Ce texte fait partie de la brochure n°21 « Islamismes, islamogauchisme, islamophobie »
Première partie : L’islam à l’offensive, de la prédication à la guerre
Novembre 2015
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Sommaire :
- Islamophobie : la contre-enquête (Recension) — ci-dessous...
Texte extrait du bulletin de Guy Fargette « Le Crépuscule du XXe siècle » n°29-30, octobre 2014 — mars 2015
(Recension de l’ouvrage éponyme d’Isabelle Kersimon et Jean-Christophe Moreau, éd. Plein Jour, oct. 2014)
Cet ouvrage représente un travail remarquable de bilan sur la thématique de plus en plus envahissante de “l’islamophobie”, accusation pointant une anomalie mentale sur le modèle de termes tels que “agoraphobie”, “hydrophobie”, etc. L’accusation est même de plus en plus souvent étendue en “islamophobie d’État“, qui confine au délire de persécution.
Cette thématique constitue un clonage de plus en plus primitif de la dénonciation “antiraciste” et repose sur un abus de langage qui se présente comme une “norme” dans le débat public, tout obstacle, vrai ou supposé, à l’exercice du culte musulman étant présenté comme une preuve d’“islamophobie”, jusqu’aux procédures engagées contre des imams radicaux. Cette thématique a été initiée par le Runnymede Trust à la fin des années 1980, en Grande-Bretagne, dans le contexte de l’affaire Rushdie, afin de se porter au secours de la posture islamiste. En France, le CCIF (Comité contre l’Islamophobie en France) et une association Salaam (à Sciences Po) ont organisé un colloque à l’EHESS intitulé “L’islamophobie en questions”. Dans un cadre de manipulations sémantiques systématiques, le rejet de l’islam a été présenté comme une “négation occidentale de l’altérité”.
Le CCIF ne cesse de relever des “cas” invérifiables. Mais malgré des statistiques infimes, le nouveau concept prospère et s’appuie sur une production d’interprétations de plus en plus fantaisistes. La thèse commune serait d’entériner l’idée d’une “islamophobie” constitutive de l’ADN français depuis les Lumières [1]. Deux auteurs, Geissler et Deltombe, avaient déjà tenté il y a dix ans, de substituer au terme “antisémitisme” celui d’“islamophobie”, caractéristique de la manœuvre. Les journalistes, pourtant si bienveillants pour une gamme de plus en plus étendue d’abus musulmans, étaient dénoncés par ces auteurs comme défendant les valeurs laïques et étant habités par une “obsession unique : “lutter contre l’islamisation de la France”, ce qui en ferait des “facilitateurs d’islamophobie” !
I. Kersimon et J.C. Moreau ont pris le temps de comparer les plaintes contre “l’islamophobie” à la réalité des faits, comme le recul le permet. L’inconsistance des accusations est presque toujours patente. Mais le plus intéressant est que des auteurs non musulmans, très marqués idéologiquement par le gauchisme culturel, viennent au secours de ce procès d’intention. Ainsi Esther Benbassa se plaît à développer l’idée qu’antisémitisme et “islamophobie” seraient les produits d’un même fantasme politique [2], bien que les agressions et meurtres antisémites se multiplient en Europe, à l’initiative presque exclusive de musulmans enragés. Ce délire idéologique a donc sa cohérence sinistre : ce que commettent des musulmans assassins ne compterait pas.
Sans trop insister, I. Kersimon et J.C. Moreau montrent que ces débris idéologiques relèvent d’une opération de conquête et d’usurpation : Marwan Muhammad, porte-parole du CCIF a d’ailleurs vendu la mèche lorsqu’une conférence donnée à la mosquée d’Orly en août 2011 (qu’il s’efforce de faire oublier), où il clamait : “Qui a le droit de dire que la France dans 30 ou 40 ans ne sera pas un pays musulman ? Qui a le droit ? Personne dans le pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’islam” (p. 121).
Ces opérations prennent leur sens comme relais des manipulations de l’Organisation de la Conférence islamique, qui tente d’imposer au niveau mondial l’interdit du “blasphème”, au prétexte d’une lutte contre la “diffamation des religions”, et qui vise de fait à imposer la prééminence du droit musulman sur tous les autres. L’OCI, qui regroupe les 57 pays musulmans, s’acharne elle aussi depuis 2001 à assimiler “islamophobie” et “antisémitisme”. Comme de juste, un auteur tel qu’Edward Saïd, écho conforme de l’“anti-impérialisme” dogmatique caractéristique du stalino-gauchisme, cherchait déjà à confondre les deux postures, c’est-à-dire à faire disparaître le qualificatif d’antisémitisme.
