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CONCLUSION
Le sens de la révolution hongroise
« L’émancipation des ouvriers... implique l’émancipation universelle de l’homme ; or celle-ci y est incluse parce que tout l’asservissement de l’homme est impliqué dans le rapport de l’ouvrier à la production et que tous les rapports de servitude ne sont que des variantes et des conséquences de ce rapport. »
K. Marx – Manuscrits de 1844.
Quand les Hongrois furent définitivement écrasés, le crocodile occidental se mit à pleurer. Mais il avait l’air assez satisfait sous ses larmes.
Nous avons déjà vu qu’à l’Ouest, les commentaires « politiques » furent centrés sur les aspects nationalistes de la révolution, sans égard pour leur importance minime. Pourquoi les politiciens occidentaux mettaient-ils tant de nuances dans leur soutien et pourquoi se montaient-ils si parcimonieux dans leurs louanges de l’Octobre hongrois ? Fondamentalement, parce qu’ils étaient opposés à ses méthodes comme à ses buts.
« L’opinion la plus répandue parmi les officiels américains était que le mot « évolution » vers la liberté en Europe de l’Est conviendrait mieux pour tous les intéressés que le mot « révolution », bien que personne ne l’ait dit. publiquement. » [1] Et, en ce qui concerne les buts, s’imagine-t-on le président des États-Unis, la Chambre des Représentants, le premier ministre britannique, le gouvernement de Sa Majesté, la Loyale Opposition de Sa Majesté, le secrétaire général du T.U.C. [2] ou les dirigeants syndicaux de Sa Majesté en train de soutenir les visées sociales, économiques et politiques qui étaient à la base de la révolution hongroise ? Quel est le gouvernement capitaliste qui aurait appuyé sans arrière-pensées un peuple qui demandait « la gestion ouvrière de l’industrie » et qui commençait déjà à la mettre en œuvre sur une échelle de plus en plus large ? II est possible que les gouvernements capitalistes fassent la guerre pour protéger leur propres intérêts de classe, mais on les imagine mal en train de faire la guerre pour protéger les intérêts d’une révolution qui, dans tous les domaines, les avait, tout autant que leurs homologues bureaucratiques de l’Est, rendus aussi manifestement inutiles. Car, comme l’a écrit Peter Fryer, la révolution hongroise montra « que de simples ouvriers et ouvrières étaient capables de prendre leurs affaires dans leurs propres mains et de les gérer sans une caste spéciale de fonctionnaires » [3].
Les observateurs naïfs ne pouvaient comprendre pourquoi l’Ouest, ayant « fait défaut » en n’assumant pas une initiative militaire en Hongrie, n’eut pas tout au moins un geste politique à l’égard de ce pays. Ils poussèrent des cris d’indignation, à l’O.N.U. et ailleurs. Mais une initiative poli tique effective aurait impliqué le soutien, la clarification et la discussion des principales revendications des travailleurs hongrois, celles qui étaient la cheville ouvrière de la révolution et, en particulier, la revendication sans laquelle cette révolution n’aurait en rien été celle du peuple : le pouvoir ouvrier, c’est-à-dire un changement complet dans les rapports de production.
« Les rapports de production (patron-ouvrier, dirigeant-dirigé, celui qui donne les ordres-celui qui les reçoit) demeurent le fondement de la structure de classe de toute société. Dans tous les pays du monde, ces rapports sont des rapports capitalistes, parce qu’ils sont fondés sur le travail salarié. » [4] La classe ouvrière hongroise tenta de dépasser la société de classes en s’attaquant à la racine même du système social.
Certains observateurs occidentaux estimèrent que ses méthodes étaient « chaotiques ». Ils déplorèrent « l’absence d’organisation ». Mais les travailleurs hongrois avaient saisi d’instinct, même s’ils ne l’ont probablement pas déclaré explicitement, qu’ils devaient rompre complètement avec les formes d’organisation traditionnelles qui, pendant des années, les avaient pris au piège au même titre que la classe ouvrière occidentale. Ce fut là leur force. Ils se rendirent compte que cela signifiait aussi rompre avec les institutions qu’ils avaient eux-mêmes créées, à l’origine en vue de leur émancipation, et qui, par la suite, étaient devenues des entraves pour eux. De nouveaux organes de lutte furent créés : les Conseils Ouvriers, qui incarnaient d’une manière embryonnaire la nouvelle société qu’ils cherchaient à construire. On pouvait difficilement s’attendre à ce que les « observateurs » occidentaux reconnaissent tout cela ou à ce qu’ils s’étendent sur le sujet !
