L’acharnement à liquider les nations (1/2)

mardi 6 avril 2021
par  LieuxCommuns

Texte extrait du bulletin de G. Fargette,« Le Crépuscule du XXe siècle », n°36, mai 2018, repris dans livre inédit « Crépuscule de l’Occident ou du XXe siècle ? » (2019), 260 p.


Sommaire

Avant-propos : Détruire l’Occident, disent-ils

Le XXIe siècle comme Crépuscule du XXe

Renaissance d’un impérialisme archaïque

La quatrième guerre mondiale s’avance

Violences et banlieues françaises

L’affaire des caricatures : plus grave que le 11 septembre 2001

La motivation actuelle du stalino-gauchisme et des “bien-pensants”

L’injection goutte-à-goutte du poison de la charia

Liste provisoire des faits accomplis de Charia

Premier octobre 2017 : Apothéose des « Nique-la-France » à Marseille

Recension : l’islam à la lumière de la poésie sans rivages

L’acharnement à liquider les nations — ci-dessous

Annexe sur le personnage Hitler

Aux sources du totalitarisme (ce stalino-gauchisme qui ne passe pas)

On ne rencontrera jamais, quoi qu’on fasse, de véritable puissance parmi les hommes, que dans le concours libre des volontés. Or, il n’y a au monde que le patriotisme, ou la religion, qui puisse faire marcher pendant longtemps vers un même but l’universalité des citoyens.

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique

Le choc des civilisations a tout envahi

Au fil des ans, la thèse de Huntington sur l’effet à venir du “choc des civilisations” s’est avérée irréfragable [1]. Cet effet systémique et capillaire, qui était déclaré “impossible” par la doxa dominante, s’est même imposé depuis des dizaines d’années à l’intérieur des républiques occidentales. Cet ébranlement menace désormais la texture même de ces sociétés. Les idéologues dominants ne cessent d’en nier l’existence en déclarant cette éventualité illégitime au regard de leur conception indigente de l’histoire, d’où le tragique est fictivement banni. Le subterfuge est toujours le même : en déclarant l’Occident responsable de tout et de son contraire, l’anathème va jusqu’à préparer la voie aux fauteurs de la guerre civile mondiale.

Ce précipité de quatrième conflit mondial, dépourvu de frontière et de règle, où le front est partout et nulle part, atteint une intensité particulière avec l’islam militaire. Ce processus bénéficie de la protection et du déni officiel, aligné sur les lubies des militants de l’immigrationnisme. Leur contrôle de l’immense appareil de propagande médiatique qui enserre les sociétés occidentales ne paralyse pas seulement les réactions de résistance. Conformément aux tendances des couches dominantes, l’appareil médiatico-politique ne cesse d’encourager le tsunami migratoire en cours, ce qui amplifie et accélère l’agression civilisationnelle. Cet appareil de propagande est appuyé par l’ensemble de l’industrie du divertissement, où les histrions jouent un rôle particulièrement accablant [2].

Les escarmouches se multiplient en s’égrenant au fil des mois : traque sexuelle publique contre les femmes occidentales, assassinats provocateurs par égorgements, prières de rue, sur fond d’attaques au couteau (omniprésentes en Allemagne) et agressions à l’acide (forfait envahissant en Grande-Bretagne, d’origine pakistanaise). Plus le temps passe, plus les républiques occidentales sont enfermées par leurs dirigeants dans une stratégie délibérément perdante. Malgré leur force bien réelle, elles ne s’autorisent qu’une défensive passive, qui ne cherche à prévenir ni la cristallisation des forces ennemies ni leur rassemblement à l’intérieur des frontières. La seule réponse du pouvoir se limite au fantasme caractéristique de la gauche fondamentale, la “rééducation”, tout en s’étonnant avec une très discrète tristesse que les “radicalisés” de l’islam y soient à peu près imperméables.