“La lutte contre la diffamation des religions” de l’OCI est organisée comme une guerre sainte mondiale contre les Droits de l’Homme (les Nations Unies ont toléré cette ambiguïté baroque entre 1999 et 2011). Malgré des hésitations invraisemblables, le Conseil de l’Union européenne a finalement affirmé en 2009 que “la diffamation des religions n’est pas une notion qui relève des Droits de l’Homme”, et en 2011, le Conseil des Droits de l’Homme à l’ONU a abandonné la “lutte contre la diffamation des religions”. L’OCI a infléchi sa position devant cette résistance croissante, mais ce changement apparent de paradigme n’a fait que déplacer le problème juridique et a peut-être même accentué la confusion sur le sujet de la protection des sentiments religieux, en l’associant plus étroitement que jamais aux mécanismes de la lutte de plus en plus onirique contre le racisme.
J.C. Moreau, spécialiste du droit, déconstruit les tours de passe-passe juridiques dont vit la dénonciation de l’“islamophobie”, perçue non comme une opinion, mais un délit. Malgré tous les efforts de chicane juridique dont sont friands les islamistes, le droit français persiste à distinguer radicalement critique d’un système de pensée, et persécution d’individus concrets. C’est cette distinction que les promoteurs du “concept d’islamophobie” s’acharnent à abolir.
Or, le flou originel de la législation antiraciste française, censé répondre à une “réalité criminologique” complexe, offre aujourd’hui une caution inespérée aux promoteurs du concept d’“islamophobie”. “Ce flottement juridique accrédite l’idée que toute critique intéressant de près ou de loin la religion musulmane pourrait n’être qu’une forme particulière de xénophobie” (p. 150).
Il permet un détournement confessionnel de l’antiracisme, qui a débuté dès le milieu des années 1980, grâce à une interprétation littérale de l’article 48-1 de la loi sur la liberté de la presse (donnant aux associations se proposant par leurs statuts de combattre le racisme le droit d’agir en justice). C’est à partir de cette faille que Michel Houellebecq en 2001 et Charlie Hebdo en 2007 ont été attaqués devant les tribunaux. Leurs accusateurs ont été déboutés : la critique d’un système de pensée (ou de ses dérives) et la stigmatisation de ceux qui s’en réclament sont deux choses distinctes (conformément à la tradition jurisprudentielle). Mais ces affaires ont souligné le gouffre conceptuel entre l’antiracisme et la dénonciation factice de l’“islamophobie”.
Mieux, les auteurs du livre montrent à quel point cette dénonciation est biaisée, car l’accusation d’“islamophobie” ne peut viser, dans l’esprit des promoteurs de cette imposture, que des Occidentaux, ce qui trahit le postulat racialiste des “anti-islamophobes” : ceux-ci prétendent poursuivre des gens non pour des faits commis par eux, mais pour ceux que d’autres pourraient commettre sous l’influence présumée de leurs discours. Le délit d’“islamophobie” tendrait à réparer un préjudice potentiel, ce qui présuppose l’existence d’une responsabilité collective en matière de passage à l’acte, comme si l’opinion et les actes faisaient partie de la même chaîne de délinquance. Bref, le “délit d’islamophobie” se résume bel à bien à un fantasme liberticide. Plus grave, il bafoue les principes du droit pénal en visant la condamnation de crimes virtuels et la réparation de préjudices inexistants.
Il est remarquable que cette accusation d’“islamophobie” ne soit même pas un prolongement du délit de “blasphème”, qui visait autrefois à l’homogénéité de mythes fondateurs dans une société donnée, mais un encouragement immédiat à un clivage ethnique en désignant à l’avance les victimes et les coupables en fonction de leur origine.
L’idée d’une “islamophobie” intrinsèque et exponentielle de la société française montre son inanité dans tous les domaines (historiques, théoriques, factuels), tandis que le principe de laïcité comme contrepoint au “retour du religieux” dans notre société sécularisée n’a jamais été plus populaire.
