Pourquoi nous ne votons pas

dimanche 2 août 2009
par  LieuxCommuns

Pourquoi nous ne votons pas

Même si la campagne électorale était parfaite, même s’il y avait des candidats avec des programmes parfaits, il ne faudrait pas voter. Car nous sommes pour la démocratie, où les citoyens sont parfaitement égaux, et ne votent pas pour élire leurs représentants mais pour prendre des décisions importantes concernant leur sort. Dans la démocratie, il n’y a pas des représentants mais des magistrats désignés par tirage au sort et toujours révocables.

Nous ne votons pas aux élections présidentielles, parce que nous revendiquons l’égalité politique parfaite. Cette revendication est contenue dans la proposition générale suivante : droit à la discussion (délibération en commun), à la proposition et à la décision pour tous les citoyens et toutes les citoyennes, et ce sur tous les sujets de la vie en commun, de la vie dans la société. Cette revendication concerne tous les citoyens et les unit tous. C’est également une exigence qui peut et doit être réclamée immédiatement. Sa réalisation correspond à l’adoption de la seule égalité politique authentique de tous les membres du corps politique. Au lieu de l’équation « un homme, une voix », réduisant le citoyen à un simple électeur, l’égalité politique absolue met en place la seule équation pleinement démocratique : tout citoyen est décideur. Elle met fin, une fois pour toutes, à la division fixe du corps politique entre gouvernants et gouvernés, qui en réalité est division permanente entre décideurs et exécutants. Elle applique ainsi la définition la plus démocratique concevable du citoyen, la définition incontournable proposée par Aristote : est citoyen celui qui participe, à tour de rôle, à un pouvoir.

Nous ne votons pas aux élections présidentielles, car avec Cornelius Castoriadis nous considérons que « la démocratie “représentative”, en fait négation de la démocratie, est la grande mystification politique des temps modernes […] Et de pair avec cette mystification va la mystification des élections. Les élections ne sont pas une institution ou une procédure démocratique. » « La pensée politique », dans Ce qui fait la Grèce, Seuil, 2004, p. 299.

Et avec Hannah Arendt « nous voulons participer […], nous voulons discuter et faire entendre publiquement notre voix, nous voulons avoir la possibilité de déterminer l’orientation politique de notre pays. Puisque ce pays est trop vaste et trop peuplé pour que nous puissions nous rassembler tous en vue de déterminer notre avenir, nous avons besoin d’un certain nombre de lieux politiques. L’isoloir à l’intérieur duquel nous déposons notre bulletin de vote est certainement trop étroit, car seule une personne peut s’y tenir. » « Politique et révolution », dans Du mensonge à la violence, Presses Pocket, collection « Agora », 1989, p. 240.

nicos iliopoulos 20 avril 2007


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