Media-Part et ses opérations

ou la posture de l’avant-garde absolue
vendredi 6 novembre 2015
par  LieuxCommuns

Texte extrait du bulletin de G. Fargette « Le Crépuscule du XXe siècle » n°29-30, octobre 2014 - mars 2015

Une étrange réunion publique gratuite, annoncée par le blog de Paul Jorion, a eu lieu le dimanche 19 octobre, avec l’intitulé : “Corruption, ça suffit !”. Cette réunion était “modérée” par Plenel lui-même, Media-Part s’en étant fait co-organisateur avec la Mairie de Paris. Divers intervenants, avocats, magistrats, etc., y ont pris la parole. La salle était celle du Théâtre de la Ville à Paris, gracieusement mise à disposition par la Mairie PS (Hidalgo, etc.). Le tract reproduit ici a été diffusé à l’entrée. Paul Jorion a signalé depuis, sans aucune critique ni haut-le-coeur, que la ministre de la Justice en titre s’était invitée à ce raout (sans prévenir ?). Les réactions du public à cette présence de C. Taubira auraient été très partagées. Une telle récupération de routine est évidemment typique du personnel médiatico-politique. Que peuvent-ils, que savent-ils faire d’autre ?

L’indulgence de Paul Jorion pour la nomenklatura de la pieuvre médiatico-politique se font de plus en plus visibles. Alors qu’il posait il y a quelques années encore à l’esprit indépendant, il n’a plus guère de défense immunitaire contre la haute société du gauchisme culturel dès lors qu’elle se montre aimable envers lui : il persiste ainsi à signaler fièrement sur son blog qu’il a participé à la commission Attali sur “l’économie positive”, cet Attali qui est ouvertement redevenu durant l’été 2014 l’un des principaux inspirateurs de la politique gouvernementale, le nouveau ministre de l’Économie étant même un de ses “poulains” technocratiques !
Jorion, qui était capable de discuter avec le MAUSS, “Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales”, il y a une quinzaine d’années, et ne pouvait ignorer leur distance vis-à-vis de la vulgate marxiste, se replie de plus en plus, assez logiquement, sur une variante keynésienne qui fleure bon le marxisme de granit. L’indigence de ses positions se trahit dès qu’il s’aventure à parler des questions d’énergie, qui sont si dévastatrices pour le credo keynésien.

Le rôle de Media-Part, qui “sponsorisait” le festival “off” d’Avignon en 2013, condense une rencontre entre gauchisme culturel et procédés issus du stalino-gauchisme : ces gens ont soif de se poser en avant-garde absolue, à la fois politique et artistique. Plenel, ancien directeur du Monde, et spécialiste des révélations sur la corruption avec Media-part, poursuit un objectif beaucoup plus onirique : la dénonciation du “loup” nazi, qui rôderait dans l’ombre de notre époque, figée pour lui en décembre 1932. Son dernier pamphlet, “Pour les Musulmans”, où il prétend imiter Zola défendant les Juifs, est un bréviaire de l’imposture du gauchisme culturel parvenu à sa maturité. Il en dévoile la trajectoire terminale.
La double posture consistant à voir un “crypto-nazisme” partout et à dénoncer la corruption est parfaitement contradictoire : si le premier danger était avéré, le second serait secondaire. La seconde posture sert simplement de caution “professionnelle” pour le délire idéologique principal, érigé en métaphysique. Au fur et à mesure qu’ils perdent le contact avec la réalité, les rescapés du stalino-gauchisme, ce marxisme-léninisme desséché, systématisent les réflexes qui leur tiennent lieu de mystique.

Tract : L’enlisement final avant la crise de régime ?

Rien ne trahit mieux le gel de la situation française que la persistance du verrouillage institutionnel qui règne depuis 40 ans : nous sommes conviés au “choix” entre Hollande et Sarkozy, ou entre leurs clones avides de prendre leur succession pathétique. Il faudrait même cantonner nos capacités de formulation aux tirades d’un Zemmour ou d’un Plenel. Que l’un se prenne pour Zola, l’autre pour Maurras, tous rapiècent les oripeaux dépareillés de poses anachroniques, étrangères à une réalité qui ne suit aucune des théories héritées. Comment ne pas penser à ces augures de la république romaine finissante qui, en se croisant, éclataient de rire devant la crédulité publique ? Ces animateurs d’ambiance, ces organisateurs de débats consanguins sont les seconds couteaux de la pieuvre médiatico-politique qui vassalise désormais les débris des partis-zombies en prétendant incarner la démocratie. Cette institution se fait plus qu’un devoir, un métier, de nuire davantage que l’industrie du divertissement qui a tout envahi.

Les ténors qui dominent le pitoyable théâtre médiatique sont très déçus qu’en 40 ans, le Front national, si différent d’un “fascisme”, ne soit toujours pas parvenu à constituer un parti de masse (quant aux éventuelles sections d’assaut, caractéristiques pourtant de tout “fascisme”, il n’en est jamais question, évidemment). Bien que le FN ne se montre pas à la hauteur de l’épouvantail qu’ils attendent, l’étiquette infamante masque leur incapacité à le critiquer, alors qu’il baigne lui aussi dans la nostalgie d’un monde enfui, celui d’une souveraineté nationale sûre d’elle-même et offensive.