Conclusions
Les auteurs montrent qu’il y a inflation sémantique de la notion d’“islamophobie”, et vacuité des thèses des théoriciens français (qui brodent sur le thème onirique du bouc-émissaire) affirmant que la France est supposée ontologiquement xénophobe, incapable de dépasser ses réflexes colonialistes et de faire le deuil de son modèle d’intégration, “ce qui relève, au choix, de l’aberration ou de l’escroquerie intellectuelle”.
Mais c’est sur le terrain juridique que le concept d’“islamophobie” montre sa plus haute toxicité (cf campagnes de l’OCI). L’étrange CCIF a fourni une typologie des “actes islamophobes” qui dévoile le véritable objet de la lutte contre “l’islamophobie”, en mettant sur le même plan les délits de droit commun, les critiques, les caricatures, les mesures encadrant la liberté religieuse, etc. Ce CCIF lutte non pour une égalité des droits mais mène un combat identitaire pour des “droits culturels” supérieurs. Les auteurs montrent que la “lutte contre l’islamophobie” est une façade offensive au bénéfice d’un suprématisme musulman. Très logiquement, cette lutte contre l’“islamophobie” privilégie le catastrophisme par rapport à l’analyse rationnelle des manifestations de rejet de l’islam. Les actes délictueux étant très rares, il est clair que le CCIF préfère combattre des ennemis imaginaires, alors que l’“islamophobie d’État” n’existe pas, et que les deux lois sur le voile répondent à des problèmes réels.
Sur le terrain universitaire, le terme d’“islamophobie” relève d’un bricolage idéologique qui vise à transformer la sociologie en procès d’intention politique. C’est un leurre heuristique qui prétend dévoiler les ressorts d’un phénomène social, mais sa fonction politique est d’influencer l’action politique au profit des musulmans. Une France viscéralement “islamophobe” aurait mieux convenu aux théoriciens de l’éternelle culpabilité du monde occidental : ils doivent donc l’inventer.
Ce que permet la lecture de cet ouvrage
I. Kersimon et J.C. Moreau ne s’y attardent pas, mais il apparaît que la pieuvre médiatico-politique, à rebours des accusations des tenants de la “lutte contre l’islamophobie”, fait preuve d’une bienveillance constante pour leurs revendications. Les suprématistes musulmans ont appris à utiliser la “sensibilité” de cette pieuvre aux entreprises idéologiques se présentant comme dénonciation de la “haine de l’altérité”. Venant de partisans de l’islam, cette prétention constitue une inversion de la réalité tout aussi impudente que la revendication que le paradis sur terre aurait été en cours de réalisation dans les régimes soviétiques. L’homologie de ces deux mensonges est évidemment une des raisons de la complaisance de la gauche fondamentale pour les délires qu’il faudra un jour qualifier d’islamomaniaques, ce que ne font pas les auteurs.
Sa démonstration rigoureuse expose à quel point l’usage inflationniste du terme “islamophobie”, ne peut que signifier “refus pathologique de se soumettre à l’islam”. Le simple usage de ce terme doit donc être considéré comme un marqueur caractéristique de l’avant-garde verbale de l’entreprise djihadiste.
La pose victimaire systématique sert à justifier les surenchères islamistes, mais le terme d’“islamophobie” renverse la posture victimaire en posture agressive, de fait coloniale. A toute autre époque, au vu des divers attentats, menaces sur les personnes, etc., on aurait conclu qu’un pays comme la France, et ses voisins, sont désormais placés sous un régime de terreur musulmane qui devient ubiquitaire, et qui va jusqu’à prétendre interdire la simple formulation descriptive des méthodes et des actes de l’islamisme. La manière dont les notables officiels de l’islam ont tenté de faire taire une formulation récente de R. Cukierman, président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, sur l’origine de la plupart des auteurs d’actes antisémites est accablante. Mais la complaisance des médias pour la “colère musulmane” atteste la gravité de la confusion.
Dans cette époque où les logorrhées médiatiques prévalent toujours, il est probable qu’un tel ouvrage exigeant et rigoureux de contre-enquête sur l’“islamophobie” sera purement et simplement escamoté dans ce qui reste d’espace public, mais il constitue une référence d’analyse rigoureuse et doit être connu comme tel.
Paris, le 27 février 2015
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