Le Grand Refus d’Herbert Marcuse (2/3)

Gérard Mendel
jeudi 23 mars 2017
par  LieuxCommuns

Première partie disponible ici

(.../...)

3 – Le héros culturel de Marcuse : le fils de la Mère

Quels sont les héros culturels de Marcuse ?
Certes pas Prométhée, dans lequel il voit « le héros archétype du principe de rendement », ce qui, soit dit au passage, impliquerait qu’une répression sociale semblable à celle existant de nos jours, sévissait à l’époque où le mythe de Prométhée s’est constitué, et donc que la société industrielle posséderait pas le monopole de l’aliénation totale de l’individu dénoncée par Marcuse. Si, comme nous en avons défendu la thèse dans un autre travail, Prométhée figure à la fois le conflit œdipien avec le père et la voie de son dépassement, on comprend pourquoi Marcuse, s’il se contente de sous-estimer le drame d’Oedipe, homme adulte passant à l’acte et incapable de s’identifier au père, s’oppose résolument au thème d’un Prométhée parvenant, lui, à s’identifier au père et à dépasser le conflit dit œdipien.
Les héros culturels de Marcuse, ce sont Narcisse et Orphée :

« (..) Surmontant le temps, ils unissent l’homme à Dieu, l’homme à la nature [1]. »
« Il suffit d’énumérer et de rassembler ces représentations pour circonscrire le domaine qui leur est assigné : c’est celui de la rédemption du plaisir, de l’arrêt du temps, de l’absorption de la mort [2] ».
« Les arbres et les animaux répondent au langage d’Orphée ; le printemps et la forêt répondent au désir de Narcisse. »
« L’opposition entre l’homme et la nature, le sujet et l’objet est dépassée. »
Orphée « fut mis en pièces par les folles de Thrace ». « Comme Narcisse, il [Orphée] proteste contre l’ordre répressif de la sexualité procréatrice. L’Éros orphique et narcissique est jusqu’au bout la négation de cet ordre, le Grand Refus  [3]. »

Cette nostalgie du stade d’avant même la séparation en objet et en sujet et d’avant la conscience, ne renvoie manifestement pas au conflit œdipien qui consisterait pour l’adulte, dans une actualisation régressive [4], à garder la mère œdipienne pour soi et à rivaliser avec le père, — mais se refera bien plutôt à une régression des plus archaïques, à la nostalgie d’un impossible retour aux origines duale corps maternel où ce n’est pas soi qui posséderait la mère, mais bel et bien la mère qui posséderait quelqu’un – mais, à ce stade, qui ? — abandonné à une passivité totale ; se réfère à une régression à ce que nous avons défini dans la seconde partie de cet Essai comme étant le stade du Moi-Tout. A examiner les choses de plus près, il parait s’agir du fantasme d’une régression mixte au stade du Moi-Tout et au stade suivant de la fusion avec l’imago de la Mère « bonne ».
Le Grand Refus est en effet un refus de grande taille, puisqu’il est refus de la réalité, refus du principe de réalité et du Moi, tentative d’ancrage dans une position idéologique psychotique non certes idyllique puisqu’elle est, chez un adulte, celle du mélancolique ou du schizophrène chez lesquels la réalité est refoulée, où l’Inaconscient envahit le Moi, eù le sujet n’est aucunement protégé des imagos maternelles mortifères et de leur projection (les « folles de Thrace » qui précisément déchirent Orphée, l’eau qui engloutit Narcisse – la mort).
Comment interpréter ce fantasme [5] posé comme un idéal et dans lequel la mort est donnée à voir comme étant la plus haute vie, puisque les suprêmes valeurs deviennent le silence, le sommeil et la nuit, puisque le principe de Nirvâna explicitement relié par Freud à la pulsion de mort est froidement « envisagé comme la vie et non comme la mort » [6] ?
Une indication nous est donnée par Marcuse lui-même lorsqu’il écrit :

« La résonance de ce langage est celle de la diminution des traces du péché originel  [7]. ».

