Poster un commentaire à la suite de l’article...

lundi 15 juin 2009
par  LieuxCommuns

L’auto-analyse

Article extrait de Erich Fromm, « L’art d’être », pp. 112 - 138

En réponse à...

samedi 27 mai 2017 à 17h14

Je réponds (tardivement, veuillez m’en excuser) à votre commentaire me concernant.

Je voudrais revenir sur ce que vous appeler « l’élément social », en distinguant nature individuelle et société.

Être soi : Avec une analyse, beaucoup de choses sont remises en question. Le sens de la vie est au centre de nos préoccupations et devient déterminant pour notre équilibre. Il ne s’agit plus de décider ni de choisir, mais de se laisser guider par son ressenti. Décider consiste à élaborer une stratégie pour réaliser un objectif. Choisir est être face à plusieurs options qui nous semblent présenter simultanément des avantages. Ces deux situations ne se présentent plus lorsque l’on se laisse guider. Or, cette manière d’agir génère pour la plupart de l’angoisse car elle signifie perte de maîtrise et nous avons été habitué à réfléchir, envisager les conséquences de nos actes. Une confiance absolue en ce qui nous gouverne est nécessaire pour nous libérer. Celle-ci émane du sens que nous avons trouvé à la vie. Ne pas agir, mettre à l’écart sa volonté est mal vécu. Pour beaucoup, cela est synonyme d’incapacité, d’impuissance. A ses propres yeux et à ceux de ses semblables, l’homme s’évalue selon sa capacité à influer sur les choses et les êtres. Il pense qu’il lui est préjudiciable de se laisser aller, qu’il peut être entraîné vers la paresse ou bien qu’il pourrait être en danger. De plus, comme il craint ses instincts car ceux-ci pourraient le faire agir de manière incongrue, c’est une raison supplémentaire pour prendre le contrôle. Pourtant, lorsque l’on réussi à utiliser ses ressources intérieures, l’impression d’être authentiquement soi-même nous assure que nous agissons au mieux. Nos actions ne demandent aucun effort, elles s’imposent naturellement et nous nous sentons en harmonie avec la nature et la vie.

Vivre socialement : La société est constituée de personnes ayant des affinités et des modes de vie très différents. Si nous réfléchissons au déroulement de notre vie et aux difficultés que nous avons rencontré, nous nous apercevons que beaucoup résultent de la confrontation avec des individus ou des milieux qui ne nous correspondent pas. Nous avons du parfois engager des luttes qui nous ont éloignées de notre personnalité ou bien, n’ayant pas été armé, nous avons accepté des conditions qui ne nous correspondent pas. Il peut en être ainsi d’un métier que nous avons fait par dépit ou d’un mariage contracté avec une personne qui ne nous convenait pas. Nous constatons que nos actions ont été influencées par ce que nous avons cru comprendre de la bonne attitude que nous devons avoir pour nous intégrer dans la société. En nous détachant de la manière dont celle-ci nous a habitué à analyser les situations que nous abordons, nous pouvons observer que nous avons été conditionné à nous adapter à un modèle fondé sur l’organisation. Il n’a pas été difficile de nous contraindre à nous y intégrer en nous expliquant qu’il comprend beaucoup d’avantages : sécurité, partage des tâches, … Mais l’organisation est synonyme d’obligation, de hiérarchie, de se plier à des choix collectifs décidés, au mieux, par la majorité. Aussi, notre spontanéité est crainte, notre vie est confronté à celle de la majorité et nous nous obligeons à ne pas trop sortir de la norme. Il nous semble impossible de concevoir une société qui serait subsidiaire à l’homme, c’est à dire qui viendrait en complément de ses activités. Nous avons été déterminés à penser qu’elle était le substrat sur lequel repose notre existence (« l’homme est un animal social »). Or, pour celui qui accepte de considérer que chaque individu a été créé avec un rôle particulier et qu’il ne lui est pas nécessaire, normalement – c’est-à-dire ordinairement –, d’établir des liens avec ses congénères, le rôle de la société s’épure fortement : les questions relative à son organisation s’amenuisent. Cette conception est pourtant totalement éloignée de l’individualisme tel qu’il se développent actuellement. Cet individualité n’est pas égoïsme, ni moyen de se différencier (car la différence est ressentie de fait). En examinant l’affectivité présente dans les échanges inter-individus au sein de la société, nous découvrons un nombre considérable de raisons liées à l’état psychologique des chaque intervenant. On note des besoins de se valoriser, d’être apprécié, aimé, de dominer, d’être réconforté, protégé, de se sentir utile, pas seul … Nous constatons que la raisons principale des liens sociaux réside dans les faiblesses de chacun. Et d’où proviennent ces faiblesses si ce n’est de l’existence des relations sociales elles-mêmes !

Retrouver ce que nous avons modifié en nous du fait de nos relations sociales est donc fondamental pour comprendre comment nous avons erré dans la vie. Cette recherche ne peut aboutir que dans le prolongement d’une (auto)analyse. Et, pour en faciliter l’accès, il nous est nécessaire de nous extraire de la société durant cette recherche. Nous pourrons parallèlement percevoir toutes les aberrations qu’elle a généré et un nouveau concept se mettra en place dans notre esprit. Une nouvelle étape vers la liberté et l’humanisme.

Dominique JOUSSE.

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Navigation

Articles de la rubrique

Soutenir par un don