Les illusions du gaucho- et du multi-culturalisme

Cette stratégie d’échec est une conséquence centrale d’un projet qui est une véritable confusion sur pattes. Il ment sur lui-même et sur ses objectifs, et se leurre évidemment sur les résultats de ses machinations. Devant le désastre qui s’affirme imperturbablement, ses militants sont toujours prêts à dire avec toute l’hypocrisie qu’ils savent cultiver : “nous n’avons pas voulu cela, mais c’est trop tard pour réagir”. Ils présentent alors les choses comme une réaction d’auto-défense musulmane, s’alignant ainsi par avance sur la confusion islamiste entre djihad défensif (islam traditionnel) et djihad offensif (islam dit “politique”). Ce tour reproduit l’artifice du marxisme-léninisme “modernisant” les attentes socialistes du XIXe siècle en un empire despotique sans précédent, qui ne cessa de se déclarer agressé par le monde entier qu’il voulait conquérir.

Ancrés au croisement du libéralisme débridé et du marxisme fossilisé (tout problème n’aurait de causes que sociales), les gauchistes et les multiculturalistes entendent réduire les diverses sociétés occidentales à une masse pulvérulente où les atomes individuels s’aligneraient sur la tonalité du milieu, jusqu’à devenir interchangeables, de sorte que les flux deviendraient les sujets des événements, et les individus de simples variables d’ajustement. Curieusement, seuls des extra-Européens pourraient être exemptés de ce sort, leurs regroupements communautaristes étant toujours accueillis avec une complaisance paternaliste écrasante.

Ce mensonge dominant repose sur la convergence d’une double hallucination : celle du “multiculturalisme” nord-américain et britannique avec celle du gauchisme culturel européen [3]. Ce double discours s’efforce de constituer un évangile anti-occidental qui prétend effacer les réalisations immenses de cette civilisation.

L’Occident est pourtant la seule civilisation qui ait aboli de son propre mouvement l’esclavage dans certaines régions, dès la fin du XVIIIe siècle [4], puis dans la plus grande partie du monde au XIXe siècle. A l’inverse, le monde musulman a désespérément rechigné à s’aligner sur ce qu’il considère comme un “blasphème” en acte. Pour tous les salafistes, du plus brutal au plus placide, l’esclavage doit réapparaître partout !

La civilisation occidentale a également résisté avec succès aux deux grandes tentatives totalitaires et les a endi­guées. Elle a même produit la société de consommation, approximation difficilement tenable d’une société d’abon­dance, après avoir développé un rapport inédit avec le travail depuis 1000 ans, qui a permis la révolution industrielle. Tout cela ne fut possible que dans la mesure où ces sociétés avaient tissé, au fil des quatre derniers siècles, un ensemble croissant de libertés individuelles et collectives, effectives et tout à fait exceptionnelles dans l’histoire humaine. Elles furent syno­nymes de création historique et non de chaos. La période gréco-romaine, où l’Occident s’est cristallisé, avait préfiguré cette évolution, avant de sombrer sous les coups des despotismes impériaux en ne laissant que des traces, des sou­venirs et des valeurs qui furent réactivés dans les villes de l’Europe médiévale. Celles-ci purent développer leurs capa­cités dans le cadre d’une militarisation décentralisée, féodale.

Haine maniaco-répressive contre l’Occident

La haine anti-occidentale actuelle est d’abord le produit de l’activité idéologico-politique d’une couche socio-économique renégate, une intelligentsia avide d’acquérir le rôle d’un clergé d’un nouveau genre, en mettant en œuvre des ingénieries de plus en plus acrobatiques sur les sociétés qu’elle parasite tout en les haïssant [5].

Cette attitude relève de dispositions irrationnelles cristallisées en un ersatz de religion faillie, dont les racines plongent dans la séculaire régression marxiste-léniniste. En ce sens, le gauchisme culturel européen a plus de portée, d’ambition et de férocité que le multiculturalisme nord-américain qui lui emprunte de plus en plus son intransigeance et ses pratiques, comme le squadrisme à coloration “antifa”, ou la traque judiciaire des “déviants” [6]. Cette convergence se nourrit d’une technique d’intimidation idéologique inspirée des dispositifs totalitaires identifiés par George Orwell, tels que la double-pensée, l’accusation de pensée-crime, etc.