Le péché originel, c’est-à-dire celui d’Oedipe portant la main sur son père et violant le tabou de l’inceste.
Nous comprenons dès lors la fonction d’une telle régression. Elle vise à échapper aux deux angoisses connotant le conflit œdipien : celle liée au fantasme incestueux, qui en tant que fantasme est déjà désir qui réveille les peurs les plus archaïques liées à l’imago de la Mère mauvaise ; celle liée au fantasme de castration du père, et qui appelle la peur de la castration par le père. Autrement dit, dans ce bilan de l’amour et de la haine depuis la naissance si dramatiquement dressé à l’âge de 5 ans, le sujet doit affronter tant sa propre agressivité que le produit de cette agressivité intériorisée et retournée contre le Moi sous la forme d’imagos annihilantes et mutilantes.
La fonction de l’utopie mystique marcusienne est d’échapper totalement à l’agressivité en la niant. D’où l’absolue nécessité pour Marcuse à la fin de son ouvrage de volatiliser le concept d’Instinct de Mort. La vision de la société future proposée devient celle d’une vaste bergerie dans laquelle se sera opérée la réconciliation orphique du « lion avec l’agneau » et du « lion avec l’homme » [8].
Ainsi, nous voyons quasi expérimentalement combien l’agressivité est un constituant irréductible de l’homme, puisque sa disparition entraîne, chez Marcuse, la volatilisation de la notion d’homme : un ça sans Moi, des pulsions partielles sans génitalité, un principe de plaisir sans principe de réalité.
Le Grand Refus, c’est d’abord la tentative de refoulement de l’image paternelle, mais c’est aussi une dénégation du désir sexuel incestueux, puisque l’unification des pulsions partielles est proscrite. Le Grand Refus est donc le refus du drame œdipien dans ses deux aspects, et l’assomption jubilante de l’image humaine, posée comme idéal, d’un nourrisson gavé, béat et nirvanique, ou, mieux encore, confondu avec la nuit du corps maternel. Ce n’est pas tant une régression que Marcuse propose, qu’une absence radicale de progression.

Sur le plan de la théorie psychanalytique, — l’on connaît l’importance accordée par Freud aux imagos paternelles dans la dynamique psychique —, les implications de la thèse de Marcuse sont fort claires (une régression psycho-affective au stade du nourrisson) et Marcuse est contraint de les récuser explicitement :

« Le père hostile est absous et reparaît comme un sauveur qui, punissant le désir incestueux, protège le Moi de l’annihilation de la Mère. La question de savoir si l’attitude maternelle narcissique à l’égard de la réalité ne peut, pas « revenir » avec des formes moins exclusives, moins dévorantes sous l’autorité du Moi adulte et dans une civilisation avancée ne se pose même pas. Au contraire, la nécessité de supprimer une fois pour toutes cette attitude ne fait aucun doute. Le principe de réalité patriarcal prend le pas sur l’interprétation psychanalytique. C’est seulement au delà de ce principe de réalité que les images « maternelles » du Surmoi contiennent des promesses plutôt que des traces mnésiques, des images d’un avenir libre plutôt que d’un passé sombre [9]. »

Certes. Mais préconiser le Grand Refus du Père (sous la forme du refus de la « sexualité procréative », du refus de la « monogamie patriarcale », du refus de la génitalisation des pulsions partielles, du refus, ainsi que nous le verrons dans le chapitre suivant, de la sublimation, etc...), et la régression à une position de symbiose orphique [10] et narcissique avec la Mère-Nature, ne conduit nullement, encore une fois, à un « au delà » du père, mais à un « en deçà ». Il ne suffit pas d’une affirmation catégorique (« la nécessité de supprimer une fois pour toutes cette attitude ne fait aucun doute ») pour échapper à cette contradiction théorique fondamentale. D’antre part, faut-il rappeler qu’on ne e supprimes jamais une « attitude » psychique, on la dépasse en l’intégrant sous une forme nouvelle.

