Sommaire
Avant-propos : Détruire l’Occident, disent-ils
Le XXIe siècle comme Crépuscule du XXe — ci-dessous
Renaissance d’un impérialisme archaïque
La quatrième guerre mondiale s’avance
Violences et banlieues françaises
L’affaire des caricatures : plus grave que le 11 septembre 2001
La motivation actuelle du stalino-gauchisme et des “bien-pensants”
L’injection goutte-à-goutte du poison de la charia
Liste provisoire des faits accomplis de Charia
Premier octobre 2017 : Apothéose des « Nique-la-France » à Marseille
Recension : l’islam à la lumière de la poésie sans rivages
L’acharnement à liquider les nations
Annexe sur le personnage Hitler
Aux sources du totalitarisme (ce stalino-gauchisme qui ne passe pas)
Contrairement à l’euphémisme d’une société à plusieurs vitesses, qui pouvait être, à la rigueur, valide dans une époque de croissance économique et sociale généralisée, nous vivons bel et bien dans une société à plusieurs étages. Sous des apparences de grande fluidité, nous en sommes revenus à des structures hiérarchiques particulièrement rigides. Dans la mesure où la dynamique du jeu des classes sociales fondait le dynamisme des nations, comment s’étonner de l’usure que celles-ci trahissent ? La disparition des tendances révolutionnaires et plus encore l’évanouissement de l’esprit public [1], sont infiniment significatifs. Mais cette réalité bénéficie d’un travestissement qui hérite de toutes les techniques de mensonges développées au cours du XXème siècle [2]. L’état des sociétés contemporaines est aujourd’hui dicté par celui de leurs prétendues élites. La disparition des résistances organisées à leurs menées ne pouvait que modifier en profondeur la nature même de ce que l’on appelait autrefois la “classe dominante”. Celle-ci supposait dans son existence immédiate comme dans son être profond la présence d’un adversaire antagoniste. Et cet antagonisme constituait le pivot plus ou moins caché de la formation sociale tout entière. L’élan de l’État-nation n’était pas concevable sans l’énergie de la lutte de classes, dont il se nourrissait. Les secteurs socialement dominants n’échappent pas à la fragmentation générale, bien qu’ils demeurent les seuls capables de définir un mode de coopération collectif qui ne sombre pas instantanément dans l’incapacité. La mafia, cette structuration régressive des rapports sociaux, ce retour des liens clientélistes verticaux aux dépens des rapports de classe horizontaux, est le modèle de moins en moins secret sur lequel se recompose ce qu’il faut bien appeler une oligarchie, qui ne se sent plus liée par aucun contrat social, même de façade. Seules comptent pour elle les alliances tactiques immédiatement profitables. La résistance ouverte du monde du travail s’est muée en dérobades de moins en moins assumées. Le glissement du tandem grève-maladie chez les salariés vers un strict absentéisme à alibi sanitaire, illustre bien la manière des dissidences actuelles : presque toujours biaisées, masquées, pour éviter de défier frontalement ce qui se présente comme une autorité sans réplique. Si le XIXème siècle a été celui des sociétés de classes, le XXème les a liquidées sans les dépasser, et ce désastre commande tous les autres. La trilogie officielle, le bourgeois, le militaire et le prêtre, a fait place à celle de l’oligarque, du juge et du psychiatre. Le policier et le militaire sont toujours là, tapis dans les coulisses de la société, prêts à bondir sur tout ce qui bouge, mais ces personnages ne se tiennent plus en première ligne, sauf dans les fictions envahissantes de l’industrie du divertissement. Ce serait considéré comme une maladresse de “gouvernance”. Ce dispositif résume la nature de la “démocratie réellement existante”, toute d’apparence. Une affiche publicitaire pour un magazine quelconque a formulé la question rhétorique : « Sommes-nous tous en liberté surveillée ? », sans se rendre compte que la poser, c’était déjà y répondre. L’oligarchie, à l’instar de la bureaucratie, prétend ne pas exister comme groupe actif et prédateur, mais elle ne cesse d’osciller entre l’affirmation de sa différence et un désir d’invisibilité. Elle se dévoile par raccroc dans les scandales de “corruption” qui esquissent ses contours, en trahissant les lignes de force de ce qui s’impose dans la pénombre des rapports de pouvoir effectifs. Et si les sinistres personnages de viveurs vampires ne sont pas difficiles à trouver en son sein [3], les saigneurs du monde, à l’instar des dignitaires nazis qui n’assumaient leurs crimes qu’en petit comité, ne se sentent jamais tout à fait présentables. L’oligarchie française est tentée par l’image d’une collégialité grise de cadres compassés, ce qu’un Jospin représente avec une étonnante adéquation, mais il y a là aussi une source d’incohérence. Les puissants veulent en général un symbole un peu plus clinquant pour les représenter devant la société.
Une question résume donc toutes les autres : quand finira le crépuscule historique qui prolonge ce XXème siècle de cauchemar ? L’histoire, de plus en plus profondément enlisée sur la face sombre d’un temps qui a cessé de tourner, n’est plus animée que de soubresauts destinés à faire un peu plus diversion d’une réalité que l’on ne veut pas voir. La nature même des couches dirigeantes actuelles confirme que le cours général de l’histoire est “verrouillé” sur un objectif calamiteux. Seul un hasard, un authentique accident, pourrait mettre un terme effectif au XXème siècle, cet immense et interminable avortement historique. Le XXIème siècle s’annonce comme le crépuscule indéfini du précédent.
Paris, le 12 juin 2001