L’immense passé occidental de 28 siècles est réduit à quelques moments tragiques, tandis que ses dimensions remarquables sont escamotées, pas même niées, car ce serait reconnaître qu’elles ont existé. La gauche fondamentale se montre plus que jamais fidèle à sa grande innovation, la réécriture permanente du passé.

Après les bouleversements de la période révolutionnaire et la tentative impériale de Bonaparte, l’époque du triomphe des logiques nationales, de 1815 à 1914, a constitué l’une des moins guerrières de l’histoire et un moment exceptionnel de création historique et de modernisation réussie en Europe, au point d’induire un saut historique qualitatif du même ordre que le passage au néolithique [7]. Qu’il y ait eu des aspects critiquables jusque dans cette période exceptionnelle de l’histoire occidentale, quoi d’étonnant ? L’histoire humaine, cette interminable chronique des horreurs, ne connaît pas la perfection. Mais plus ces moments s’effacent, plus on les brandit comme justification d’une mobilisation vengeresse de tous les instants. Le sophisme marxiste-léniniste qui prétendait dans les années 1930 que la lutte de classe ne pouvait que s’aggraver avec la disparition des classes sociales de l’Ancien régime est réactivé sous une nouvelle forme, mais avec une même intransigeance manipulatrice ! Les sociétés occidentales, les plus capables de se transformer, ne muteraient jamais assez vite, et toujours dans la mauvaise direction ! L’objectif des imprécateurs est tout à fait instrumental : faire que plus personne n’ait confiance en personne…

Initiée par des idéologues occidentaux en rupture de ban civilisationnelle, cette industrie du mensonge a exercé ses plus grands ravages sur les terres de despotisme oriental (Russie et Chine principalement, dans quelques régions d’Inde et marginalement dans la zone musulmane, qui préfère produire depuis 90 ans sa propre version du totalitarisme, en adaptant à sa manière les précédents du XXe siècle). Malgré l’effondrement définitif de ces régimes, leur culture du mensonge se trouve sans cesse réactivée et diversifiée par cette intelligentsia occidentale ancrée dans la gauche fondamentale. L’intelligentsia issue de la droite historique, effondrée ou ralliée depuis plus de 40 ans, a cessé d’exister. L’opposition droite-gauche n’est plus qu’un artefact rhétorique.

Une telle production de mensonge cuirassé convient tout à fait aux couches régnantes occidentales, dominées par les pôles de l’oligarchie résultant de la fragmentation des vieilles bourgeoisies et par une technocratie qui reprend son autonomie. Ils y voient tous l’occasion de réduire la société dont ils détiennent quelque levier à une poussière d’homo œconomicus sans autonomie. La disposition des couches compradores de la mondialisation évoque le comportement de la caste dominante du Troisième voyage de Gulliver, réfugiée dans l’île volante de Laputa, et qui utilise celle-ci pour la précipiter sur les populations révoltées sur le monde d’en-bas.

Le fantasme “communiste” réduit à un ressentiment millénariste creux ne survit que par son incompréhension butée, passionnée, des sociétés occidentales : cette sinistre utopie résiduelle vise depuis 40 ans au moins à saborder ces sociétés et leurs valeurs, qui ont tenu bon face au double assaut des totalitarismes, à la belligérance complice, bien qu’elles se soient longtemps défendues avec mollesse. Une telle issue a pris totalement au dépourvu les militants du marxisme-léninisme et leurs héritiers, d’autant que leur IVème monothéisme ne possède pas de religion routinière de repli. La plupart des ingénieries inventées par le multiculturalisme et le gauchisme culturel constituent précisément un effort acharné et vain pour remédier à cette faille colossale.

