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samedi 27 juin 2009
par  LieuxCommuns

Quand un stalinoïde prétend traiter de la démocratie, Rancière

Texte extrait du bulletin de G.Fargette « Le crépuscule du XXième siècle », n° 18-19-20, mai 2008 Voir l’introduction générale : « La très significative survivance des stalino-gauchistes » Quand un stalinoïde prétend traiter de la démocratie, Rancière Un entretien étrangement confus ( « (…)

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mardi 26 janvier 2010 à 14h45 - par  Nicolas Poirier

Commentaire sur le rapport Castoriadis-Rancière

Lorsque j’ai commencé à lire Rancière, j’avais l’impression que le couple police-politique jouait un peu le même rôle que le couple institué-instituant (ou le politique - la politique) chez Castoriadis. D’une certaine façon, Rancière assume pleinement la position radicale du pouvoir instituant (la politique) au delà de l’institué (la police) mais visiblement il ne pense pas la nécessité d’un pouvoir institué. Il partage aussi avec Castoriadis le même rapport critique à Platon et défend une forme d’agir démocratique radical. Je crois que pour lui l’institution doit se comprendre comme un partage des places, une distribution symbolique des fonctions et une distribution matérielle des richesses, et que la politique (l’émancipation) doit justement bouleverser cette articulation, en rendant visible ce qui devait rester invisible, audible ce qui devait rester inaudible, en faisant ressortir ainsi ce qu’il y a d’hétérogène (l’exigence d’égalité) dans cette trame homogène où chacun est censé être à sa place, et qui recouvre bon nombre d’inégalités. Plus largement , je crois que la matrice intellectuelle de Rancière est à chercher dans la thématique de la plèbe selon Foucault, avec cette idée d’une sorte d’insurrection « plébeienne » qui ne cherche pas à se traduire par une transformation effective des rapports de pouvoir, mais se borne à exister en tant que puissance de contestation. Rancière est aussi paradoxalement plus proche de Lefort, puisque pour Lefort, l’agir démocratique ne consiste pas à prendre le pouvoir pour le transformer radicalement en un sens démocratique, mais à revendiquer des droits contre lui. Les positions défendues par Rancière sont dans un tout autre contexte (écroulement du « socialisme réel » notamment) très proches des positions que défendait Lefort dans les années 1960 (voir certains de ses textes repris dans Elements d’une critique de la bureaucratie, Tel, 1979)

Donc pour Castoriadis il faut penser ensemble l’instituant et l’institué, dans un rapport d’union et de tension, l’instituant assumant la nécessité à un moment donné de s’instituer, d’où l’idée que le demos doit obéir à la loi qu’il se donne. Il y a un moment nécessaire de l’instituant (la remise en cause) et un moment nécessaire de l’institué (l’obéissance à la loi). Le fonctionnement normal d’une société démocratique ce serait pour Castoriadis la chose suivante : le pouvoir est explicité dans toutes ses dimensions, les individus y participent totalement, ils créent des lois, des institutions qu’ils doivent en même temps pouvoir transformer toujours à nouveau. il faudrait un mode d’institution qui rende possible et légitime la désobéissance tout autant que l’obéissance ; la démocratie est sans doute fondée sur une injonction paradoxale : « je t’ordonne de désobéir ».

Pour Rancière je crois qu’il faut penser l’instituant contre l’institué. L’institué peut être transformé sous l’action de l’instituant, mais d’après Rancière il ne semble pas y avoir de sens à ce que l’instituant s’incarne en tant que pouvoir institué.

Je dirai que Rancière pense la politique sans l’institution, en ce sens pour lui il y a aura toujours un pouvoir oligarchique qu’il faut se borner à contester. D’un certain point de vue il reconnait implicitement que le principe de domination existera toujours. Castoriadis va sans doute plus loin, en ce sens son projet est effectivement révolutionnaire, car il s’agit de changer le rapport de l’instituant au pouvoir, mais en même temps, cela oblige de penser un principe d’autorité instituée avec ce que cela peut comporter d’un peu « désagréable » (système d’obligations, sanctions éventuelles.....) Je crois que Michéa est plus proche de Castoriadis, mais je me méfie un peu de cette « nostalgie » pour la société décente d’avant la révolution libérale, j’ai l’impression que Michéa refuse net de penser l« idée d’individualité, de subjectivité, qu’il ramène trop facilement peut être à une expression pathologique de narcissisme. Or je crois, c’est un peu le sens du contrat narcissique selon Piera aulagnier, que le »narcissisme" (la construction du soi, l’instauration d’un rapport réflexif à soi) est un « projet » plus qu’une pathologie. Ceci dit je peux me tromper en lui imputant des choses fausses, je connais trop mal Michéa.

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