Romantisme et écologie

samedi 4 septembre 2010
par  LieuxCommuns

Texte extrait de la revue « Écologie politique », n°3-4, Automne 1992

ROMANTISME ET ÉCOLOGIE (1)

par Pierre Alphandéry

L’écologie est probablement, parmi les mouvements sociaux, celui qui a porté le plus loin la critique romantique de la modernité, par sa mise en question du progrès économique et technologique, et par son aspiration utopique à restaurer l’harmonie perdue entre l’homme et la nature. » Pour Michaël Lôwy et Robert Sayre, l’écologie est ainsi difficilement explicable sans référence à cette « vision du monde » que constitue le romantisme. Un tel point de vue ne manquera pas d’irriter ceux pour lesquels l’écologie doit précisément s’en détacher, afin de rompre définitivement avec les images auxquelles elle était couramment associée dans les années 70, celle d’un passéisme naïf développé par les enfants gâtés de la société de croissance ou celle d’un élan vital archaïsant vers une nature idéalisée. Devenue enfin « respectable », l’écologie devrait donc privilégier ses dimensions « réalistes » et scientifiques. Dans ce dernier domaine, en particulier, la prise de conscience de la vulnérabilité de notre planète et la peur des catastrophes ont valorisé en effet le rôle des experts qui, auscultant depuis la Terre et le Ciel les écosystèmes et la biosphère, se sont vu confier le soin d’analyser les conditions du maintien des grands équilibres planétaires. Se donnant ainsi pour tâche prioritaire de maintenir la planète habitable, l’écologie laisserait alors dans l’ombre le débat sur les différentes manières d’habiter le monde en le renvoyant au royaume des utopies défuntes.

Un tel pragmatisme n’a que faire alors de la généalogie des idées qui s’expriment dans l’écologisme et le détour par le passé ne lui apparaît être qu’une source de confusion. On aura cependant deviné que nous nous inscrivons dans la perspective inverse et le livre de Lôwy et Sayre constitue l’occasion d’insister sur les liens nombreux et toujours actuels qui unissent au romantisme certains aspects de l’écologisme. On ne trouvera toutefois ici qu’un aperçu limité d’une question dont la matière est immense.

Les affinités du romantisme et de l’écologisme

L’une des dimensions essentielles de l’écologisme reprend l’idée très ancienne selon laquelle le bonheur humain ne se trouve pas seulement dans l’accumulation des marchandises, mais aussi dans les activités humaines échappant au marché ou dans les joies esthétiques et le ressourcement spirituel qu’apporte un rapport plus direct avec la nature. On connaît par exemple l’importance des thèmes évoquant, dans les années 70, les « richesses immatérielles », la « supériorité de l’être sur l’avoir » ou encore la nécessité de la recherche du « pouvoir de vivre » (et non du pouvoir d’achat) par l’apprentissage de l’autonomie. Confortée par la multiplication des pollutions et des gaspillages engendrés par la croissance, cette facette de la sensibilité écologique s’est largement exprimée en se nourrissant de l’idée qu’avançait André Gorz dans un article du Sauvage de 1973 : le lien entre « plus » et « mieux » est rompu. (2) Ou pour le dire à la manière d’Ivan Illich : « La crise s’enracine dans l’échec de l’entreprise moderne, à savoir la substitution de la machine à l’homme. Le grand projet s’est métamorphosé en un implacable procès d’asservissement du producteur et d’intoxication du consommateur.(3) » Cette approche ne se limitait donc pas à dénoncer les « contreproductivités » engendrées au sein du système par des outils par trop polluants ou à tenter de protéger la nature et sauvegarder le cadre de vie. Elle a aussi alimenté une écologie politique soucieuse de ne pas s’arrêter aux effets et désireuse de remonter aux causes en pensant les multiples formes de perte d’humanité et de liberté engendrées par l’ordre du monde.

