lors de la période d’expansion du capitalisme industriel [9]. Les opérations coup-de-poing n’étaient pas rares lorsque les immigrés refusaient de fraterniser lors d’une grève qu’ils étaient appelés à briser, et lutter contre la mise en concurrence des peuples était l’objec­tif explicite de la création de l’Association Internationale des Travailleurs [10]. Objectif partagé sans illusion aucune par un K. Marx, un F. Engels ou un J. Jaurès, qu’ont repris la CGT, la SFIO ou encore le Front Populaire dans l’entre-deux-guerres, et par la suite la plupart des syndicats et le Parti Communiste Français jusqu’aux années 1980 [11]. Mais ce discours est aujourd’hui inaudible, relégué dans les marges que sont les syndicalistes de terrain ici ou là-bas les associations anti-émigration des pays du tiers-monde [12].

Le retournement semble s’être effectué rapidement dès les années 1970, puis surtout lors de la décennie suivante. La « Gauche » en quête du pouvoir, puis en son sein, a alors évacué toute visée de transformation sociale et politique au profit d’une vision tiers-mondiste où l’étranger occupait la place du prolétariat, qui s’est vite muée en seul souci humanitaire. La diabolisation simultanée du Front National (ex-RN), devenu aiguillon inversé d’une identité « de gauche » définitivement inconsistante, a permis l’adoption du multiculturalisme comme seul horizon politique souhaitable pour les sociétés occidentales [13]. Transformation rhétorique qui s’est accompagnée d’un abandon électoral, explicité tardivement par Terra Nova, des classes populaires au profit des intérêts des classes moyennes et supérieures, des femmes… et des immigrés.

Il est donc parfaitement exact que la défense de l’immigration (et de ses déclinaisons : islamophilie, repentance, racialisme…) soit aujourd’hui la seule raison d’exister d’une « Gauche » qui a abandonné toute perspective d’émancipation. Et il est absolument évident que cette dernière n’est plus que la grimace souriante des intérêts des oligarchies [14]. L’idéologie immigrationniste, pilier de la « bien-pensance », est donc aujourd’hui une ligne de partage non seulement politique mais sociale  : elle permet de distinguer ceux qui s’identifient aux couches dominantes, et les autres, de tous les continents [15]. Reste à se questionner, hors idéologies, sur l’immigration elle-même.

2 – « La France a toujours été un pays d’immigration »

À entendre les inconditionnels de l’immigration, la France (qu’en serait-il des autres pays, européens ou non ?) aurait toujours été un pays d’accueil des populations étrangères, flux continu qui serait même à l’origine de sa véritable identité  : n’en avoir pas ou les avoir toutes – chauvinisme exacerbé.

L’histoire montre qu’il en a été tout autrement : de la fin des invasions normandes et magyares, aux alentours du XIe siècle, jusqu’à la fin du XIXe, l’immigration proprement dite est infinitésimale (le terme n’est employé que depuis 1878). Elle se réduit alors à des échanges capillaires transfrontaliers et mutuels avec les régions envi­ronnantes. C’est ce que montrent toutes les études ethnologiques : jusqu’à une date récente, les Français, comme la plupart des populations sédentaires de la planète, vivaient la totalité de leur existence dans un rayon de 40 km autour de leur lieu de nais­sance [16]. Cette vie locale a généré les langues régionales, patois, accents ou tournures, le développement d’une multitude de cultures vernaculaires (superstitions, folklore, gastronomie, etc.), la constitution de terroirs uniques (techniques agricoles, espèces endémiques, aménagements de l’écosystème) et évidemment des taux de consanguinité parfois encore mesurables génétiquement. Réalités toutes strictement impossibles si le pays avait été soumis à un flux massif et ininterrompu d’immigrants depuis des siècles.

Tout change évidemment avec l’essor du capitalisme industriel européen et son exigence de main-d’œuvre urbaine entraînant un exode rural qui draine les travailleurs de zones de plus en plus éloignées puis, à plus grande échelle, des immigrations interna­tionales. Croissantes dès 1800, celles-ci concernent d’abord les Belges et les Italiens, puis les Espagnols. S’y rajouteront les Polonais dans les années 30, puis les Nord-Africains et les Portugais dans l’après-guerre, et aujourd’hui les Asiatiques et les Africains sub­sahéliens. Mais ce flux, contrairement à la vulgate répandue, est loin d’avoir été un conte de fées puisqu’une proportion significative de ces déracinés sont repartis ou ont été renvoyés [17], le restant étant soumis à l’exclusion et aux pressions populaires pour l’assimilation, dans des conditions de vie souvent difficiles [18]. Quoi qu’il en soit, le flux migratoire vers la France s’est accéléré depuis les années 1970, essentiellement en provenance du Portugal, du Maghreb et de la Turquie, et plus encore depuis les années 2000, d’origine subsaharienne.

