Pour sortir de « l’agacement » et de la condescendance envers ceux "qui
tirent leur coup chez les putes et/ou qui prennent des kilos et
s’habillent en jogging..." mais aussi de la recherche égoique de la
validation de quelques choix de vie par quelque individu ou groupe que ce
soit, bref pour commencer à penser la question du couple et de la famille
honnêtement et sans fard, on pourrait d’abord prendre exemple sur ces
femmes antillaises qui tentent - en toute simplicité mais avec profondeur
et surtout loin des salons pseudo-intellectuels et des formules empruntées
(mais non digérées) - de s’interroger avec lucidité sur le poids de leurs
déterminismes culturels dans leur relation aux hommes, au couple et à la
famille, et par là-même de s’en émanciper.
http://www.franceculture.fr/emissio...
Enfin, et au risque d’agacer un peu plus...
Une citation, tirée de « La Culture du narcissisme » de C. Lasch (pp.
82-83.) qui, dans cet ouvrage - et loin de toute nostalgie réactionnaire
du schéma patriarcal de la famille - esquisse les traits de la famille
post-moderne, pour ne pas dire totalitaire ; du tout « Papa » au tout « Moi »,
pourrait-on résumer...Thématique explorée et approfondie dans " Un refuge
dans ce monde impitoyable. La famille assiégée, 1977), Bourin Éditeur,
2012, du même auteur.
« Les nouvelles formes sociales requièrent de nouvelles configurations de
la personnalité, de nouveaux modes de relations, de nouvelles façons de
percevoir et d’organiser les expériences individuelles. Le narcissisme est
un concept qui ne nous fournit pas un déterminisme psychologique tout
fait, mais une manière de comprendre l’effet psychologique des récents
changements sociaux — à condition toutefois de garder à l’esprit non
seulement les origines cliniques du narcissisme, mais également l’idée que
le normal et le pathologique forment un continuum. En d’autres termes, ce
concept nous donne un portrait passablement exact de la personnalité
“libérée” de notre temps, avec son charme, la pseudo-conscience de sa
propre condition, sa sexualité tous azimuts, sa fascination pour la
sexualité orale, sa peur de la mère castratrice (Mme Portnoy (1)), son
hypocondrie, sa superficialité défensive, sa crainte de la dépendance, son
incapacité à s’affliger de la peine d’autrui, sa terreur de vieillir et de
mourir.
De fait, le narcissisme semble représenter la meilleure manière d’endurer
les tensions et anxiétés de la vie moderne. Les conditions sociales qui
prédominent tendent donc à faire surgir les traits narcissiques présents,
à différents degrés, en chacun de nous. Ces conditions ont également
transformé la famille qui, à son tour, modèle différemment la structure de
base de la personnalité de l’enfant. Une société qui ne croit pas avoir
d’avenir est peu portée à s’intéresser aux besoins de la génération
montante ; le sens omniprésent d’une discontinuité historique — plaie de
notre société — atteint la famille avec un effet particulièrement
dévastateur. Les parents modernes tentent de faire en sorte que leurs
enfants se sentent aimés et voulus ; mais cela ne cache guère une froideur
sous-jacente, éloignement typique de ceux qui ont peu à transmettre à la
génération suivante et qui ont décidé, de toute façon, de donner priorité
à leur droit de s’accomplir eux-mêmes. L’association du détachement
affectif et d’un comportement destiné à convaincre l’enfant de sa position
privilégiée dans la famille constitue un terrain d’élection pour
l’éclosion de la structure narcissique de la personnalité. »
1. Mme Portnoy : la mère du narrateur dans le roman de Philip Roth,
Portnoy’s Complaint (traduction française : Portnoy et son complexe,
Gallimard, 1970). C’est sur le portrait de cette typique mamma juive
américaine que s’ouvre le roman dont le premier chapitre s’intitule : «
L’être le plus inoubliable que j’aie jamais rencontré » (n.d.t.)
« La Culture du narcissisme » de C. Lasch – La vie américaine à un âge de
déclin des espérances, 1979), Climats, 2000 de C. Lasch.
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