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mercredi 16 février 2011
par  LieuxCommuns

Sur le mouvement social d’octobre 2010

Ce texte fait partie de la brochure n°16 « Octobre 2010 - La lutte à la croisée des chemins ». Elle est en vente pour 2€ dans nos librairies. Son achat permet notre auto-financement et constitue un soutien aux librairies indépendantes (vous pouvez également nous aider à la diffusion). Il est (…)

En réponse à...

mercredi 16 février 2011 à 11h05

Salut, camarades !

Nous vous avons laissés en de bonnes mains, lorsque nous vous avons quittés, mercredi soir et j’espère que vous en avez tiré le plus grand profit...

Je dois dire que j’ai été assez déçu par la discussion, surtout celle qui a porté sur l’idée de l’égalité des revenus. Elle a souffert du même défaut que le tract sur le même sujet, à savoir que cette idée n’était pas explicitement reliée à l’hypothèse qui la sous-tend nécessairement, celle d’une révolution débouchant sur une société autonome. Lorsque L. a passé en revue les différentes justifications avancées par la société actuelle pour justifier l’inégalité des rémunérations et s’est efforcé de montrer leur inconsistance, il aurait sans doute dû aboutir à la conclusion qui s’impose : qu’elle n’a d’autre “justification” que l’exploitation, comme disait Castoriadis, ou plus profondément, si je puis me permettre, la domination. De ce fait, l’égalité des revenus est nécessairement liée à l’abolition de l’exploitation. Cela clarifié, la discussion aurait peut-être évité de soulever toutes sortes de cas particuliers qui font problème essentiellement dans le contexte de la société actuelle.

Concernant la question de la rareté, je n’ai pas été clair lorsque j’ai qualifié la société capitaliste développée de ‘société d’abondance’ et T. a eu raison de souligner la prégnance que conserve aujourd’hui la notion de rareté. J’aurais dû préciser que ce qui avait été dépassé par le développement du capitalisme au Xxème S. c’est la rareté au sens où l’entendaient les économistes classiques et, par exemple, Malthus c’est-à-dire une rareté objective, fatale, notamment s’agissant des denrées alimentaires. Aujourd’hui, nous avons – pas tout le monde, évidemment – pris conscience de la finitude des ressources ; mais cette finitude n’est rareté que pour un état donné de la technique et des rapports sociaux. Aussi peut-on dire, je crois, que nous vivons dans une situation d’abondance potentielle – et c’était d’ailleurs ainsi que l’entendait (plus ou moins explicitement) Bookchin qui a été l’un des premiers parmi les penseurs révolutionnaires à prendre conscience du monstrueux gaspillage de l’ “abondance” capitaliste et notamment de la destruction du milieu et des ressources naturelles résultant de l’organisation sociale et de l’idéologie capitalistes. Cette finitude des ressources ne menace pas les gens de famine ni même de misère – et même dans le Tiers Monde, la responsabilité des structures capitalistes et pré-capitalistes est centrale dans ces calamités. Il me paraît clair qu’une consommation sobre et soucieuse de la préservation et du renouvellement des ressources signifierait, si elle était également distribuée, une “aisance” qui n’aurait pas grand chose à voir avec le strict maintien de la vie – et cela, j’en suis persuadé, même pour des populations aujourd’hui “en voie de développement”.

Sur le “mouvement” récent, l’analyse qu’en a faite T. m’a paru assez juste, bien qu’un peu trop catégorique dans le bilan qu’il en a dressé en conclusion. Pour ma part, je ne saurais le formuler en termes de victoire (évidemment pas) ni de défaite : c’est un mouvement ambigu, dont les motivations se situent, je crois, à des niveaux différents – superficiel, s’agissant de la tentative de faire reculer le gouvernement, objectif auquel bien des participants ne croyaient qu’à moitié -, assez profond s’agissant de l’indignation face au régime politique et aux abus de l’oligarchie. Aussi se pourrait-il bien que cette indignation ressurgisse un de ces jours. Je me demande si, parmi les participants (autres que ceux qui ont si facilement le mot de révolution à la bouche) beaucoup n’ont pas reculé, effrayés par l’énormité de ce que cette indignation mettait en jeu... Cela dit, je ne suis pas d’accord avec K. pour réduire les mouvements qui se succèdent en France depuis quinze ou vingt ans à une sorte de dispositif de régulation du capitalisme français. On pouvait en dire autant de la bonne vieille lute de classe – et même (c’était la thèse de S ou B) qu’elle avait obligé le capitalisme à se transformer pour survivre. Seulement S ou B s’attachait aussi à détecter dans chaque manifestation singulière de cette lutte de classe ce qui pouvait aller dans le sens de l’autonomie, de l’égalité, etc. Et je crois que la tâche d’un groupe révolutionnaire reste celle-là, au delà de la nécessaire démystification. Pour terminer par le coup de pied de l’âne, j’ai parfois l’impression que, outre l’idée essentielle de l’autonomie, vous ( ou peut-être surtout K. – dépressif ?) vous reprenez, paradoxalement, des idées de CC surtout celles qui l’ont convaincu de mettre un terme à la revue et au groupe, notamment celle de la “privatisation” et celles, développées plus tard, du conformisme généralisé ou de la montée de l’insignifiance – thèmes qui, selon moi, sont plus descriptifs qu’analytiques et qui dénotent, sauf le respect que je dois à mon cher CC, une sorte de dépit amoureux à l’égard de la société moderne qui n’a pas tenu ses promesses...

Très cordialement à vous,

D.

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