Poster un commentaire à la suite de l’article...

dimanche 19 octobre 2014
par  LieuxCommuns

Fausses figures de l’avenir (2/2)

(.../...) Voir la première partie Troisième figure : L’antitotalitarisme « Vous voulez reconstruire des goulags ! » La troisième figure est l’invention majeure du XXe siècle, qui nous la laisse en héritage : le totalitarisme, qu’il soit russe ou chinois, avec ses reje­tons albanais, (…)

En réponse à...

mercredi 5 novembre 2014 à 11h31

Trois remarques à vous proposer et soumettre à la discussion.

La première concerne une erreur de date. Le livre de Furet date de 1995 et non 1985. C’est de la décennie 90 dont la phrase fameuse que vous citez en exergue est le symptôme. Celle qui commence avec la chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’URSS et le ralliement des pays de l’Est au « modèle occidental ». Du moins c’est ainsi qu’un Furet entend ces événements, dès le début d’ailleurs (voir les entretiens qu’il donne avant même d’écrire son livre, en 1991).

La deuxième remarque concerne le totalitarisme. Vous semblez présupposer un modèle totalitaire univoque qui ne correspond pas à la diversité des phénomènes totalitaires ou autoritaires du 20ème siècle. Ce que vous dites de la volonté du Parti (et de son chef) comme substitut arbitraire à toute structure programmatique (ou légale) établie s’accorde globalement avec les faits concernant le régime hitlérien et le régime stalinien. En revanche, il me paraît inexact de comparer d’un côté les persécutions et les purges qui caractérisent structurellement le régime de Staline à l’égard de ses propres soutiens, et, de l’autre, les phénomènes épisodiques et circonstanciels d’élimination de Röhm (chef encombrant des SA assassiné en 1934) et des frères Strasser (tous deux incarnaient ce qu’on appelle parfois l’aile « gauche » du parti nazi, l’un des deux fut assassiné également en 1934, l’autre mis à l’écart) au moment de l’installation du pouvoir hitlérien. Je vous renvoie par exemple à ce qu’affirme clairement l’historien Kershaw : « A la différence de Staline, Hitler ne fit point des purges un trait caractéristique du régime, pas plus qu’il ne créa dans les élites nazies une insécurité peu ou prou comparable à celle qui régna parmi les groupes dirigeants soviétiques sous Staline. On ne saurait comparer l’affaire Röhm, en 1934, et les représailles sauvages contre les conjurés de 1944, à la technique stalinienne de règne par les purges, la terreur et la peur. » (« Retour sur le totalitarisme. Le nazisme et le stalinisme dans une perspective comparative », Esprit, Janv.-Fév. 1996 ; voir également Qu’est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, Folio 1997.

Ma dernière remarque porte sur les « origines » du totalitarisme. Vous semblez considérer comme évidente l’idée selon laquelle le totalitarisme ne serait en un certain sens que l’application de l’imaginaire capitaliste (à l’œuvre exemplairement dans les usines Ford dans les années 20) à l’ensemble des domaines sociaux et politiques. Vous précisez également que cela aurait « parfaitement » été montré par Castoriadis en particulier. Or, il me semble que les textes auxquels vous renvoyez ne donnent que des hypothèses et intuitions assez rapides à ce sujet, intuitions qui demanderaient à être largement approfondies et discutées.

Dans les trois cas, le souci de l’exactitude et de la prudence me paraît nécessaire dans l’élucidation de ce qui « mine, obstrue et paralyse la réflexion », au moment où les menaces autoritaires et totalitaires criminelles reprennent vigueur.

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Navigation

Articles de la rubrique

Soutenir par un don