Tract de Sidi Bouzid (juillet 2012)

jeudi 9 août 2012
par  LieuxCommuns

Tract anonyme émanant de manifestants lors des manifestations de Sidi Bouzid en Tunisie à la mi-juillet.


Traduction française :

Communiqué d’information

Nous les jeunes de la révolution de la dignité à Menzel Bouzaiene et devant la nonchalance et la politique d’exclusion et de marginalisation du gouvernement de la troïka, déclarons la fin de la trêve accordée a ce gouvernement et l’entrée en désobéissance civile.

Dans sa lancée dans une politique de marginalisation et de vol de l’argent public, le gouvernement projette d’indemniser les ex-détenus politiques d’Ennahdha d’une somme s’élevant à 1.150 millions de dinars et ce dans une période marquée par un coût de vie exorbitant pour la population [1] Nous rappelons que cette somme suffirait à elle seule à résoudre les problèmes économiques des régions de Sidi Bouzid, Gafsa et Kasserine. Devant cette attitude obstinée du gouvernement nous décidons de le boycotter et de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour bloquer tous ses projets.

Comme premier pas, nous avons confisqué sept camions chargés de phosphates et avons coupé les chemins de fer et ce pour exiger nos droits à l’emploi, au partage de l’argent public et au développement local.

Enfin, nous précisions que nos agissements n’ont rien avoir avec le mouvement des journaliers des chantiers publics, emplois que nous considérons comme procédés antalgiques visant à l’assujettissement de le population [2].

Vive les luttes des opprimés 

C’est une révolution jusqu’à l’autodétermination.


[1Le parti au pouvoir, Ennahdha ne cesse d’avancer depuis son congrès un projet de loi visant à « indemniser » les prisonniers politiques du temps de Ben Ali, à la hauteur de 30.000 € chacun. Ils seraient 30.000, dont 90 % seraient des islamistes, et dont seulement une partie sont actuellement cadre du parti ou à des postes : il s’agit donc de se fidéliser les autres qui risqueraient sinon d’entrer en dissidence. Le sujet est évidemment très sensible auprès des populations, qui y voient un abus de pouvoir, voire un racket pur et simple.

[2Les ouvriers journaliers ont été payé après deux mois de retard (les retards de payement sont extrêmement fréquents et bien plus importants) et des mouvements de contestation. Il s’agit d’emplois très précaires et très durs, à 7 dinars la journée, et qui constituent de fait la seule réponse du gouvernement au problème du chômage


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