Le marxisme-léninisme, idéologie réactionnaire (2/2)

dimanche 15 juillet 2012
par  LieuxCommuns

Première partie disponible ici

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Marxisme-léninisme idéologie réactionnaire
Marxisme-léninisme idéologie réactionnaire
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Mais ce n’est pas tout.

  • Si le peuple est immature, s’il est comme un enfant, il faut le guider, mais aussi le surveiller pour qu’il marche droit, et au besoin, le corriger. Ce rôle est dévolu à la police politique (Tchéka) créée par Lénine et Dzerjinski dès 1918.

Lénine est fasciné par le taylorisme, cette rationalisation du travail qui consiste à faire faire aux ouvriers une seule tâche répétitive. Pour lui, ce n’est pas la tâche en soi qui est aliénante. C’est le fait qu’elle soit accom­plie dans le cadre de l’exploitation capitaliste. La même tâche dans le cadre de la construction du socialisme est forcément émancipatrice. Lénine part ici du postulat que la technique est neutre, que le mode de production en lui-même n’a pas d’incidence sur l’état physique et psychique de l’ouvrier. Or, le taylorisme contient l’aspect le plus aliénant, le plus totalitaire du capitalisme moderne. C’est sur cette base managériale qu’après leur prise de pouvoir, les bolcheviks développent l’industrie soviétique. La racine du totalitarisme réside bien dans l’usine tayloriste, proprement capitaliste. Mais les bolcheviks l’étendent à une société qui n’a pas les acquis sociaux et politiques de l’Occident comme garde-fous.

Contrairement à ce que disent encore aujourd’hui les trotskystes, ce ne sont pas seulement des circons­tances défavorables (guerre civile, famine) qui ont conduit à la « dégénérescence de l’Etat ouvrier ». Le parti antidémocratique, l’Etat policier, le mode de production fordiste étaient dans les cartons des bolcheviks avant leur prise de pouvoir.

Mais la pire implication du messianisme façon Lénine, c’est l’idée que la fin justifie les moyens. Les bol­cheviks pensaient détenir une méthode infaillible pour parvenir à la société sans classes. Sûrs du résultat final, ils ne se sont pas demandés quelle incidence le choix des moyens utilisés pouvait avoir sur ce résultat. En d’autres termes, peu importait que ces moyens soient décents ou atroces. Seul le résultat compte. Cette concep­tion transforme les militants en fanatiques et les opposants en vermine à éliminer. Dans la même logique, si échec il y a, cela ne saurait remettre en question l’action de dirigeants éclairés par le « materialisme scienti­fique ». Cela ne peut être que l’œuvre de traîtres et de saboteurs.

Nous, nous pensons au contraire que chaque choix politique, chaque méthode employée a une incidence sur la société. Lorsqu’on transforme les soviets en fantoches du Parti, qu’on fusille en masse, qu’on ouvre des camps de travail, qu’on instaure une discipline militaire dans le Parti et à l’usine, qu’on adopte un mode de pro­duction fordiste, qu’on développe une police politique, qu’on estime que la souffrance et la vie humaine sont accessoires en regard du but à atteindre, on contribue à créer une forme de société particulière. A cet égard, Staline est la continuation de ce que Lénine et Trotsky ont commencé, et non une « rupture bonapartiste » avec la « révolution ».

Les bolcheviks ont aussi repris les aspirations profondes du peuple russe (la paix avec l’Allemagne, la terre aux paysans), et les revendications du mouvement ouvrier : l’abolition de la propriété privée des moyens de production, les droits des femmes, l’alphabétisation… Mais leur contribution à la déshumanisation des indi­vidus, au développement de leurs instincts les plus brutaux ont annulé ou dénaturé tout les bienfaits que ces me­sures auraient pu produire.

3. Pourquoi ce texte ?

Pourquoi faire maintenant une critique du marxisme-léninisme ? Les organisations qui l’incarnent sont moribondes. Nous avons l’air de tirer sur l’ambulance.

Ces organisations ne nous intéressent pas. Nous ne cherchons pas à convaincre leurs dirigeants (ou plutôt à les ébranler dans leur foi), et ils ne peuvent nous convaincre par leurs raisonnements fondés sur des postulats que nous estimons erronés. Nous ne cherchons pas non plus à débaucher leurs militants. Nous sommes un col­lectif démocratique, pas un parti. Nous cherchons à provoquer et à enrichir la réflexion d’individus pensants, pas à recruter des petits soldats.

