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samedi 31 décembre 2011
par  LieuxCommuns

Eléments de réflexion pour une critique de la famille et du couple

Avril 1998 Daniel Lapon, 110, rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris 1 - Evelyne Le Garrec : “ Un lit à soi ”, Seuil, 1979, 252 p. “ Cette structure à deux [le couple], caricature de communauté réduite à sa plus simple expression, fait écran entre soi et tous les autres. La cohabitation (…)

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mardi 3 janvier 2012 à 14h42 - par  Aron

Bonjour,

lecteur assidu de vos analyses politiques qui m’éclairent (et m’aident à tenir quelque chose là où je suis), j’avoue avoir été quelque peu agacé par la lecture, rapide c’est vrai, de cet article.

Il est certain qu’aillant fait le choix d’une vie de famille avec trois marmots la critique ait porté. En plein dans le bide. Mais, je le crois sincèrement, il me semble que ce serait trop court de réduire mon agacement à cela.

S’il parait évident qu’il soit encore (et toujours) nécessaire de faire la critique de la famille et du couple, je trouve que l’enfilade des citations en réduit la porté. Car au fond, vous qu’est ce que vous en pensez ? Je ne saurais, du moins ici, reprendre tous les points de grincement. J’en extrairais juste un qui a lui seul me parait signifiant :

« Que vaut-il mieux : la sécurité dans la cohabitation et l’aliénation qu’elle semble entraîner inévitablement, ou les difficultés de la solitude ? »

A en croire Evelyne Le Garrec, l’aliénation serait du côté du couple, la solitude en préserverait. Est ce sérieux ? Et pourquoi la solitude ne serait-elle pas au contraire un bon moteur, pour ceux qui la vive, qui les amènerait à croire pouvoir combler le vide...ce vide de l’existence qui reste définitivement difficile à affronter. Si ce n’est pas avec l’amour d’un autre, pourquoi pas avec la possession d’objets ? Un tremplin pour la consommation, une fuite en avant. N’est ce pas cela que nous vend aussi le capitalisme...une vie bien remplie où au fond on aurait pas à se coltiner de l’autre et où il suffirait de tirer son coup de temps en temps (et pourquoi pas chez les putes) pour pouvoir s’épanouir pleinement en tant qu’individu libre. Libre de tout.

L’idée d’une désaliénation totale, et donc du couple et de la famille, ne serait-elle pas un versant de l’illimitation dont parle Castoriadis pour qualifier l’imaginaire capitaliste ? (c’est une question. Ce qui me fait penser à ceci qu’aujourd’hui les révolutionnaires - en occident - sont les capitalistes qui appellent à se déraciner, à changer, à se transformer, etc.)

Par ailleurs, il me semble que l’on peut vivre la solitude même au sein du couple. Si cette solitude est subie, alors oui, le couple peut bien être un lieu de mort et d’aliénation, un enfermement, une réduction de l’individu à n’être qu’un figurant d’une institution sociale. Mais il me semble que l’on peut aussi envisager dans le couple, une solitude choisie, à qui une place est laissée, comme garantie justement d’avoir à s’affronter avec le vide de l’existence. Pourquoi le couple ne pourrait être envisagé que comme possession de l’autre, de son temps, de sa vie ?

Quant à la sécurité dans le couple, si on ne peut nier, les effets de confort (je pense ici à tous ces gens qui se marient, prennent quelques kilos et enfin s’habillent en jogging - le même bien sûr-), il me parait bien rapide d’y voir une sécurité absolue. Je crois qu’un couple marié sur deux en France se sépare... Et puis un couple, c’est pas toujours la fête où un long fleuve tranquille. N’est ce pas plus une question de posture ? Sans doute que lorsque l’on commence à se sentir en sécurité, trop en sécurité, alors effectivement il faut s’interroger. Le couple pourrait être aussi envisagé comme une vigilance à avoir vis à vis de l’autre. Vigilance au sens d’y faire attention. Attention à ne pas. Mais heureusement aussi que le couple est un lieu de réconfort, où l’on se ressaisit dans le regard de l’autre.

Là où peut être nous pourrions trouver une interrogation commune, c’est sur la place du couple dans une société autonome ? Est ce que le couple n’est pas le premier lieu, bien que privé, d’une mise en acte de la politique ? Si Françoise l’Héritier nous dit qu’ “ (...) Une revendication féminine totale pour l’autonomie, l’égalité et l’accès au pouvoir ne peut (...) se contenter du seul partage entre les sexes, les tâches, autres que maternelles,", on peut penser qu’elle pourrait déjà commencer par là (et je n’exclurais pas pour ma part les tâches maternelles) , non ? N’est il pas possible de penser la couple et la famille autrement ? Même si, j’en conviens, nous vivons une basse époque...

J’espère ne pas avoir été trop long et avoir donné une forme acceptable à mon agacement, mes salutations fraternelles,

Aron

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