La plupart des études convergent pour estimer qu’un bon quart, sinon un tiers, de la population française est aujourd’hui issue de ces flux récents. L’hétérogénéité géogra­phique est bien entendu importante ; certaines zones ont une population majoritairement immigrée (Île-de-France, Paca, Mayotte…) et on ne compte plus les villes où la jeunesse est massivement musulmane (banlieue parisienne, centre-ville marseillais…). Ces proportions tendent à s’accroître et l’immigration africaine ne semble qu’à ses tout débuts, puisque l’explosion démographique poussera des dizaines de millions d’Africains hors de leur continent : un quart de la population européenne pourrait en être originaire en 2050 [19]. L’établissement de personnes étrangères en Occident et l’accroissement naturel de leur nombre sur ses territoires semblent donc n’en être qu’à leur début.

Dès lors, prétendre que la France a été, « de tout temps » un pays d’immigration est une manière de banaliser l’accélération des processus en cours, qui n’ont rigoureu­sement aucun équivalent dans l’histoire du pays. C’est aussi prendre pour modèle les USA et Israël, qui sont effectivement nés par ce biais. Il est d’ailleurs étrange que le décalque des situations de ces pays pourtant honnis par le politiquement correct français soit une des obsessions de la « Gauche » et des gauchistes.

(.../...)

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[1« Bien sûr, vous êtes nos frères, et nous remplirons notre devoir envers vous. Mais nous aurions préféré que vous ne veniez pas. » Mots prononcés en 1891 par Ben Tillett, secrétaire du syndicat des dockers, devant un groupe d’immigrés juifs qui venaient de débarquer à Londres. Près de 50.000 réfugiés juifs sont arrivés en Angleterre entre 1890 et 1900, alors que le taux de chômage atteignait 10 % en 1893… Citation tirée de Joanna Rollo, History of Immigration, in International Socia­lism (1st series), No.96, March 1977, pp.17-21.

[2Comme le fait J.-C. Michéa dans Le complexe d’Orphée (Climats, 2011), scolie « …le moindre écart (fût-il de langage)… », p. 204 sqq.

[3Réédité au Seuil en 2006. C’est cette dernière édition qui a été utilisée.

[4Seuil.

[5En cohérence pleine et entière avec ceux qui l’ont érigé en auteur de référence, la mouvance auto-désignée par antiphrase, mais sans doute par nostalgie coloniale, «  indigéniste  »…

[6Avec Rose Lapresle, Un piège bleu Marine, Calmann-Levy, 2011.

[7Jusqu’au rapport du CSA de décembre 2017 qui se félicite que les « minorités non blanches » soient surreprésentées à la télévision française (19 %), encourageant tous les médias à continuer de faire mieux

[8Cf. le désormais célèbre document de l’ONU, paru en 2000, sur les « migrations de remplacement ».

[9G. Noiriel, op. cit. p. 297 sqq., 313 & 117 sqq.

[10Relevé notamment par J.-C. Michéa dans son entretien à la revue Ballast, « On ne peut être politiquement orthodoxe », publié le 4 février 2015.

[11On se souvient du tollé suscité par les interventions d’un G. Marchais… Les choses ont bien changé, cf. par exemple l’article hallucinant de A.-L. Laval et L. Madani publié dans l’Humanité du 11 novembre 2014 : « Ouvrir les frontières : les six preuves qu’on a tous à y gagner ».

[12Voir pour les premiers le souci récurrent de la direction de la CGT actuelle, par exemple, face aux discours anti-immigration de la « base » (idem pour la « France Insoumise ») ; et pour les seconds les organisations sénégalaises contre la fuite des jeunes à l’étranger, comme celle de Mme Yaayi Bayam Diouf, dont le fils s’est noyé lors d’une traversée.

[13Sur ce grand retournement, on lira M. Bock-Côté, Le multiculturalisme comme religion politique (éditions du Cerf, 2016).

[14Sur l’ambiance qui règne dans les cercles oligarchiques sur la question migratoire, le livre de Malika Sorel-Sutter Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ? (Fayard, 2015) reste inégalé, Cf. notamment p. 63 sqq.

[15Que démontre très bien C. Guilluy dans Fractures françaises (Flammarion, 2010).

[16Sur la disparition de tous ces mondes, voir par exemple l’imposant livre de E. Weber La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale, 1870-1914, Fayard, 1983 [1976].

[17Près de la moitié des Italiens et des Polonais auraient été refoulés… cf. D. Lefeuvre, Pour en finir avec la repentance coloniale (Flammarion, 2006), p. 200-201.

[18On lira, pour comparaison avec aujourd’hui, la pression sociale que subissaient alors les immigrés de l’entre-deux-guerres dans G. Noiriel, op. cit. p. 219.

[19C’est la thèse du livre de Stephen Smith, La ruée vers l’Europe. La jeune Afrique en route pour le Vieux Continent (Grasset, 2018). Voir notre recension infra .


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