Nous avons écrit ce texte parce que nous redoutons que, la crise s’aggravant, les gens ne se réfugient dans une forme de messianisme ou une autre. Il y a le messianisme religieux, bien sûr. Il peut aussi y avoir un repli sur soi d’extrême droite ou un écofascisme. Il faut espérer que nous serons nombreux à refuser ces formes de régression sociale. Mais que pourrons-nous leur opposer ? Quel projet de société ? A cet égard, le marxisme­-léninisme ne nous apporte aucune solution. Pire, il pose problème, moins comme force politique (il a peu de chances d’accéder au pouvoir) que comme mentalité. Ses schémas de pensée ont largement essaimé dans la po­pulation, et ils ressurgissent sans cesse à travers les propos ou les raisonnements. Non pas qu’il reste beau­coup de marxistes aujourd’hui. Mais pour trois raisons :

La première est que les schémas de pensée marxistes bénéficient d’un terrain favorable. Le marxisme et le capitalisme reposent sur les mêmes postulats.

Ecoutez les informations. Vous entendrez des propos du genre : « les enfants qui naissent aujourd’hui au­ront une espérance de vie de cent ans » ou « bonne nouvelle : les ventes de voitures repartent à la hausse ». Ce genre de propos dénote d’une certaine conception, celle d’un monde aux ressources illimitées, connaissant un progrès constant et tendant vers la société d’abondance. Là-dessus, capitalistes et marxistes se rejoignent. Ils ne divergent que sur la façon dont les richesses doivent être réparties.

Les média, les politiciens, continuent à relayer cette conception scientiste qui a régné quasiment sans par­tage jusqu’au milieu du XXe siècle. Le hic, c’est qu’aujourd’hui, la totalité des études scientifiques font le constat d’un monde fini, aux ressources limitées. L’épuisement des sols risque de causer des famines. L’aug­mentation de la consommation accélère l’épuisement des énergies fossiles. De manière générale, La biosphère se transforme à grande vitesse : nous la rendons de plus en plus difficilement habitable. C’est une société de manque qui se profile, avec une récession économique, une espérance de vie plus courte, etc.

On assiste ainsi à la coexistence de deux conceptions contradictoires et inconciliables. D’un côté, le pro­ductivisme à court terme, qui ne remet en question ni la sacro-sainte croissance du PIB ni la mentalité consumé­riste. Et de l’autre, une recherche de solutions durables, qui pose la question d’un changement profond des mentalités vers plus de sobriété. Dans ce nouveau paradigme, marxisme et libéralisme économique ne s’opposent plus. Ils sont du même côté, celui des idéologies fondées sur la croyance devenue délirante d’un monde aux ressources illimitées. C’est ainsi, par exemple, que face aux cris d’alarme des écologistes, l’ingé­nieur des Mines et le syndicaliste CGT se retrouvent au coude à coude dans la défense de la filière nucléaire. Admirable illustration du fantastique dégagement de sottise que peut générer la fusion entre productivisme, scientisme, délire de puissance et vision à court terme. Faut-il pour autant s’en remettre aux écologistes ? Voire. Nous verrons cela un peu plus bas.

La deuxième raison, c’est le rôle que continuent de jouer les diverses organisations et groupuscules mar­xistes-léninistes dans les mouvements sociaux. A l’échelle de la société, ils n’ont qu’une capacité politique ré­duite. Mais à l’échelle des mouvements sociaux contemporains, peu puissants, leur influence reste considérable.

Ca a été le cas, par exemple, lors du Mouvement des Places en Grèce de mai-août 2011. Malgré les diffé­rences dogmatiques qui les opposent en temps normal,, les divers vestiges du marxisme (staliniens, maoïstes, trotskystes, sociaux-démocrates à la Mélenchon, etc.) se sont tous unis pour tenter de contrôler le mouvement et de le purger de tout élément radical et démocratique. Ils s’en sont tenus au cadre étriqué de leur agenda : invo­cation naïve d’un retour au keynésianisme, réduction de l’horizon politique de tout mouvement à l’ « élection d’un gouvernement de gauche », étatisme, etc. Ils sont les premiers à essayer de noyauter et de chapeauter tout mouvement social qui exprime des tendances démocratiques et autonomes, tout mouvement, en d’autres termes, qui n’émane pas d’eux.

