Comment les uns et les autres nous débattons-nous avec la novlangue française et les classiques de la subversion ?
En effet, dans les milieux militants, chacun, au nom d’une pureté et une dureté d’engagements, portera l’anathème sur la faute de style linguistique privilégiée par le milieu : à qui aura subodoré une allusion de critiquer la personnalité caractérielle patriarcale autoritaire produite par notre éducation par la famille et l’état, et notre soumission involontaire aux marchandises et à leur reproduction, défendue dans le discours magistral public ou les jugements et les colères « ad hominem » de quelques uns forts en gueule. L’affirmation de gestionnaire de sa propre survie et de sa solitude est une caractéristique de notre dépendance aux « drogues dures légales » vendues sur le marché. Qu’il soit du travail avec les contrats précaires et le chômage subi ; ou qu’il soit en magasin ou en affichage avec les réclames, les portatifs, la télé, les voitures, l’essence…. Gérer sa vie au lieu de vivre sa vie et faire une analyse critique de cette même vie est devenu l’objet de notre non-retour introspectif et de notre impossibilité individuelle de dépasser le système technicien et le capitalisme. Bien sûr, il est à espérer que collectivement nous trouvions des formes de résistances construites collectivement émancipatrices. Mais cette espérance est conditionnée par une forme religieuse d’optimisme de façade. C’est une tartufferie à laquelle nous devons nous dérober sans participer à la promotion catastrophiste et à la gestion durable de l’administration du désastre. Révolution intérieure, autolimitation de nos fantasmes, appelés désirs par les intellectuels et journalistes post-modernes, et projet collectif de fraternité émancipatrice. Tels sont les dilemmes à mener de front, tout en essayant de gagner son pain honnêtement et côtoyer/rencontrer/aimer quelques uns plus que d’autres. Comment lancer une mode « Beatles » ou de contre culture vis-à-vis de l’ordre établi contemporain qui ajoute à la critique sociale, le goût partagé collectivement de la contestation et de la subversion tempérées ? Le mouvement ouvrier du 19ème siècle avait des gestes collectifs d’éducation populaire dans l’atelier, sur le chantier ou la carrière à partir de débats autour d’un livre, lu par tous, afin de permettre une promotion intellectuelle individuelle et une conscience collective. Cela se déroulait sous le joug de la répression et dans des sociétés dites secrètes, d’une dizaine de personnes. Comment renouer au bureau, à la fabrique ou dans son quartier avec cette éducation populaire non-directive, non magistrale, promue et conduite et temporisée par un médiateur/moteur ? L’envie de s’instruire est souvent utilitaire et les loisirs en toc ne permettent guère d’échanger sur des classiques de la subversion afin d’entamer des démarches émancipatrices collectives. Il existe des conférences économiques ou des cafés philo mais ce n’est pas cela qu’il faut viser car souvent ce type de débats passent à côté d’une remise en question d’une part des certitudes de chacun et d’autre part reproduise le rapport maître/élève, dominants/dominés.
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