La classe ouvrière d’Europe occidentale, bien qu’ébranlée par la lutte de ses camarades hongrois, demeura passive. Et pourtant, elle seule avait le pouvoir de sauver la révolution. Mais les ouvriers restèrent dans l’expectative, car ils étaient (et sont toujours) sous l’influence idéologique des « directions » de « leurs organisations ». La dégénérescence de ces organisations n’est pas due à la « trahison » de « mauvais dirigeants ». « Le problème a des racines beaucoup plus profondes... Les organisations politiques et syndicales de la classe ouvrière ont de plus en plus adopté les objectifs, les méthodes, la philosophie et les modèles d’organisation de la société qu’elles essayent précisément de renverser. Une division croissante entre les dirigeants et les dirigés, entre ceux qui donnent les ordres et ceux qui les reçoivent, s’est développée dans leurs rangs. Le point culminant en est le développement d’une bureaucratie de la classe ouvrière qui ne peut être ni éliminée, ni contrôlée. Cette bureaucratie poursuit ses propres objectifs. » [5] Une fois que l’on s’en rendra compte et que l’on agira en conséquence, les jours de la bureaucratie seront comptés.
Dans l’organisation de leurs Conseils Ouvriers et dans la réorganisation de leur syndicats, les Hongrois ont montré qu’ils étaient pleinement conscients du fait que « l’organisation révolutionnaire ne pourra combattre la tendance à la bureaucratisation que si elle fonctionne elle-même suivant les principes de la démocratie prolétarienne et d’une manière consciemment anti-bureaucratique ». [6]. Les différents Conseils qui surgirent dans tout le pays avaient la plus large autonomie possible. Pour autant que nous avons pu en juger, jamais personne ne remit en question le principe de révocabilité à tout des déléguées élus aux Conseils Centraux. Ce principe devint immédiatement une réalité, automatiquement acceptée et tenue pour compte.
Le massacre des Hongrois, la destruction des organisations qu’ils avaient construites pendant leur brève période de liberté et la totale reprise en mains de tous les aspects de leur vie par la bureaucratie marqua la fin d’une époque : l’ère pendant laquelle les bureaucrates russes avaient partiellement réussi – malgré Staline – à se faire passer pour les défenseurs du socialisme et les champions de la classe ouvrière. Les choses ont changé une fois pour toutes.
La révolution hongroise d’octobre 1956 a laissé un message écrit avec le sang de milliers de simples ouvriers, des jeunes surtout : aujourd’hui, dans le monde entier, la lutte de classes n’est pas une lutte entre l’Est et l’Ouest, entre les partis de gauche et les partis de droite, ou entre les patrons et les dirigeants syndicaux ; c’est la lutte de la classe ouvrière pour sa propre émancipation. C’est la lutte de la classe ouvrière contre tous les régimes, toutes les institutions et toutes les idéologies bureaucratiques, qui, à l’Est comme à l’Ouest se mettent en travers de sa marche vers la liberté.
Quel que soit le nom que l’on donne à la société nouvelle à laquelle nous aspirons – la société sans classes où les hommes seront vraiment libres de développer pleinement leur personnalité et de diriger tous les aspects de leur vie – quel que soit le nom qu’on lui donne, sa mise en place dépendra de plusieurs choses essentielles. Elle dépendra d’une attitude à l’égard du« sommet » radicalement différente et nouvelle par rapport à celle qui prédomine aujourd’hui dans les organisations traditionnelles de la « gauche ». Elle dépendra du degré de compréhension du fait que l’objectif de la révolution n’est pas seulement un changement dans la détention formelle de la propriété, mais qu’elle réside aussi dans l’abolition de toutes les couches sociales qui n’existent que pour diriger de l’extérieur l’activité du reste de la société. Enfin, une troisième condition, c’est que les travailleurs réalisent qu’ils sont capables de diriger la société et se rendent compte du besoin urgent qu’ils ont de le faire. Sans cela, on ne peut progresser vers la solution des gigantesques problèmes auxquels l’humanité est confrontée (et le moindre des ces problèmes n’est pas de savoir si l’aube se lèvera encore demain ou si nous serons tous exterminés dans un holocauste nucléaire).