Quelle légitimité ont-ils à agir ainsi ? Aucune. Leur supposé « savoir suprême », leur conception de la Science et du Progrès retarde d’au moins un demi-siècle. Et quel rôle pourront-ils jouer lorsque – comme c’est à prévoir – les oligarchies imposeront de plus en plus ouvertement l’austérité ? Au lieu de prendre acte de la fin de la société d’abondance et de proposer une société égalitaire basé sur plus de frugalité, ils conforteront les po­pulations dans l’illusion que la société d’abondance est toujours possible. Ils entretiennent déjà cette illusion en scandant « résistance ! ». Bref, ils tromperont leur monde. Ils empêcheront tout changement salutaire de menta­lité. Ils joueront le rôle idéologique, réactionnaire et contre-révolutionnaire qu’ils prêtent volontiers à leurs dé­tracteurs.

La troisième raison, enfin, c’est que la mentalité marxiste-léniniste ne cesse de s’incarner dans de nou­velles figures tout en reprenant les mêmes vieux tropes. Jusque dans les années 1960, les partis et groupuscules des IIIe et IVe Internationales dominaient l’espace politique, avec l’ouvrier comme figure de l’opprimé et du ré­volutionnaire. Dans les années 1960, le gauchisme fut une tentative de sortir de ces schémas, sans parvenir à rompre avec ses postulats. Par exemple, le mouvement libertaire de Mai 68 est vite retombé dans ces ornières, notamment à travers les courants de décolonisation (« comités Vietnam ») : ici, l’ouvrier censé sauver le monde fut remplacé par le paysan du tiers-monde, et le capitalisme comme mécanisme d’oppression, par l’Occidental, alors souvent réduits à la figure auto-flagellatrice du « sale Blanc ». Quelques années plus tard, cette idéologie tiers-mondiste se dépouille de toute prétention théorique et devient la posture humanitaire, avec pour figure le boat-people (1977). Ce fatras devient, dans les années 1980 la sanctification de l’immigré, devenu la figure même de l’opprimé discriminé venant régénérer les sociétés occidentales colonialistes, capitalistes et racistes. La décennie suivante idolâtre la figure du sans-papiers. Cette évolution se déroule dans des petits milieux de plus en plus déconnectés de la réalité vécue par les peuples, mais qui irradient une part importante de la société française (et occidentale), en accompagnant la régression sociale et politique. On aboutit aujourd’hui à un divorce total entre cette mentalité messianique et le vécu des gens. Le terrain est ainsi abandonné aux populistes de tout poil – les Le Pen, les Mélenchon – qui prétendent parler de la « vraie vie des gens », mais qui le font de façon tout aussi délirante et démagogique.

Derrière ce mouvement général, il y a l’idée simpliste d’une division du monde en Bien et Mal. C’est une régression totale, même d’un point de vue théologique. Les opprimés sont devenus pures victimes, et les op­presseurs, des gens ordinaires culpabilisés d’être blancs, hommes, jeunes ou vieux, bénéficiant de droits, etc.

L’étape ultime de ce processus, c’est l’écologie. Dans cette idéologie qui monte, ce n’est plus l’ouvrier ou l’immigré qui est l’incarnation du salut, mais la Nature et les Génération Futures. Et le Mal n’est plus simple­ment le riche ou l’Occidental, mais l’être humain tout court. Il y a même un lien direct entre cette conception et Marx, si l’on va chercher dans ses premiers écrits les fortes tendances primitivistes.

A terme, l’écologie, comme toute autre idéologie, peut servir de base théorique au totalitarisme. Tant que nous nous en remettrons à l’idée qu’un jour, ce sera la Fin de l’Histoire et que nous pourrons poser nos valises, il y aura danger. Nous devons rester perpétuellement vigilants.