Le “fascisme”, sous son vrai nom le “national-socialisme”, si proche du “socialisme dans un seul pays”, est mort depuis l’écrasement militaire du IIIème Reich en 1945. L’“antifascisme“ l’avait précédé dans la tombe en 1939, au moment de son alliance avec Hitler pour rayer la Pologne de la carte, ainsi que les Pays Baltes et déclencher la Seconde guerre mondiale. Ces nations, tout comme l’Ukraine, n’ont pas oublié cet apogée de l’antifascisme “réellement existant”. La dénonciation, aussi onirique qu’hystérique, d’un “fascisme” toujours latent depuis les années 1970 a deux fonctions : celle, originelle, d’escamoter les crimes du totalitarisme soviétique, pourtant répétés avec une régularité monotone sur un tiers de la planète, mais aussi, plus sournoisement encore, d’assurer le maintien autiste du jeu oligarchique dont la corruption est précisément l’atmosphère nourricière. Si le “fascisme” rôde sans cesse à nos portes, tout lui serait préférable.

C’est la démocratie, encore tendancielle il y a quelques décennies, qui a disparu. Le projet fondateur de la Vème République a été atteint. Le régime oligarchique repose sur un fatalisme rusé, par lequel les couches régnantes trahissent le pays réel. Mais elles n’ont plus d’autre ambition que de tirer le maximum de la situation et partir avec la caisse, à la manière des déserteurs fiscaux. Les héritiers du stalino-gauchisme apprécient particulièrement ce tropisme qui rencontre leur désir de se venger des pays et des milieux sociaux qui ne se sont pas conformés à leurs lubies idéologiques, à leurs fantasmes de technocrates de l’histoire. Il est remarquable de voir à quelle vitesse ces milieux ont adopté cette disposition haineuse comme signe de distinction sociale contre les prétendus “petits blancs”. Comment s’étonner des progrès du sabordage des seules sociétés où la liberté individuelle et collective représentait une valeur fondatrice ? La remarque de Paul Krugman à propos des sociétés d’Europe occidentale des 50 dernières années, « sans doute les plus décentes de l’histoire de l’humanité » (NYT, 23 oct. 2011) lui vaudrait ici un procès pour “collusion avec la bête immonde”, puisqu’il contredit frontalement la doxa qui assure que l’Occident, c’est le Mal. L’intimidation idéologique et juridique ne sert qu’à liquider toute réaction échappant aux calculs dominants. Qui osera rappeler que la première “bête immonde” est née avec l’Union soviétique (premiers camps de concentration dès l’été 1918, premiers camps d’extermination dès 1922 près d’Arkhangelsk, matrice du goulag dès 1923 aux îles Solovki, génocides à partir de 1931, au Kazakhstan, dans le bassin de la Volga, en Ukraine orientale et au Kouban, liquidations de populations sur des bases ethniques, etc.), et qu’elle a servi de modèle à son principal concurrent mimétique, le IIIème Reich ? Tous les suiveurs de ces totalitarismes, idiots utiles ou criminels cyniques, sont toujours prêts à nous expliquer que cela leur donnait une “espérance”...

Le monde a tellement changé que tous les cadres d’analyse ont perdu leur pertinence. Malgré toutes les passes magnétiques et médiatiques, le keynésianisme ne ressuscitera pas. La “croissance économique” ne peut au mieux que se survivre quelque temps. La prétendue “transition énergétique” n’est qu’une simple opération de propagande au profit d’un racket politico-écologique qui passe son temps à grappiller des postes tout en parasitant effrontément des associations qui agissent le dos au mur.

Quant aux véritables “sections d’assaut“, elles prennent aujourd’hui l’allure de légions du crépuscule, prêtes à tuer des enfants en pleine rue, devant une école, comme à Toulouse en mars 2012, ou à organiser le ressurgissement de l’esclavage le plus sinistre, comme on le voit déjà au Nigéria, en Syrie, en Irak [1]. Il est interdit de constater que ces énergumènes se réclament du Coran et que s’ils attaquent des “musulmans”, c’est parce que ceux-ci leur paraissent insuffisamment musulmans. Et lorsque des individus occidentaux nullement combattants (certains se dévouant même pour des actions humanitaires) sont égorgés et décapités, et soigneusement filmés dans leurs derniers moments, la pieuvre médiatico-politique évite de se déchaîner contre les bouchers qui exposent leur manie du meurtre rituel. Elle prend bien soin de ménager leurs admirateurs enthousiastes. Et elle concentre son ton sentencieux contre les Occidentaux, c’est-à-dire ceux qui sont les cibles des assassins : la hantise des sacerdotes du désordre établi se réduit à ce que les victimes potentielles de cet islam militaire pourraient avoir quelque instinct de survie et se mettre à penser, à agir par elles-mêmes... La droite fondamentale est morte depuis longtemps. Et la gauche fondamentale assiste incrédule à l’effondrement de ses derniers mensonges.

L’institution antipolitique centrale qui entretient l’enlisement historique, cette pieuvre médiatico-politique, magma d’intrigues inavouables, irresponsables et suicidaires, n’a pas encore compris qu’elle marche désormais au-dessus du vide. Ayant fait du mensonge une industrie, elle espère pouvoir résister à tout.

Paris, le 16 octobre 2014


[1Comment ne pas y adjoindre l’immense opération de “traite des blanches” de Rotherham (jusqu’à 1400 jeunes filles pauvres), qui a toutes les caractéristiques de l’événement précurseur, et qui a pu durer des années grâce à l’omertà protectrice des “antiracistes“ et philomusulmans labellisés ?


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