De célèbres intellectuels ont écrit des ouvrages très doctes sur les problèmes d’un monde où la vie pourrait être balayée de la surface de la terre par les décisions et les actes d’une infime minorité d’individus. A cause de leur position particulière au sein de la société, un petit nombre seulement de ces intellectuels a osé parler ouvertement et pro clamer que la solution de ces problèmes implique une profonde révolution sociale où les travailleurs – l’immense majorité du genre humain – prendront le pouvoir en mains propre et procédant à la construction d’une société où ils seront les maîtres de leurs destinées. Ils devront le faire d’eux-mêmes et ne pourront déléguer cette tâche à personne. La véritable liberté dépendra du degré de compréhension de cette tâche révolutionnaire et de sa mise en pratique.
ANNEXES
Chronologie des événements de l’année 1957 1er janvier Dans un message prononcé à l’occasion de la nouvelle année, Miklós Samogyi, président du Conseil National des Syndicats Libres (qui viennent d’être « réorganisés ») s’adresse aux mineurs : « Mineurs, nous vous prions de nous donner plus de charbon ! ». Les mineurs « leur » donnent plus de charbon – plus de charbon laissé au fond des puits ! 3 janvier Les mineurs de Tatabánya (où le production est réduite à 3% de la normale depuis la seconde intervention russe) sont à nouveau en grève, cette fois pour protester contre l’arrestation de 12 de leurs camarades de travail. Népszabadság. relate que l’on a découvert « de grandes quantités d’armes et de munitions cachées à l’entrée d’un puits de mine dans la ville minière de Várpalota ». 4 janvier Une cour militaire condamne à mort un ouvrier des transports âgé de 25 ans pour détention illégale d’armes le 30 octobre 19 56 (c’est-à-dire avant même que le gouvernement Kádár ne soit en place). 5 janvier A la suite d’une visite à Budapest, Nikita Krouchtchev déclare : « En Hongrie tout est rentré dans l’ordre ». 6 janvier Kádár fait une déclaration concernant les « tâches principales » du gouvernement : « Les troupes russes resteront en Hongrie pour l’instant, de manière à combattre l’ensemble de l’attaque impérialiste... Le problème de leur retraite fera l’objet de négociations entre l’U.R.S.S. et la Hongrie ». La déclaration salue l’avènement des Conseils ouvriers comme « une des plus grandes réalisations du régime », mais à l’avenir, leur fonction devra être légèrement modifiée. Leur rôle sera d’assurer « que les ouvriers se plient strictement aux décisions du gouvernement ». Par suite de sévères mesures d’intimidation (nombre de leurs camarades sont arrêtés et on pense que certains ont déjà été exécutés), les membres des Conseils Ouvriers commencent à démissionner. 8 janvier Le Conseil Ouvrier Central de Csepel démissionne en bloc et publie le communiqué suivant : « Ce sont les événements immémoriaux de la révolution du 2.3 octobre qui nous ont donné le jour pour que nous puissions bâtir une Hongrie libre, indépendante et démocratique et poser les fondements d’un mode de vie libéré de toute crainte. Cependant les événements qui se sont déroulés entre-temps nous ont empêché de remplir notre mandat. Il faudrait que nous n’ayons d’autre rôle que celui de mettre à exécution les ordres du gouvernement. Nous ne pouvons exécuter des ordres qui contredisent notre mandat. Nous ne pouvons rester là, passifs, alors que des membres des Conseils Ouvriers se font arrêter et harceler, et alors que l’on stigmatise l’œuvre tout entière des Conseils Ouvriers en la qualifiant de « contre-révolutionnaire ». Pour ces motifs, et quel que soit le sort qui nous attend personnellement, nous avons décidé unanimement de remettre notre mandat. Notre décision ne signifie pas que nous tentions d’échapper à nos responsabilités. Nous sommes convaincus que si nous continuions à exister, cela contribuerait à tromper nos camarades. Nous rendons par conséquent notre mandat aux travailleurs ». 