Nous dénonçons la mentalité marxiste-léniniste, mais nous sommes au moins autant consternés face au cynisme et au chacun-pour-soi qui imprègnent les comportements ordinaires actuels. Ceux qui ont connu le Front populaire, la Résistance et l’après-guerre ont vécu des temps difficiles, mais au moins, dans l’adversité, ils se serraient les coudes. Ils discutaient, ils s’engueulaient parfois, mais sur un fond de solidarité, d’affection, de convivialité, d’idées généreuses et d’altruisme. A la « grande époque » du PCF (du Parti, comme on disait), les quartiers populaires étaient tenus, les militants éloignaient les jeunes de l’alcool et de la drogue. Les affini­tés politiques contribuaient à un lien social qui n’existe plus aujourd’hui. Mais ceux qui seraient tentés de regar­der ce passé avec nostalgie ne doivent pas oublier le revers de la médaille : les railleries ou les visages durs lorsqu’on n’était pas « dans la ligne » (et la ligne pouvait changer brusquement au gré du vent qui soufflait de Moscou), les intimidations, le conformisme étriqué et moraliste des Thorez, Vermeersch et Duclos, la chasse aux homosexuels, le cassage des gueules dissidentes à coups de manche de pioche. Il y avait les couleuvres du grand frère soviétique qu’il fallait avaler. Et surtout, il y avait l’appréhension d’être exclu du Parti, d’être mis au ban de cet entre-soi qui s’étendait parfois à des villes entières. Dans le monde glacé d’aujourd’hui, de vieux communistes et des jeunes désemparés éprouvent le besoin de se tenir chaud. Cela, nous le comprenons tout à fait. Mais cela ne doit se faire ni au prix de l’oubli des horreurs passées, ni à celui de l’abandon de tout esprit critique.

Aujourd’hui, la notion de classe ouvrière est devenue étrangère aux travailleurs eux-mêmes. Ils se conforment au consumérisme ambiant. Mais le consumérisme n’est pas la seule explication à la disparition de la classe ouvrière comme force politique. Le fait que depuis un siècle, des courants politiques parlent, mas­sacrent et asservissent en son nom n’y est pas étranger non plus.

Le Parti s’est effondré avec la fin des illusions sur le paradis soviétique. « Communiste » n’a jamais été le nom d’une société libre et égalitaire. Ca n’a été que le nom de régimes ignobles. Quelques révolutions ont abouti à de réels progrès sociaux, mais aucune n’a réussi à établir durablement un système de liberté et d’égalité.

On peut réinventer une société libre, égalitaire et fraternelle, mais il faut partir de la réalité actuelle, pas de celle de Marx. Sur ce point, nous n’avons pas le sentiment de rompre avec sa démarche : lui-même essayait de réinventer une société libre, égalitaire et fraternelle. Il partait de la réalité du XIXe siècle, qui n’était déjà plus celle de la Révolution française où ces notions avaient été érigées en principes.

Collectif Lieux Communs, Février – juin 2012


Commentaires

Le marxisme-léninisme, idéologie réactionnaire (2/2)
jeudi 23 janvier 2020 à 18h19

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Au sujet de cet article, sur VLR, une prolongation au débat >>>

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Le marxisme-léninisme, idéologie réactionnaire.

22 janvier 19:05, par Luniterre

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http://mai68.org/spip2/spip.php?article5041#forum4682

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Le marxisme-léninisme, idéologie réactionnaire (2/2)
jeudi 24 janvier 2013 à 22h09 - par  eric

Je ne remettrais pas en cause ton texte, chacun est libre de croire ce qu’il veut. Mais reprocher à Lénine Octobre 17, c’est un peu gros. Si le prolétariat est incapable de dépasser l’étape bourgeoise en cas de révolution dans les pays soumis à l’impérialisme, il est systématiquement par la suite écrasé par la réaction.

Lénine ou Kornilov, voila la réalité objective de la Révolution Russe. Il n’y avait pas d’autres issues.

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Critiquer, disaient-ils...
samedi 18 août 2012 à 14h09 - par  Nebehr

Bonjour, il me semble qu’à force de vouloir vous débarrasser du marxisme-léninisme (peut-être parce que l’auteur de l’article y a cru dans le passé comme on croit à une religion) vous finissez par mettre tout dans le même sac et rendre inutile les distinctions que vous avez faites en début du texte entre le Marx qui croit à la capacité du peuple de s’organiser lui-même et le Marx du sens de l’histoire pour ne retenir que cette dernière comme élément caractéristique de la pensée marxiste. Cela est particulièrement visible dans le traitement très injuste que vous réservez à Lénine : s’il est évident pour tout le monde que dans son action politique il a instauré une dictature bureaucratique et qu’il a voulu détourner l’organisation du travail fordiste au profit du socialisme, tout au long d’écrits comme « L’Etat et la révolution » il énonce clairement l’idée que la machine du pouvoir ne peut pas être simplement détournée de son orientation, mais doit être démantelée et reconstruite par le prolétariat selon ses propres idéaux.