4 – Marcuse contre la sublimation

Le problème de la sublimation est sans doute le plus difficile à appréhender de toute la théorie psychanalytique. Herbert Marcuse est certainement bien inspiré de lui accorder une place de tout premier plan. Mais c’est à propos de la sublimation qu’il introduit ses prises de positions les plus personnelles, et qu’il s’éloigne le plus de Freud. Nous ne pourrons malheureusement pas ici, en ces quelques pages, entrer dans le détail d’une discussion [11].
Si l’on veut bien rassembler les réflexions préliminaires, parues en divers textes, de Freud sur la sublimation, ce processus apparaît comme l’équivalent, à son niveau, de la génitalisation des pulsions partielles. Lorsque chez un sujet une part importante de ces pulsions partielles ne s’est pas intégrée dans la sexualité génitale, il peut arriver qu’elle se trouve déviée de son but sexuel originel, et que, par l’intermédiaire du Moi [12], ces pulsions partielles s’unifient pour, par exemple, participer, comme source d’inspiration et comme agent d’élaboration à une création artistique.
La position de Marcuse est catégorique : « La sublimation sert la domination. Et la dissolution de celle-là, dans la transformation de la structure instinctuelle, modifierait aussi l’attitude fondamentale envers l’homme et la nature qui a été caractéristique de la civilisation occidentale  [13]. »
Marcuse a fort bien perçu les rapports étroits existant entre sublimation et perversion, qui sont toutes deux alimentées par les pulsions partielles. Souhaitant sur le plan sexuel la « dissolution » de ce qui s’est unifié pour constituer la génitalité, il reste logique avec lui-même en préconisant semblablement la dissolution du faisceau pulsionnel qui s’est formé dans la sublimation.
Le résultat, espère-t-il, en serait ce qu’il nomme bizarrement une « auto-sublimation de la sexualité  » [14], c’est-à-dire, si nous le comprenons bien, une sublimation de chacune des pulsions partielles pour son propre compte, et sans l’intervention ni du Moi ni des imagos paternelles qui sont un des noyaux de ce Moi. Nous sortons de là de la théorie psychanalytique, une auto-sublimation de la sexualité étant sur ce plan, nous l’avons déjà souligné précédemment, un non-sens, tout autant que les née-concepts forgés et introduits par Marcuse d’« auto-sublimation de la sensibilité » et de « sublimation de la raisons  » [15].
On saisit pourtant la nécessité de cette formulation pour Marcuse. Pour lui, la civilisation répressive s’est constituée en raison de la pénurie de biens et de richesses. Aussi bien les instincts (génitalisation ou sublimation des pulsions) que les institutions (prévalence du principe de réalité, hiérarchie sociale, monogamie, patriarcat) se sont développés sous la domination e répressive s du Père.

A notre sens, an contraire, rappelons-le, même en l’absence de toute pénurie le rapport originel du jeune enfant et de la mère est aussi marqué par l’angoisse. Un nourrisson à ce point « gâté » — le terme par lui-mente en dit long — qu’il n’aurait connu aucune frustration développerait une agressivité inconsciente intense contre l’image maternelle. En effet, un certain degré de frustration apparaît nécessaire pour que le processus de maturation suive son cours. Ce jeune enfant se sentirait ainsi « châtré » de ses possibilités de développement et d’autonomie. Nous avons tous connu de telles personnalités immatures qui ne parvenaient pas à distendre leur lien inconscient avec les imagos maternelles. Nous renvoyons aux réflexions déjà citées [16] de la sociologue Germaine Milieu et de Dominique Fernand sur les résultats d’une telle conduite sur le garçon musulman ou italien. En l’absence de toute pénurie, au sein du paradis le plus gratifiant, la présence du Père était et reste nécessaire comme médiatrice d’avec les imagos maternelles. Et le rapport originel du Moi aux imagos maternelles, non pas dans ses modalités, mais en tant que phénomène, n’est pas pour nous d’origine externe, sociale.
Aujourd’hui, estime Marcuse, la pénurie étant vaincue, il convient de refuser tout ce qui apparaît comme lié au Père (génitalité, sublimation, civilisation traditionnelle), afin de revenir en arrière pour prendre un nouveau départ. Les excellentes virtualités humaines se sont trouvées perverties par la dureté de l’environnement externe, qui a obligé l’homme à s’adapter à lui (principe de rendement). La pénurie ayant cessé, il faut donc briser l’instrument psychique devenu inutile. Le processus décrit n’est pas très différent de celui imaginé par Rousseau, mis à part le fait que ce dernier estimait impossible cette possibilité de réversibilité humaine.
Ce que nous nommons le pari marcusien est bâti sur l’espoir que les conditions extérieures, historiques, étant différentes c’est-à-dire en l’absence de pénurie et d’une organisation sociale ayant pour but d’y pallier — les instincts sexuels dans leur forme archaïque, c’est-à-dire les pulsions partielles, se manifesteront différemment que par le passé dans la réalité et différemment que dans le présent sous forme de fantasmes — non plus en cannibalisme ou en sadisme par exemple. Marcuse croit à la fois à une réversibilité des processus humains — le mythe d’Orphée, c’est aussi le mythe d’un retour en arrière, d’un retournement possible, et que ce qui aura été lié se trouvera délié — et à une nature humaine fondamentalement bonne. Les incontestables hautes exigences éthiques de cet auteur (justice et liberté vraies pour chacun) se trouvent actuellement non réalisées du fait, estime-t-il, non pas d’une nature humaine qui serait complexe et ambivalente, mais de la société. Le « mal » est de la société.
Il s’agit bien d’un pari :