9 janvier Agitation dans les usines : les grèves et les manifestations éclatent dans tout le pays. 10 janvier Des ouvriers manifestent à Csepel contre la nomination d’un commissaire du gouvernement et d’un directeur aux ateliers de construction mécanique. La milice, renforcée par les troupes russes intervient. Les ouvriers sont dispersés après trois heures de bagarres. La situation à Csepel est si tendue que le gouvernement interdit aux journalistes de se rendre sur l’île. 11 janvier Un communiqué officiel parle d’un tué et de six blessés dans les « désordres » aux ateliers de construction mécanique de Csepel. 13 janvier Communiqué officiel à la radio : par suite d’activités « contre-révolutionnaires » ininterrompues dans l’industrie, les tribunaux de justice sommaire voient leur pouvoir étendu par la possibilité d’appliquer la peine de mort à quasiment tout ce qui s’oppose au gouvernement de Kádár. Ainsi. en plus de la peine de mort pour quiconque appelle à la grève, le nouveau décret déclare même qu’il est illégal pour les travailleurs de discuter de l’éventualité d’une grève. 15 janvier « Le Conseil Central des Travailleurs Hongrois a publié un manifeste adressé aux ouvriers. On y peut lire qu’il n’y a qu’une chose à faire : se battre jusqu’au bout contre la terreur des oppresseurs russes assistés de leurs valets hongrois. La déclaration ajoute que c’est une question « d’être ou ne pas être ». Cependant, à cause de la terreur et de la peine de mort encourue ne serait-ce que pour distribution de tracts, le Conseil exhorte les travailleurs à répandre de bouche à oreille toutes les nouvelles qui concernent les actions clandestines. Le sabotage et la résistance passive sont à l’ordre du jour. La grève et le travail ralenti sont recommandés. » (Le Times). 17 janvier Dissolution par décret de l’Union des Écrivains. 19 janvier Dissolution par décret de l’Union des Journalistes. János Szabó, un ouvrier déjà âgé qui a joué un rôle déterminant dans les batailles· de la place Széna, est exécuté. 21 janvier « Les vagues d’arrestations arbitraires se poursuivent. Des centaines des membres des Conseils révolutionnaires sont en prison. Au cours de la semaine dernière, un certain nombre de juges ont démissionné pour protester contre ce qu’ils appelaient la farce de cette juridiction. » (Le Times). 25 janvier Le ministère de l’Intérieur annonce à Radio-Budapest que les écrivains Gyula Háy, Domokos Varga, Tibor Tardos, Zoltán Tóth et Balázs Len gyel, ainsi que les journalistes Sándor Novobaczky et Pál Letay, ont été arrêtés et accusés d’avoir participé à des « activités contre-révolutionnaires ». 27 janvier La police annonce qu’un autre groupe de 35 personnes a été arrêté aujourd’hui à Budapest. G. Marosán, ministre d’État déclare que « l’insurrection a été organisée par l’impérialisme international ». 29 janvier Dans un discours aux « syndicats », Kádár déclare qu’il n’a « jamais escompté que son gouvernement soit populaire chez le peuple hongrois », Radio-Budapest annonce que le gouvernement a suspendu les activités du Conseil Ouvrier des Cheminots. 3 février Marosán réitère ses menaces de la fin décembre : le gouvernement « créera un climat de terreur pour les ennemis du peuple ». 5 février Discussion entre les procureurs, le ministre d’État Marosán et le ministre de I’Intérieur Münnich. Décision d’introduire de nouvelles mesures visant au « rétablissement de la discipline et de l’ordre public ». Suppression de l’amnistie proclamée par Kádár le 4 novembre pour tous les « contre-révolutionnaires » qui auraient déposé les armes (seules quelques personnes s’y étaient laissé prendre et elles avaient payé de leur vie leur crédulité). 13 février Les journaux célèbrent le 12ème anniversaire de l’entrée des troupes russes à Budapest. 18 février Exécution de la promesse faite par Kádár lors de la réunion avec les délégués ouvriers du 17 novembre : une « milice ouvrière » est créée ... aux fins de « maintenir la discipline parmi les travailleurs ». 21 février Béla Barta, accusé d’avoir « organisé des manifestations le 10 décembre, manifestations qui ont eu pour conséquence que plusieurs personnes ont été tuées ou blessées » (par la police de Kádár) , est condamné à 14 ans de prison par un tribunal de Miskolc. 21-23 février On érige à nouveau des étoiles rouges sur les usines de Budapest : heurts violents entre ouvriers et forces de police. 