Toujours dans ses écrits, Lénine se montrait franchement opposé à l’idée jacobine que le peuple est ignorant et qu’il doit être constamment guidé par des spécialistes (conception qui sera reprise par Gramsci pour son compte). Voici ce qu’il écrivait en 1901 à propos de la façon de divulguer le savoir auprès du peuple : « La popularisation est toute autre chose que la vulgarisation, de la condescendance. [...] L’écrivain populaire ne présuppose pas que le lecteur ne pense pas, qu’il ne peut ou qu’il ne veut pas penser ; il suppose au contraire en celui-là une intention sérieuse d’utiliser son cerveau et l’aide, le guide dans ses premiers pas, lui apprend à marcher tout seul (je souligne). L’écrivain vulgaire suppose que le lecteur ne pense pas et soit incapable de penser [...], il lui donne les conclusions toutes faites d’une théorie connue de façon que le lecteur n’ait plus à mâcher, mais seulement à avaler ce qu’on lui donne. »

Ce paragraphe montre très clairement que le but du « dirigeant » n’est pas de se substituer à l’individu dans sa pensée et dans son action, mais de l’aider à accomplir ce qu’il était déjà en train de faire et qu’il ne parvient pas à faire tout seul afin qu’il puisse se débarrasser un jour de son maître en le dépassant. Tel est le rôle de toute oeuvre écrite ou de tout discours qui prétend affirmer quelque chose de vrai et le transmettre à un public qui ne maîtrise pas forcément toutes les clés du problème ; s’il n’y avait pas une telle fonction pédagogique on aurait du mal à comprendre pourquoi vous vous donnez autant de peine pour écrire un texte qui analyse dans le détail les défauts du marxisme-léninisme, alors que vous auriez pu tout simplement écrire « le marxisme-léninisme c’est mal » et laisser à la raison individuelle de reconnaître que vous avez raison. Tels des bons aristotéliciens, vous supposez au fond que chaque individu naît avec la pleine maîtrise de son action et de ses connaissances, et en cela rien ne vous distingue de l’idéologie contemporaine du self-made man qui conduit au chacun-pour-soi - que vous introduisez vers la fin de votre texte comme si l’ombre d’un doute vous avait assaillit au sujet du bien fondé de votre propos.

Vous auriez donc mieux fait à insister sur l’hésitation ou carrément la schizophrénie des auteurs considérés plutôt que de les réduire à l’une seule de leurs deux orientations contradictoires, celle évidemment qui est morte depuis longtemps ; c’est ce qu’on appelle justement la critique. Mais on comprend que le texte n’était qu’une façon pour l’auteur de faire son parricide.

Cela étant dit, je partage l’idée que la pensée marxiste-léniniste doit être sortie de l’état d’hibernation à laquelle l’ont réduite les partis communistes en agonie pour être critiquée à la lumière des évolutions récentes de la société. La discipline militaire des organisations de lutte est elle aussi à remettre en question, précisément parce qu’elle pousse les individus à « avaler ce qu’on leur donne » plutôt qu’au développement de leur esprit critique. Mais on ne saurait par contre renoncer à l’impulsion qu’elles donnent à la mobilisation collective : dans des pays comme l’Allemagne ou l’Italie où les idéaux communistes n’exercent plus aucune influence sur la collectivité la tendance au désarroi et à la résignation face à la toute-puissance du néolibéralisme se fait sentir de façon bien plus lourde que là où la tradition a survécu. Que la lutte continue alors !

mardi 28 août 2012 à 01h46

Oui, cher camaraaaade !

Mais si effectivement Lenine a dit blanc une fois ou deux, mais qu’il a fait toujours noir, et noir foncé, dans la pratique, alors elle se situe où l’analyse « matérialiste » ? Dans ce qu’il a dit ou dans ce qu’il a fait ?

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