Cette écologie s’est ainsi livrée à la critique d’un mode de croissance productiviste porteur de bureaucratie, de relations impersonnelles, réifiantes et purement utilitaires qui mutilent l’homme, l’aliènent et l’instrumentalisent. Elle reprenait ainsi le fil des analyses du processus de rationalisation qui constitue, selon Max Weber, le cœur de la dynamique de la civilisation moderne. On sait que le sociologue allemand a longuement montré dans des textes restés célèbres, publiés au début de notre siècle, comment les valeurs et les relations sociales ont perdu la forme primitive et communautaire qu’elles avaient dans la société traditionnelle. Au départ, force de progrès, instrument indispensable à la libération de l’homme des fers de la tradition, la rationalisation a fini par être à la racine d’une durable et forte tyrannie (4). Diverses composantes de l’écologisme ont repris cette image tragique et paradoxale d’un développement dont l’homme a perdu la maîtrise en tentant de montrer comment l’antagonisme de la société et de la nature se retourne en définitive contre l’homme. Et c’est cette même idée qu’exprimait Edgar Morin en écrivant : « L’aspiration à la nature n’exprime pas seulement le mythe d’un passé naturel perdu ; elle exprime aussi les besoins hic et nunc des êtres qui se sentent brimés, oppressés, opprimés dans un monde artificiel et abstrait. » (5) Serge Moscovici résumait ainsi, quant à lui, la fonction rédemptrice de l’écologie : « Il s’agit du besoin profond de rompre avec l’état social, scientifique et culturel sur-organisé, pour se reconnaître dans ce qu’on produit, retrouver un rapport direct aux êtres et aux choses, mener une existence authentique. » (6)

Lorsque Serge Moscovici fixait en 1978 comme but à l’écologie de « réenchanter le monde », il s’inscrivait pleinement dans l’une des perspectives qui, selon Lôwy et Sayre, structurent la pensée romantique : désenchantement du monde, critique de la quantification, de la mécanisation, de l’abstraction rationaliste, de l’Etat et de la politique moderne, de la dissolution des liens sociaux (7). La nébuleuse romantique, expliquent-ils encore, se caractérise par une critique du monde moderne tout entière traversée par l’expérience d’une perte et « la conviction douloureuse et mélancolique que le présent manque de certaines valeurs humaines essentielles qui ont été aliénées ». Ce sentiment de perte était aussi partagé par Max Weber lorsqu’il écrivait : « Le destin de notre époque caractérisée par la rationalisation, par l’intellectualisation et surtout par le désenchantement du monde, a conduit les humains à bannir les valeurs les plus sublimes de la vie publique. Elles ont trouvé refuge soit dans le royaume transcendant de la vie mystique, soit dans la fraternité des relations directes et réciproques entre individus isolés. » (8) On retrouve aussi cette tonalité dans un passage célèbre du Manifeste communiste dans lequel Marx constatait que les frissons sacrés, les pieuses exaltations et l’enthousiasme chevaleresque du passé avaient été noyés par la bourgeoisie « dans l’eau glaciale du calcul égoïste ».

Bien que ne partageant pas les mêmes idées politiques ou philosophiques, de très nombreux auteurs ont ainsi, à partir du dix-neuvième siècle, mis en évidence les conséquences de la destruction de l’ordre traditionnel et de ses hiérarchies, insistant en particulier sur la dissolution des liens sociaux qui l’accompagnait. Cependant, là où les marxistes pensaient que la solidarité de classe et l’accès à une nouvelle forme d’intégration économique et sociale pourraient compenser la perte des valeurs culturelles auxquelles étaient attachées les populations déracinées, beaucoup de déshérités restaient attachés à une communauté idéalisée qu’exaltaient les courants contre-révolutionnaires. En France, depuis lors, la question des appartenances et des solidarités n’a pas cessé de travailler un grand nombre de courants politiques préoccupés par les conséquences du développement de l’individualisme et de l’utilitarisme, de l’extrême droite aux socialistes utopiques en passant par les personnalistes, et ce dans des perspectives très différentes que l’analyse des composantes du romantisme contribue à éclairer.

La nébuleuse romantique

Selon Lôwy et Sayre, le romantisme n’est pas seulement une nostalgie mélancolique, mais un refus de l’ordre mercantile et une quête de ce qui est perdu. Aussi, le vrai noyau de la valeur chez les romantiques réside-t-il dans l’unité du moi avec deux totalités englobantes, l’univers des hommes et l’univers naturel : « Le principe d’exploitation capitaliste de la nature est en contradiction avec l’aspiration romantique ci vivre en harmonie en son sein. Et le désir de recréer la communauté humaine (...) est la contrepartie du refus de la fragmentation de la collectivité dans la modernité. » Cette double exigence d’une vie en harmonie, avec la nature et avec les hommes, a traversé ce que les auteurs qualifient de « nébuleuse romantique », ensemble regroupant des écrivains, des poètes et des artistes mais aussi des philosophes, des historiens ou des penseurs politiques, dont la diversité des composantes et les multiples contradictions ont souvent découragé l’étude. Le romantisme peut ainsi se faire individualiste ou communautaire, cosmopolite ou nationaliste, réaliste ou fantastique, rétrograde ou utopiste, révolté ou mélancolique, voire alterner ou faire coexister ces manières d’être et de penser. Ces contradictions et ce foisonnement ne sont d’ailleurs pas sans rappeler ceux qui caractérisent aujourd’hui la sensibilité écologique et qui en font à la fois la force et la faiblesse.