A force de clamer, avec leurs références matérialistes de façade, que seul le résultat comptait, ils ont composé silen­cieusement avec leur échec final. Seul l’anti-occidentalisme dénonciateur leur permet de faire diversion. Sur ce registre, ils sont sans cesse à la recherche d’alliés, quels qu’ils soient. Comme les nationaux-socialistes, ils pressentent, pleins d’admiration, que l’islam s’est dès l’origine mis hors d’atteinte des critères de vérification concrets, à l’instar de toute religion impériale. D’autant plus que le Christianisme occidental, dans ses versions apparentées du catholicisme et du protestantisme, a été dépouillé depuis 1000 ans de cet ancrage impérial. Les débris de ce Christianisme semblent désormais destinés à s’effacer à moins de se soumettre inconditionnellement à l’islam le plus féroce, sous le prétexte dantesque de l’amadouer ! [8]

Cités, empires et nations

Les références nationales ont constitué le grand obstacle pour les technocrates de l’histoire que sont les marxistes de toutes obédiences, persuadés d’avoir enfin découvert le moteur manipulable du cours des choses, à partir de la seule organisation de la production matérielle. Leurs schémas visant à soumettre les sociétés à une “fabrication” industrielle n’ont jamais ni compris ni intégré la dimension nationale. La cristallisation inattendue des nations, dès avant le développement des mécanismes capitalistes, dans un processus de création historique incessant, spontané et diffus, a permis la naissance de la modernité et le tissage du rôle du citoyen, c’est-à-dire l’adhésion vivante et de longue haleine à une société émancipée des privilèges et des inégalités de statuts. Le paradoxe si révélateur du projet marxiste est qu’il consiste en une tentative de manipulation volontariste des sociétés afin de simuler les résultats incarnés par la nation, selon un principe mécaniste particulièrement stérile. En prétendant “radicaliser” la Révolution française et l’amplifier, ils espéraient confusément fabriquer une nation étendue aux bornes du monde. Mais les régimes à prétention “socialiste” ont été viscéralement incapables de corriger les errements mortifères induits par leur volontarisme rabique. Les tendances internes à la convergence, typiques de la nation, sont absentes des logiques d’empire : celles-ci sont incapables de retrouver à une échelle territoriale les caractéristiques de la Cité-État, dont “l’air rend libre”.

Les anti-occidentalistes, obsédés par “l’unité de la volonté”, ne peuvent comprendre à quel point la fragmentation de l’aire occidentale fut la condition de sa créativité historique : l’émulation entre nations, dans tous les domaines, était son ressort paradoxal, tant qu’elle ne basculait pas dans un conflit ravageur. Tel fut également le secret de la dynamique des Cités grecques antiques, ou des Cités de la Renaissance italienne. Cette division constitutive favorise aujourd’hui les volontés extérieures de colonisation contre l’Occident.

La dénonciation des nations a aujourd’hui pour fonction de désagréger les défenses immunitaires contre les perspectives impériales, toujours despotiques. L’argument des marxistes-léninistes, de plus en plus nécrosés au fil de leurs mutations dégénératives, stalino-gauchistes (symbolisées par le personnage sanglant et immonde d’un Guevara, au goût prononcé pour le meurtre, ou par le criminel de séminaire universitaire Badiou, fasciné à jamais par le “grand timonier”) puis gauchistes culturelles (dont Plenel est la caricature pathétique), se réduit à un reproche infantile : en n’inventant pas le “remède à tout”, l’Occident n’a pas produit le paradis sur terre. Cette obsession présente l’immense avantage, par antiphrase, d’évacuer le bilan abyssal de tous les régimes “soviétiques”, qui ont bel et bien réussi, en chacun de leurs avatars, à instaurer une variante monotone de l’enfer, et cela sur un tiers des terres émergées. Ils ont répété leurs expérimentations avec une remarquable stabilité dans ses résultats : guerre civile infinie, famine, misère, destruction des dimensions humaines dans toute la société, jusqu’à la mutilation acharnée du langage, symbole du saccage méthodique de l’institution imaginaire de la société. Ces expérimentations forcenées qui entendaient imposer un saut irréversible dans la condition humaine ont organisé une régression historique sans précédent, qui fait l’originalité du “premier XXe siècle”. Seul le sursaut occidental a transformé ce siècle et produit une réalisation exceptionnelle après 1945.