26 février Début de la conférence, qui durera deux jours, du « Comité Central Provisoire » du Parti Socialiste Ouvrier. Dans une longue déclaration, une partie de la section qui s’occupe de la manière dont les syndicats doivent être « au service des travailleurs », précise que : « Nous rejetons comme réactionnaire la revendication qui demande que les syndicats soient indépendants du Parti et du Gouvernement des Ouvriers et des Paysans, ainsi que la revendication du droit de faire grève par méfiance envers l’État Ouvrier. » 5 mars Gyula Kállai, ministre de la Culture, déclare qu’une « propagande idéologique systématique est nécessaire pour libérer les intellectuels des influences contre-révolutionnaires ». 6 mars Un nouvel hebdomadaire, Mafyarország, est fondé à Budapest, destiné à remplace Irodalmi Ujság, la gazette littéraire de la défunte Union des Écrivains. Cette publication annonce la fondation d’un nouveau club littéraire, Táncsics, en remplacement du Cercle Petöfi. 17 mars Annonce de la création d’une organisation de la Jeunesse Communiste. 19 mars Le ministre de l’intérieur publie un arrêté : les personnes « dangereuses pour la sécurité publique ou celle de l’État » peuvent être assignées à la résidence en un lieu déterminé par les autorités. 23 mars Marosán déclare lors d’un meeting à Csepel que les troupes russes demeureront en Hongrie « aussi longtemps que les intérêts des travailleurs requiereront leur présence ». 27 mars Lors d’une conférence de presse, Marosán déclare que « quoique les contre-révolutionnaires aient connu la défaite ... il reste encore à éliminer certains éléments fauteurs de troubles ». 8 avril Dans un procès à Budapest, trois des accusés sont condamnés ; l’auteur dramatique József Gali et le journaliste Gyula Obersovskzi, accusés d’« agitation » et d’avoir publié un journal illégal sont condamnés respectivement à 1 et 3 ans de prison (Voir cependant ci-dessous 20 et 25 juin et 4 juillet). 17 avril Radio-Budapest annonce que le « contre-révolutionnaire » Miklós Oláh, âge de 21 ans, a été exécuté dans le Borsod pour « avoir tué un officier de l’armée hongroise ». (Sa condamnation remonte au 13 février – N.D.T.). 20 avril Le ministère de l’Intérieur publie un communiqué selon lequel l’écrivain Tibor Déry a été arrêté et accusé de « conduite préjudiciable à la sécurité de l’État ». 29 avril Le ministre d’État Marosán est nommé premier secrétaire de la section de Budapest du Parti Socialiste Ouvrier. 1er mai Dans un discours à l’occasion du Premier Mai, Marosán rend hommage à Kádár « pour avoir créé les conditions qui ont rendu possible l’existence du Parti et de la Hongrie socialiste ». 3 mai Le journal des syndicats Népakarat rapporte l’arrestation d’une « bande contre-révolutionnaire » de 9 ouvriers dans le comitat de Nógrád. Ils sont accusés d’avoir fait obstacle à l’entrée de tanks russes dans la ville industrielle de Salgétarján. 10-11 mai Convocation de l’Assemblée Nationale. Kádár déclare : « La tâche des dirigeants n’est pas de mettre en œuvre les désirs des masses ... la tâche des dirigeants est de réaliser les intérêts des masses... Dans le passé récent, nous avons rencontré le phénomène de certaines catégories de travailleurs qui agissaient contre leurs propres intérêts... Si les désirs des masses ne coïncident pas avec le progrès, il faut alors les conduire dans une autre direction. » 20 juin Radio-Budapest annonce que József Gáli et Kyula Obersoxszki ont été cette fois condamnés à mort, tandis que les peines de prison de certains autres accusés du même procès sont alourdies. 25 juin Communiqué officiel annonçant que Gáli et Obersovszki doivent repasser en jugement. Les condamnations à mort sont momentanément suspendues. 27 juin Ouverture à Budapest de la conférence nationale du Parti Socialiste Ouvrier. Kádár lit un rapport sur la situation générale, où il accouple Nagy et Rákosi, « coupables de trahison ». 29 juin Fin de la conférence nationale. Une résolution condamnant « la tentative de contre-révolution d’octobre-novembre 1956 » reconnaît qu’elle n’est pas encore vaincue : « ceux qui ont commis des crimes et continuent de miner le régime populaire seront sévèrement châtiés ». Hommage est rendu à l’ « aide fraternelle de l’Union Soviétique ». 