Parallèlement à la disparition de tout véritable conflit politique, nous assistons au surgissement des « questions identitaires » face auxquelles la « gauche » reste perplexe : s’il apparaît facile de dénoncer les appels à une « identité nationale » franco-française, on ne sait trop que faire de l’affirmation croissante des origines culturelles. C’est que le recours à « l’identité » est une fantastique régression qui mène à un affrontement sans issue.
Il semble pourtant possible de retourner ces tendances mortelles en renvoyant chacun à son identité politique : non pas ce qui nous détermine par le hasard de notre naissance, l’éducation que nous avons subie, la tradition de notre famille ou la classe sociale de notre quartier, mais bien ce que nous, individus responsables décidons de faire de tout cet héritage, la critique que nous pouvons en formuler et qui dessine un projet pour nous-mêmes et la société dans laquelle nous voulons vivre.
A cette aune, les clivage se clarifient. La question n’est plus d’être français ou arabe, immigré ou natif, musulman ou athée de naissance, blanc ou noir, mais bien de se prononcer pour ou contre l’émancipation de tous et de chacun, pour ou contre la reprise de ce mouvement historique qui cherche la liberté et l’égalité. Simple mais exigeante, cette posture renvoie chacun d’entre nous à nos véritables déterminations, mais surtout à nos choix fondamentaux. Elle balaye les illusions tenaces assénées comme des évidences par la bien-pensance « de gauche », la nostalgie « de droite » ou le communautarisme des « minorités ».
Toute volonté de transformation radicale de nos société ne peut se faire qu’à partir d’un véritable projet social et politique qui s’enracine dans un grand mouvement historique occidentale qu’il s’agit de nous approprier, qui que nous soyons. Rien ni personne ne peut échapper à la critique féroce qu’il y a à formuler tous azimuts pour que cessent ces chantages aux origines.
Non, l’identité n’est pas l’apanage des mouvements d’extrême droite, nationale, musulmane ou autre : extraite de sa gangue originelle, elle peut être l’occasion de nous réapproprier l’histoire de l’humanité comme celle de chacun afin de lutter pour l’avènement d’un monde libre et responsable.
Commentaires