La seule critique recevable de la forme nationale exigerait de faire mieux que celle-ci. Toutes les tentatives d’empires, soviétique ou national-socialiste, ont érigé en routine un désastre absolu, égrenant une longue chaîne de crimes contre l’humanité, jusqu’à se constituer en crime contre l’histoire. C. Castoriadis avait fait cette remarque : “s’il y a des individus ratés, il n’y a pas de société ratée”. Avec le recul, il apparaît que les sociétés submergées par le totalitarisme ont bel et bien constitué une illustration historique de sociétés ratées, fracassées par un volontarisme centralisé particulièrement imbécile et criminel. Le Califat-croupion s’inscrit dans cette série calamiteuse, et aggrave l’orientation crépusculaire que l’empire iranien a concrétisée à partir de 1979. L’invasion actuelle de l’Europe annonce un ratage à une échelle historique jamais vue, dont la responsabilité serait évidemment imputée à l’Occident et non aux envahisseurs prédateurs et à leurs collaborateurs zélés !

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Seconde partie disponible ici


[1Sa mise en garde a été formulée en 1993 dans l’article de Foreign Affairs, “Le Choc des Civilisations ?”, sous l’effet déflagrant de la manière dont une nation, la Yougoslavie, se fragmentait selon des lignes de force civilisationnelles. Un ouvrage a développé ce thème en 1996 (“Le Choc des Civilisations et la Refonte de l’Ordre mondial”, pour le titre anglais). Cette observation a été aussitôt bannie par les chiens de garde du discours public. L’avalanche d’indignations surjouées émanant de la gauche fondamentale a été fidèle à sa tradition de plus en plus nécrosée : diffuser des hallucinations niant l’histoire effective. La réaction contre Huntington fut du même ordre que la dénonciation hystérique contre Ernst Nolte, l’historien allemand qui avait osé mettre en évidence l’interaction mimétique des régimes totalitaires soviétique et national-socialiste.

[2Dieudonné M’bala M’bala en représente le stade dégénéré le plus significatif au point d’en constituer le modèle implicite et refoulé. Après avoir demandé la libération du barbare et assassin antisémite Fofana dans une vidéo en 2010, il a récemment fait un petit tour inutile en Corée du Nord. Cet agité prétend aujourd’hui “discuter” avec Abdeslam, le survivant des djihadistes qui ont réalisé l’Oradour-sur-Bataclan du 13 novembre 2015, et lui offrir ainsi une tribune.

[3Ce “multiculturalisme”, obsédé par l’esclavage aboli depuis 150 ans en Amérique du nord, bien qu’il ait laissé de longues séquelles comme tout esclavage malheureusement, entend amplifier l’imbrication capillaire de civilisations distinctes dans l’espoir de produire un univers de fragmentation fractale. Il en résulte une mosaïque de ghettos de plus en plus hostiles les uns aux autres, puisque tous les êtres humains préfèrent vivre dans un environnement où leurs voisins soient quelque peu prévisibles. La logique du creuset américain serait un “péché” exceptionnel parce qu’il a permis la naissance de la plus grande nation au monde, la seule qui soit encore capable d’exister à l’échelle de la planète. En Afrique et dans le monde musulman, il n’y a pas coexistence miraculeuse, mais une réactivation de l’esclavage depuis une trentaine d’années : là, il ne s’agit pas de séquelles, mais d’un retour à des constantes historiques que l’irruption de l’Occident avait perturbées. La corrélation est en effet saisissante : plus l’Occident se retire d’Afrique et plus l’esclavage y refait surface et s’étend.
Toutes les variétés de gauchisme sont pour leur part obsédées par l’éternel retour virtuel du “national-socialisme”, leur double révélateur dont Moscou, Mecque de l’antifascisme, fut l’allié précieux et zélé en 1939. Les gauchistes sont habités par une hantise : dès qu’Hitler leur fait défaut, l’histoire leur semble dépeuplée...