Confrontés à ces difficultés, certains auteurs n’ont vu, dans le romantisme, qu’une appellation « non contrôlée » commode dotée d’une géométrie variable peu apte à éclairer l’histoire des idées. D’autres en ont privilégié certains développements propres à éclairer les phénomènes brûlants de la fin du vingtième siècle. Dans un texte fort intéressant (9), Isaiah Berlin présente ainsi le romantisme comme une opposition fondamentale aux principes issus de la philosophie des Lumières (en particulier l’universalité, la rationalité et l’objectivité), assise sur la foi dans les facultés spirituelles intuitives et créatrices de l’individu et la valorisation des liens particuliers qui l’inscrivent dans son milieu d’origine. Et ce sont les racines romantiques du nationalisme, qui retiennent l’attention de Berlin. Selon l’historien anglais en effet, ce phénomène dont la progression actuelle s’avère de plus en plus inquiétante présente en résumé quatre caractéristiques : « La croyance en la nécessité primordiale d’appartenir à une nation ; en la nature organique des relations qui existent entre les différents éléments constitutifs de la nation ; en la valeur de ce qui est nôtre, tout simplement parce que c’est à nous ; et, pour finir, en la suprématie des droits de la nation, dès lors qu’il y a conflit d’autorité ou nécessité de choisir entre des fidélités contradictoires. » (10) Berlin voit dans « ces ingrédients » qu’on retrouve en quantité et proportion variables dans toutes les idéologies nationalistes qui fleurissent aujourd’hui, l’essence même d’un romantisme politique forgé à partir du dix-huitième siècle en Allemagne par Herder et ses épigones. Ceux-ci développèrent l’idéologie du Volk, seul porteur authentique des valeurs nationales, des racines historiques, de la terre et des morts et de la volonté nationale. Les romantiques du dix-neuvième siècle parachevèrent ensuite la critique de la raison, de la froideur de l’intellect, de l’individualisme destructeur qui atomise la société, des mécanismes sans âme, du cosmopolitisme sans racines et des conceptions d’une humanité ne tenant pas compte de la diversité des cultures et des traditions.

Lôwy et Sayre se refusent, au contraire, à assimiler l’ensemble du romantisme aux contre-Lumières et au nationalisme qui concerneraient surtout ses composantes restauratrices, conservatrices ou fascistes (11). Ils rappellent notamment que ce mouvement n’a pas seulement concerné des contre-révolutionnaires ou des traditionalistes mais également, ce que Berlin ne nie d’ailleurs pas, des hommes opposés aux hiérarchies sociales et révoltés par les destructions opérées par l’industrie ou l’asservissement imposé par les conditions de travail. Les composantes radicales et révolutionnaires du romantisme ont ainsi été incarnées, aux dix-neuvième et vingtième siècles, par des jacobins-démocrates, des populistes, des libertaires, des marxistes et, en matière d’expression artistique, par l’expressionnisme et le surréalisme. Ce dernier mouvement a ainsi exprimé avec force sa foi dans la puissance du rêve et son irréductible opposition à la civilisation capitaliste : « Partout où règne la civilisation occidentale, toutes attaches humaines ont cessé à l’exception de celles qui avaient pour raison d’être l’intérêt, le « dur paiement au comptant ». Depuis plus d’un siècle, la dignité humaine est ravalée au rang de valeur d’échange.... Nous n’acceptons pas les lois de l’Economie et de l’Echange, nous n’acceptons pas l’esclavage du travail. » (12)