4 juillet Les condamnations à mort de Gáli et Obersovszki sont cassées par la Cour Suprême de Budapest et commuées respectivement en réclusion perpétuelle et 15 ans de prison. 9 juillet Népszabadság rapporte qu’on a fait intervenir la police pour mettre fin à une grève des ouvriers du bâtiment qui avait débuté le 5 juin à Sajószentpéter pour une augmentation de salaires. 25 juillet Dans un discours, Marosán déclare que des centaines d’arrestations ont été effectuées au cours des dernières semaines ; à la requête du gouvernement hongrois, l’Union Soviétique a accepté que Rákosi demeure exilé en U.R.S.S., a-t-il également déclaré. 7 août On annonce la tenue prochaine du procès de sept ouvriers accusés d’activités « contre-révolutionnaires » dans le bassin houiller de Tatabánya, où se poursuivent les grèves et l’« agitation ouvrière ». 20 août Purge parmi les instituteurs de Miskolc. Népakarat reproduit un discours de Sándor Gaspar, secrétaire du « Conseil des Syndicats Libres », au cours duquel il a déclaré : « L’absentéisme, le manque de ponctualité et le fait de quitter le travail avant l’heure se sont accrus dans les usines pendant les derniers mois ». 1er septembre Parution à Budapest du 3ème volume du Livre Blanc officiel. On y trouve le chiffre total des « camarades » tués pendant la révolution : 201 personnes, dont 166 membres de l’A.V.O., 26 fonctionnaires du Parti (parmi lesquels plusieurs personnes qui travaillaient pour l’A.V.0.) et 9 civils. Célébrant le Jour des Mineurs à Tatabánya, Kádár reconnaît que l’« athmosphère d’octobre » règne encore chez les mineurs. 17 septembre Népszabadság réprimande les directeurs d’usines qui rejettent sur le gouvernement la responsabilité de « l’accroissement des normes et de la réduction des salaires » au lieu d’ « expliquer que les décisions impopulaires de ce genre sont prises dans l’intérêt des travailleurs ». 21-23 septembre Marosán prononce plusieurs discours en divers endroits de Budapest, dont l’Université Polytechnique. « S’il y a moindre manifestation le 23 octobre, ceux qui y participeront seront sévèrement châtiés ». Comme s’il voulait souligner cette menace, il ajoute que 1200 personnes ont été arrêtées en juillet. 29 septembre A Kecskemét, le vice-premier ministre Antal Apró annonce que les derniers Conseils Ouvriers seront remplacés par « des Conseils d’entreprises sous la direction des syndicats ». 15 octobre Népszabadság renouvelle les menaces de lourdes peines pour toute personne qui « troublera la paix » le 23 octobre, et met l’accent sur le besoin d’une « vigilance accrue ». 16 octobre Marosán met à nouveau les étudiants en garde contre toute manifestation le 23 octobre. 23 octobre Budapest et les autres villes connaissent une journée calme. Les A.V.O. stationnent en grand nombre dans les rues ; les troupes russes sont présentes. 2 novembre Le Conseil Municipal de Budapest décide d’ériger une statue de Lénine à la place de la statue de Staline abattue le 23 octobre. L’Association des Écrivains Hongrois à l’Étranger apprend la nouvelle du procès secret de Gyula Háy, Tibor Déry, Zoltán Zelk et Tibor Tardos 3 novembre Ferenc Münnich, ministre de l’Intérieur, prend la parole dans Népszabadság pour y faire un rapport sur les réalisations de la première année du gouvernement Kádár. Il y dénonce les Conseils Ouvriers qui, dit-il, « étaient dirigés par des éléments étrangers à la classe ... Il est nécessaire de remplacer dès que possible cette structure tout entière par des nouvelles organisations ». 13 novembre Radio-Budapest annonce la fin du procès des écrivains (qui se déroule à huis-dos depuis le début du mois). Verdict de la cour suprême : Tibor Déry (63 ans) : 9 ans de prison ; Gyula Háy (57 ans) : 6 ans ; Zoltán Zelk (51 ans) : 3 ans ; et Tibor Tardos : 18 mois. On rapporte qu’au cours du procès, Déry et Háy ont déclaré que si une situation similaire se produisait aujourd’hui, ils agiraient exactement de la même manière qu’en octobre 1956. 17 novembre Annonce officielle que les derniers Conseils Ouvriers sont dorénavant abolis. |
Bibliographie des ouvrages utilisés par l’auteur I. Livres et brochures
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