Quatrième de couverture de la brochure n°24bis : « Le mouvement des gilets jaunes », seconde partie

Chantiers de l’auto-organisation et clôtures idéologiques
vendredi 31 mai 2019
par  LieuxCommuns

Ce texte fait partie de la brochure n°24bis « Le mouvement des gilets jaunes » — seconde partie
Chantiers de l’auto-organisation et clôtures idéologiques

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Elle sera intégralement téléchargeable dans la rubrique brochures

Sommaire :

  • Quatrième de couverture — ci-dessous...

Les gilets jaunes font bien plus qu’écrire une page d’histoire : l’his­toire, ils la font redémarrer. Parce que le monde dont ils exigent le retour disparaît sous leurs yeux et ne reviendra plus jamais. Mais aussi parce qu’ils s’expriment dans des formes et par des moyens qui malmènent toutes les institutions. Enfin, et surtout, parce que leur élan les emmène sur un chemin qui n’existe encore nulle part sinon sous chacun de leurs pas.

Ce que veulent les gilets jaunes c’est, tout simplement, le maintien de notre univers familier et rassurant : un niveau de vie convenable, un tra­vail qui paie, une république respectable, une solidarité égalitaire, des fron­tières claires, une nature préservée, une société décente… Ils sont donc obligés de tout bouleverser et de défier tout ce qui participe à l’effondrement en cours. Ce sont d’abord, évidemment, les oligarchies déracinées et arro­gantes qui instrumentalisent la dévastation écologique pour accélérer ses pillages, fracassant les uns contre les autres les peuples et les cultures à tra­vers les continents. C’est ce que les bien-pensants appellent la « gouver­nance mondiale », la « transition écologique » et le « multiculturalisme » – c’est-à-dire le chaos généralisé.

Mais ce que vont devoir affronter les gilets jaunes, et tous ceux qui refusent la course à la catastrophe, ce sont des contradictions bien plus profondes. Elles affleurent déjà, et chacun s’aperçoit, plus ou moins claire­ment, qu’il va falloir une transformation sociale et politique sans précédent. Car il n’est possible de prendre en compte la raréfaction des ressources énergétiques et naturelles que par le biais d’une véritable égalité sociale. Or celle-ci est impensable dans un pays fragmenté en lobbies, corporatismes, communautarismes, diluant toute identité collective dans la tiers-mondia­lisation en cours. Les peuples tentent, en ordre dispersé, de retrouver une souveraineté collective – la France des gilets jaunes, elle, semble renouer avec ce vieux principe qui est nôtre : la démocratie directe.

Ce sont ces multiples dimensions que ces deux brochures veulent explorer. Les textes qu’elles contiennent ont été rédigés à chaud, voulant favoriser l’émergence d’une autonomie collective qui se cherche et n’en est, encore, qu’à ses balbutiements.

Commentaires

Parution de la brochure n°24bis : « Le mouvement des gilets jaunes », seconde partie
dimanche 2 juin 2019 à 08h20

Je n’ai pas réussi à envoyer le commentaire sur le site de La lime qui reproduite l’entretien de Guilluy au Figaro, alors je me permets de le mettre ici. C’est quoi ce délire ? Même le Guilluy a l’air de perdre complètement la boule alors que c’était l’un des rares, avec vous ici, a faire preuve d’un peu de lucidité. Il nous dit que les mouvements populistes comme celui des GJ vont s’inscrire sur une période d’une centaine d’années, sans l’ombre d’un argument sérieux. On a l’impression d’avoir à faire à Ezechiel qui a reçu la révélation divine. Mais, si on se projette sur une centaine d’années, la première question qui vient à l’esprit c’est déjà de savoir ce qu’il restera de l’humanité si tant est qu’il en reste quelque chose (ça serait peut-être mieux que non finalement) Le type a l’air d’être complètement enfermé dans sa bulle sociologique en ayant coupé le fromage socio-écologique en deux. C’est sidérant : où que l’on se tourne, on vit dans un univers totalement irréel.

dimanche 2 juin 2019 à 10h35 - par  LieuxCommuns

Une précision, juste pour donner à chacun les moyens de comprendre ce dont vous parlez... (nous ne sommes pas seuls, ici...)

Vous faites sûrement référence à cet article :

Christophe Guilluy : « La classe moyenne occidentale ne veut pas et ne va pas mourir » http://www.lefigaro.fr/vox/societe/...

Publié in extenso sur cette page et que nous avons relayée dans la revue de presse de la semaine du 19.05 :

https://fboizard.blogspot.com/2019/...

Et plus précisément à ce passage :

" (...) Car, sur les ronds-points, il y avait des ouvriers qui hier votaient à gauche, des paysans qui hier votaient à droite, des urbains et des ruraux, des jeunes, des actifs et, pour la première fois même, des retraités. Ils formaient hier le socle d’une classe moyenne occidentale intégrée. Celle-ci s’est totalement affranchie des appartenances gauche-droite traditionnelles. Le renversement est historique. Une part importante des deux Français sur trois de Giscard, hier intégrée économiquement et représentée politiquement et culturellement, ont basculé dans une contestation durable du modèle dominant. Tenter d’analyser ce mouvement comme un phénomène conjoncturel est une absurdité. Il est au contraire le produit du temps long et devrait s’inscrire durablement dans l’avenir.

Combien de temps pensez-vous que cela peut durer ?

Une centaine d’années ! De la même manière que les brexiters ne vont pas s’évanouir dans la nature. Les Britanniques ont cru qu’en gagnant du temps les classes populaires allaient abandonner. Et cela explique la percée spectaculaire du Brexit Party. Nigel Farage surfe sur le « gilet-jaunisme » britannique ! Farage, qui a créé un parti avec trois bouts de ficelle, pèse davantage en six mois que les tories et les travaillistes réunis, qui existent depuis des siècles. Cela veut dire qu’il s’appuie sur un socle et ce socle s’appelle le peuple. La question du morcellement est piégeante, c’est une lecture ultralibérale qui tend à justifier l’abandon du bien commun et in fine à invisibiliser un conflit vertical entre le haut et le bas. Évidemment que la société se communautarise et que c’est inquiétant, mais cela ne doit pas éluder le phénomène majeur du XXIe siècle, qui est la recomposition d’une majorité dont le socle est composé par les classes populaires et moyennes. Elles ont fait un diagnostic concernant la mondialisation. Après y avoir adhéré, elles ont pu constater que celle-ci les appauvrissait socialement et les fragilisait culturellement. Elles ne vont pas changer d’avis de sitôt . (...)"

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