De nombreuses références romantiques, montrent Lôwy et Sayre, parsèment les textes de jeunesse de Marx, notamment lorsque celui-ci développe le concept d’aliénation. Chaque chose est transformée en marchandise, l’homme est dégradé au statut d’un objet et l’être est de plus en plus sacrifié à l’avoir. Dans les Grundrisse (1857-1858), il estime en outre que,dans une société socialiste, le progrès technique permettra de réduire le temps de travail quotidien nécessaire pour satisfaire les besoins fondamentaux, laissant le temps libre à l’accomplissement de ce qu’il appelle, suivant Fourier, le travail attractif. Et l’on retrouve là l’esquisse de la problématique développée aujourd’hui par André Gorz dans ses travaux sur l’écologie politique. Celui-ci insiste en effet sur l’importance du développement de la sphère des activités autonomes susceptible de rétablir une sociabilité créatrice, vouée à des réalisations non marchandes et conférant aux individus une plus grande autonomie par rapport aux instruments de rationalisation que constituent l’Etat et le marché.

La non-contemporanéité et sa prise en compte

D’autres marxistes, notamment Rosa Luxembourg et Gyôrgy Lukàcs dans certains textes, ont insisté sur l’importance des aspirations qui s’exprimaient dans les communautés précapitalistes et la nécessité de les prendre en compte dans la conception de l’avenir. Mais c’est surtout Ernst Bloch, particulièrement dans Héritage de ce temps livre prémonitoire écrit au moment de l’avènement du nazisme et publié en 1935, qui approfondit ce que les formes de nostalgie et de référence au passé tentent d’exprimer. Dans les couches sociales désorientées, écrit-il, on trouve des aspirations liées à l’ancienne opposition romantique au capitalisme, une conscience et une nostalgie d’une vie obscurément autre et, chez les paysans et les employés, une sorte de non-contemporanéité authentique, c’est-à-dire « un résidu idéologique et économique d’époques plus anciennes », un désir, en période de crise profonde, de retourner à l’ancien temps. Ils sont alors plus que d’autres amenés à évoquer l’ancienne société et cela d’une manière d’autant plus idéalisée qu’elle leur apparaît susceptible de satisfaire leurs aspirations toujours frustrées. Il suffira que la crise s’approfondisse pour que s’exacerbe chez eux « l’ensauvagement et le souvenir anachronique », pour que la misère et l’exclusion cristallisent leurs composantes non contemporaines et qu’elles activent leurs vieilles pulsions archaïques. Ce qu’ils exprimeront alors, ce sera la haine de la raison qu’ils confondront avec la rationalisation, l’idéologie du capitalisme et qu’ils rendront responsable de la destruction de leurs valeurs et de leur mode de vie. La matière refoulée de ces aspirations a toujours été exploitée par le fascisme, le nazisme, le pétainisme et, plus généralement, par les nationalismes. D’où la question fondamentale formulée par Bloch et qui se pose encore aujourd’hui, notamment à l’écologie politique : comment faire du sol, de l’attachement à la terre et du désir d’enracinement des éléments contemporains ? (14) Prise dans le gigantesque mouvement d’arrachement à la terre considéré depuis la révolution industrielle comme seul porteur des valeurs de progrès, de liberté, de consolidation des valeurs démocratiques, cette question n’a jamais reçu de réponse satisfaisante et demeure, lorsqu’elle n’est pas exploitée par les extrémismes de droite, prise, comme l’écrit Bloch, dans un imaginaire lié à son fondement millénariste.

Le sentiment, commun aujourd’hui, de n’avoir plus prise sur son destin, d’avoir perdu sa liberté, nourrit encore la réactivation du désir d’enracinement et d’appartenance. La multiplication des objets de consommation ne saurait, selon les écologistes, répondre à la dualisation des sociétés, à la perte de sens et au sentiment d’être « manipulé » par le procès de rationalisation. Plus s’accélère la circulation des gens et des objets, plus on s’expose en retour à la réactivation du désir d’appartenance dont, écrit P. A. Taguieff, le nationalisme peut être défini comme une corruption idéologique (15). Le romantisme d’Ernst Bloch est inséparable de l’utopie dont il donne la définition suivante : « Cultiver à nouveau tout le passé et délibérer de façon nouvelle sur tout l’avenir. » (16) Ainsi, le « passéisme » romantique peut aussi constituer l’image d’un futur rêvé au-delà du monde actuel. « Cela ne signifie pas un retour au passé, mais un détour par le passé, vers un avenir nouveau », écrivent Lôwy et Sayre. Selon eux, ce sont déjà de telles questions que pose le romantisme utopico-révolutionnaire (de William Morris à Herbert Marcuse), tout en s’appuyant sur le caractère nécessaire et légitime de certaines conquêtes des Lumières et de la Révolution française : la démocratie, la tolérance, les libertés individuelles et collectives. Ce courant ne s’attache pas ainsi à restaurer un passé prémoderne, mais à penser un avenir nouveau, dans lequel l’humanité retrouverait une partie des qualités et des valeurs qu’elle a perdues avec la modernité : la communauté, la gratuité, le don, l’harmonie avec la nature, le travail comme un art, l’enchantement de la vie. On aura reconnu dans cette liste une bonne partie des thèmes familiers à l’écologie politique confrontée à la tâche de faire du désir d’appartenance un vecteur de la conscience universaliste en tentant de conjuguer l’historicité des sociétés modernes et la préoccupation d’y maintenir des équilibres naturels et sociaux.