[4Nombre d’États ’yankees’ du nord-est des États-Unis, si décriés, ont aboli l’esclavage dès les années 1780, avant même que la Révolution française ne le fasse.

[5L’ouvrage de Mathieu Bock-Coté, “Le multiculturalisme comme religion politique”, éd. du Cerf, 2016, fournit un panorama saisissant de la multiplicité et de l’importance des ingénieries mises en œuvre par le gauchisme culturel et le multiculturalisme depuis 50 ans.

[6Une journaliste qui a pignon sur rue et a l’occasion de propager sa propagande “anti-fasciste” d’opérette a revendiqué le principe de dénoncer publiquement les “fachos” supposés, dans l’espoir de leur faire perdre leur travail. Mieux, elle a déclaré sur Slate, le 14/08/2017 : “Il doit être insupportable d’être accusé à tort. Et de subir insultes, et menaces. Mais, et je conçois que cela puisse choquer, les personnes mises injustement en cause, auront toujours la possibilité de rétablir la vérité. Même si elles y auront laissé des plumes. Puisque tout le monde se plaît à niveler les choses et à décréter ce qui est grave ou pas : allons-y”. Bref, sur l’air du mantra marxiste-léniniste “on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs”, la donzelle a superbement mérité son qualificatif : Nadia Stalinette Daam.

[7Les anti-industrialistes, souvent d’anciens productivistes forcenés, tendent aujourd’hui à relayer et systématiser cet anti-occidentalisme, en oubliant que les sociétés du “Tiers-Monde” n’aspirent qu’à la société de consommation et à l’industrialisation que l’Occident a inventées. Ces pays sont prêts à faire bien pire à la planète, en toute connaissance de cause, alors que l’Occident a initié ce processus aux conséquences incalculables en toute inconscience.

[8Le christianisme occidental a connu une mutation fondamentale durant le XIe siècle. La réforme grégorienne a sans doute joué un rôle important. Mais, plus profondément, ce christianisme occidental semble être le seul à avoir alors sacralisé la dénonciation de l’inégalité sociale, question nodale dans le christianisme des origines bien qu’elle soit restée longtemps sans véritable portée politique ou sociale. Il est frappant que les “Croisades” aient constitué des moments millénaristes qui eurent des conséquences importantes en Europe même. Les prêches de Bernard de Clairvaux pour la Deuxième Croisade étaient explicites : la prise de Jérusalem devait permettre la seconde parousie, le retour du Christ en ce monde, et l’établissement du millénium. Presque toutes les croisades ont produit localement en Europe de telles réactions millénaristes, centrées sur un refus enragé et désespéré d’une terrible inégalité sociale, souvent circonstancielle et provisoire. Ces soulèvements symboliques et sociaux s’en prenaient presque toujours aux Juifs, ce qui est connu, mais aussi aux prêtres et à l’Église, ce qu’on ne mentionne presque jamais. Voir Norman Cohn et alii, “Les fanatiques de l’apocalypse”. Il est frappant que les secteurs dirigeants de ces soulèvements se soient régulièrement constitués en petits despotismes pratiquant toutes les turpitudes que ces vertueux indignés avaient initialement dénoncées.

La “Querelle des Investitures et de l’Empire” des XIIe-XIIIe siècle, qui opposa le Saint-Empire romain germanique à la Papauté, fut également lourde de conséquences, puisque ce conflit s’acheva par une séparation accrue entre les instances politiques profanes d’une part, et le pôle religieux d’autre part (l’Église catholique, véritable morceau d’empire romain hors sol, qui a traversé les siècles). Les caractéristiques anthropologiques spécifiques aux sociétés d’Europe occidentale et centrale n’ont cessé de refaçonner le christianisme, avant de retrouver leur autonomie.


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