« Mais il est possible que cette dégradation des valeurs supérieures les ramène dans la structure organique de l’existence humaine de laquelle elles ont été séparées et il est possible que cette réunion transforme cette structure elle-même. Si les valeurs supérieures perdent leur isolement et leur opposition à regard des facultés inférieures, celles-ci peuvent se prêter librement à la civilisation » [17].

Et :

« Donc, la naissance d’un nouveau principe de réalité impliquant la libération instinctuelle entraînerait une régression en deçà du niveau de rationalité civilisée atteint. Cette régression serait psychique aussi bien que sociale : elle réactiverait des phases antérieures de la libido dépassées (...) et elle dissoudrait les institutions de la société dans laquelle le moi de réalité existe. Par rapport à ces institutions, ta libération instinctuelle, c’est la rechute dans la barbarie. Cependant, survenant au plus haut niveau de la civilisation, (...) une telle libération pourrait avoir des résultats très différents » [18]

Signalons au passage dans cette citation, une contradiction intrinsèque et un point contestable.

Contradiction intrinsèque : cette « libération instinctuelle » ne surviendrait nullement « au plus haut niveau de la civilisation » puisque, pour Marcuse, la société industrielle avancée a, plus que toute autre, aliéné l’homme.
Point contestable : comment espérer conserver l’actif technologique et scientifique de notre société (sans lequel pas d’abondance) en cherchant à éliminer le Père, dès lors que cet actif serait, tout au moins à notre sens, indissociablement lié à l’image paternelle inconsciente dont l’intériorisation a permis à l’homme d’oser toucher à la Mère-nature pour la transformer et l’exploiter.
Mais c’est sur un autre plan que nous voulons porter la discussion. Radicalement opposé sur ce point à Freud [19] – qui affirme, lui, que « sur cette répression d’instincts repose ce qu’il y a plus précieux dans la culture humaine » —, Marcuse tient le pari qu’une libération instinctuelle des pulsions les plus primitives, qu’une dissolution des institutions sociales et familiales, donneraient naissance à un homme nouveau et qu’en cet homme nouveau s’incarneraient les valeurs les plus traditionnelles, notons-le, de l’humanisme : le droit, la liberté, la justice, la raison, la vérité. II est tout à fait conscient, nous venons de le montrer, qu’il s’agit d’un pari. II est conscient également du risque couru : une « rechute dans la barbarie ». Après avoir développé élogieusement les considérations de philosophie esthétique de Schiller et ses thèses sur l’instinct de jeu, Marcuse nous avertit loyalement que « Schiller semblait vouloir accepter le risque dune catastrophe et une dégradation des valeurs de la culture répressive si cela pouvait conduire à une culture supérieure (...). Cependant il pensait que de telles explosions « barbares » seraient dépassées par le développement de la nouvelle civilisation et que seul un « saut » pouvait conduire de l’ancienne civilisation à la nouvelle. Il ne s’occupait pas des changements catastrophiques de la structure sociale que ce « saut » impliquerait (...). Mais il est possible que cette dégradation des valeurs supérieures les ramène dans la structure organique de l’existence humaine [20]. » [21]
Autre admiration de Marcuse : Charles Fourier. « Fourier est celui des socialistes utopiques qui est le plus près d’élucider le fait que la liberté dépend de la sublimation non-répressive [22]. » Cependant, constate Marcuse :

« Les communautés ouvrières du phalanstère annoncent plutôt « la force par la joie » (Kraft durch Freude)  [23] que la liberté [24]]. »

Résumons-nous : Marcuse utilise le système freudien pour préconiser une solution personnelle au conflit individu-société, solution dont Freud, Marcuse le reconnaît, avait averti qu’elle mènerait à la fin de toute civilisation.

(.../...)

Troisième partie disponible ici


[1E. et C., p. 144.

[2Op. cit., p. 146.

[3op. cit., p. 151.