L’itinéraire que nous avons effectué est largement incomplet. Nous aurions notamment pu évoquer le courant personnaliste (curieusement absent du livre de Lôwy et Sayre) aux multiples aspects, dont la volonté de privilégier l’épanouissement de la personne dans et par les diverses formes de communautés (conviviales de préférence) a largement marqué l’écologisme. Il reste cependant, quoi qu’en pensent les « réalistes », que l’écologie n’en a pas fini de rencontrer les divers prolongements de l’influence romantique. Il suffit de voir comment la référence à Gaïa traduit la volonté insistante de certains tenants de l’écologie scientifique de personnaliser la Terre. Enfin, le recours à la nature, sous toutes ses formes, pour renouer des liens entre la personne et la planète, a vu se développer de multiples conceptions globalisantes et fusionnelles de la conscience planétaire. Dans cette nébuleuse complexe où s’entrecroisent les références à la science et à la tradition, émerge à nouveau une vision de la société fonctionnant comme un vaste organisme et régi par les lois du vivant. Ainsi, au nom de l’évocation de la symbiose avec la Terre, ou de la recherche de l’harmonie organique ou communautaire, risque-t-on de voir s’affirmer une écologie inquiétante qui réfute la politique et les idéologies. Et cette dynamique ne peut qu’inciter à suivre de près l’histoire de l’utilisation de ces thèmes récurrents, communs au romantisme et à l’écologie.

Notes

1 Ce texte est issu de réflexions inspirées par la lecture du livre de Michaël Lôwy et Robert Sayre : Révolte et mélancolie. Le romantisme à contre-courant de la modernité. Payot, 1992.

2 André Gorz, Ecologie et politique. Points/Le Seuil, 1978, p. 71.

3 Ivan Illich, La Convivialité. Points/Le Seuil. 1975, p. 26.

4 Robert A. Nisbet, La Tradition sociologique. PUF. 1984, p. 365.

5 Edgar Morin, « Pour une nouvelle conscience planétaire ». Le Monde diplomatique, octobre. 1989.

6 Entretien avec Jean-Paul Ribes, Pourquoi les écologistes font-ils de la politique ? Le Seuil, 1978, p. 146.

7 L’ensemble de ces thèmes se retrouvent très nettement dans le livre d’antoine Waechter, Dessine-moi une planète, Albin Michel, 1990

8 Max Weber, La savant et le politique, UGE, 1963, p. 96. Cité par M. Lowy et R. Sayre

9 Isaiah Berlin, A contre-courant. Essai sur les idées politiques. Albin Michel, 1988.

10 Ibid. p.361.

11 Selon Lôwy et Sayre, le nazisme, bien qu’il se soit largement nourri de l’apport de ces courants, se distingue du romantisme par sa dimension moderne, industrielle et technologique.

12 Cité par L et S, La révolution surréaliste, n°5, 1925. Le texte a été signé par un grand nombre de membres du groupe, dont Breton, Aragon, Eluard, Crevel, Desnos, Péret, Soupault, Queneau, etc.

13. Ernst Bloch, Héritage de ce temps, Payot, 1978

14 Voir Pierre Alphandéry, Pierre Bitoun et Yves Dupont, L’Equivoque écologique. La Découverte, 1991.

15 Pierre-André Taguieff, « L’identité nationaliste », in Lignes n°4, 1988.

16 Cite par Löwy et Sayre, Ernst Bloch, Geist der Utopie, 1918.


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