[4Régressive, puisque les deux âges « physiologiques » de l’Œdipe se situent entre 3 et 5 ans, et à la puberté. Un adulte qui revit le conflit œdipien, tel l’Œdipe de la légende, régresse donc s’il revit actuellement des conflits chronologiquement anciens.

[5Auquel dans la mesure où son auteur s’identifierait à lui, y adhérerait intimement, seul conviendrait le nom de délire mystique.

[6op. cit., p. 146.

[7[op. cit., p. 146. en français dans le texte.

[8op. cit., p. 147-148.

[9op. cit., p. 200.

[10De plus, pourquoi ne pas l’avouer, nous éprouvons la plus grande méfiance envers le thème d’une réconciliation orphique du « lion avec l’agneau » et du « lion avec l’homme » (pp. 147-148). Les plus grands malheurs proviennent de cette utopie que « le Mal » (en dernière analyse sa propre agressivité à soi) pourrait disparaître. Tout homme doit savoir qu’il est aussi un loup afin de se méfier de son agressivité, insupportable à son Moi depuis les tout débuts de la formation de la psyche. Rappelons que le paranoïaque, cet être dangereux s’il en fut, s’estime en toute bonne foi « blanc comme neige » il a projeté sur ses ennemis sa « noirceur ». Et la projection est un processus inconscient.

[11Nous avons tenté une approche théorique du processus de sublimation, encore peu étudié, dans un travail présenté en nov. 1984 devant la Société Psychanalytique de Paris. Cf. « La sublimation artistique » RPF, 1964, n°5-6, pp.729-801

[12Dans notre travail, nous avons soutenu la thèse que le processus de sublimation était conditionné par la possibilité pour le Moi de réussir des Identifications à des « Pères spirituels » au terme d’un travail psychique de même nature que le conflit œdipien, « Pères spirituels » participant désormais à l’Idéal du Moi du sujet et rendant possible la conjonction de la source d’inspiration orale et de l’élaboration anale.

[13E. et. C., p. 200. Donnons en contrepoint de cette citation de Marcuse, celle-là, opposée, de Freud : « Il est probable que nous devons nos succès culturels les plus grandioses à la contribution de l’énergie obtenue par cette voie (la sublimation] à nos fonctions mentales » Cinq leçons sur la Psychanalyse, p. 176. S. E., XI, 54.

[14E. et. C., p. 179

[15E. et. C., p. 171-172

[16La Révolte contre le Père, pp. 412-413.

[17E et C., p. 172. C’est nous qui soulignons

[18E et C., p. 174. C’est nous qui soulignons

[19Marcuse reconnaît que « selon Freud, l’histoire de l’homme est l’histoire de sa répression. La culture (...) ne limite pas seulement certaines parties de l’être humain, mais sa structure instinctuelle elle-même. Cependant une telle contrainte est justement la condition préalable du progrès. Laissés libres de poursuivre leurs objectifs naturels, les instincts fondamentaux de l’homme seraient incompatibles avec toute association et toute protection durables : ils détruiraient même ce qu’ils unissent. Éros sans garde-fou est tout aussi fatal que sa contre-partie fatale, l’Instinct de Mort » (E. et C., p.23).

[20E. et C., p. 169 et p.172.

[21« Il faut risquer, prendre des risques », nous dit-on, et des esprits parmi les meilleurs. Eh bien, non. Quand on a vu les résultats catastrophiques auxquels ont mené les diverses utopies du XIXe siècle finissant et de la première moitié du XXe siècle, quand on réfléchit à l’ampleur des risques encourus, — les morts, les souffrances, les ruines matérielles et morales,. – on ne peut s’empêcher de penser que ce goût du risque, à l’instar de celui qui pousse les conducteurs automobiles roulant comme le dit si bien l’expression « à tombeau ouvert » dissimule une envie d’en finir à jamais, un arrière-plan dépressif et suicidaire ! Mais encore faut-il, pour refuser ainsi de prendre plus que des risques limités, que l’existence dans une société reste compatible avec les valeurs et qu’il existe des possibilités de la transformer. Cf. p. 195.

[22E et C., p. 189.

[23Qui était, rappelons-le, le slogan des syndicats nazis. Cette phrase se trouvait également inscrite à l’entrée des camps d’extermination.

[24E et C., p. 189.


Commentaires

Navigation

Articles de la rubrique

Soutenir par un don